Christologie contemporaine: le défi du pluralisme religieux( Télécharger le fichier original )par Clément TCHUISSEU NGONGANG Grand séminaire Notre Dame de l'Espérance de Bertoua - Baccalauréat canonique en théologie 2011 |
2- Jacques Dupuis vers la christologie trinitairea- Le contexte théologiqueL'après Vatican II, notamment avec l'exigence d'aggiornamento a contribué à une remise en cause de la perspective démonstrative et de l'argumentation extrinsèque de la scolastique. Un tel mouvement coïncidait avec le regain d'intérêt porté à la question de l'histoire sur la scène biblique et dans la christologie elle-même : c'est la recherche d'une certaine harmonisation entre l'histoire et les affirmations dogmatiques avec comme but aussi de ne retenir au sujet de Jésus dans le NT que ce qui relève de la factualité97(*), tel que nous l'avons montré dans le chapitre précédent. Ce rappel n'est pas superflu lorsqu'on sait comment cette problématique du Jésus historique et du Christ de la foi a motivé chez Dupuis l'articulation des catégories du particulier et de l'universel comme nous le verrons. Pour l'instant, contentons-nous du lien entre le contexte théologique et la méthode de l'auteur. Quand il s'interroge sur le point de départ du discours sur le Christ, il écrit : « Les disciples étaient ainsi renvoyés au témoignage de Jésus durant sa vie terrestre. Poussés par l'Esprit, ils se remémoraient ce que le Jésus prépascal avait fait et dit, et qui alors, la plupart du temps, n'avait pas été compris. Cette « mémoire » du Jésus historique a joué un rôle dans la genèse de la foi christologique des disciples. Elle a fourni le lien entre Jésus lui-même et l'interprétation de foi qu'ils ont donné de lui après sa résurrection. Par elle, la foi christologique de l'Eglise retourne réellement au Jésus de l'histoire et peut se fonder sur lui en qui elle trouve ainsi son fondement historique. »98(*) Il se trouve que Dupuis, à la suite des auteurs de la deuxième quête du Jésus historique écrit encore : « Nous nous efforcerons à montrer que Jésus est réellement à l'origine de la foi christologique de l'Eglise ; ou, selon la terminologie déjà utilisé précédemment, qu'il y a continuité-dans-la-discontinuité entre la « christologie implicite » de Jésus et la « christologie explicite » de l'Eglise apostolique. La continuité-dans-la-discontinuité s'applique ici à Jésus lui-même en ce qu'il passe de l'état kénotique à la condition glorifiée par la transformation de son humanité dans la Résurrection ; elle s'applique aux disciples pour autant qu'ils passent de la simple condition de disciples à la foi chrétienne à travers leur expérience pascale. »99(*) Il s'agit là comme on peut le constater d'un processus de « retrojection » qui articule christologie « d'en bas » (proche de l'induction) et une christologie « d'en haut » (proche de la déduction)100(*). L'auteur, en raison de cette combinaison de ces deux approches classiques en théologie, se réclame de la démarche qui conçoit « la théologie comme herméneutique »101(*). * 97 SOULETIE Jean-Louis, Op.Cit., p. 21-22. * 98 DUPUIS Jacques, Homme de Dieu, Dieu des hommes. Introduction à la christologie, Cerf, Paris, 1995, p. 66. * 99 Ibidem. * 100 Cf. SOULETIE Jean-Louis, Op.Cit., pp. 170-172. * 101 DUPUIS Jacques, Jésus-Christ à la rencontre des religions, Desclée de Brouwer, Paris, 1989, p. 24. |
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