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La procréation médicalement assistée

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par Pierre Léon André DIENG
Université Cheikh Anta DIOP de Dakar - DEA en Droit de la Santé 2005
  

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A / - La circulation des produits du corps humain

La circulation des enfants est remplacée par la circulation des substances.

A l'heure actuelle, la circulation des substances est rendue possible par l'extériorisation partielle de la capacité reproductrice des corps. La fusion des gamètes, pouvant avoir lieu en éprouvette, avait remplacé la circulation des enfants (c'est-à-dire les transports d'un enfant d'un foyer à un autre). Ce ne sont plus désormais que les substances procréatives qui circulent par le canal de la logique biomédicale. La perspective du développement de la procréation médicalement assistée défie les lois de la biologie et met en cause les principes de l'indisponibilité du corps humain, ceux de l'état des personnes et les principes de la déontologie médicale et de la recherche expérimentale.

Par une alchimie juridique les textes de loi, qui ont toujours réaffirmé que le corps humain ne saurait en aucune façon faire l'objet d'une quelconque disposition, sont soudainement frappés d'impuissance face aux fréquentes atteintes résultant des concessions onéreuses et dons effectués sur des parties ou des produits du corps humain. Or, il a toujours été avancé que les produits d'origine humaine n'ont pas de prix et ne peuvent donc être ni achetés ni vendus. Autrement la démarche juridique aurait dû décider, face à de telles « agressions », que les gamètes qui sont des produits du corps humain, ne peuvent en cela faire l'objet d'une disposition de la part de la personne même dont ils sont issus. Mais récemment la France a pris 26 décrets d'application le 06 août 2004, relatifs à la bioéthique dont le premier d'entre eux a mis en place un dispositif transitoire autorisant l'importation de cellules souches embryonnaires humaines, en attendant la création en 2005 d'une Agence de biomédecine. On le voit bien que la circulation des produits du corps humain qui, en principe, est interdite semble devenir une norme juridique qui entre en contrariété avec les règles existantes. Ce même esprit semble guider la licéité des conventions sur le corps humain.

B / - La licéité des conventions sur le corps humain

La diversité des conventions possibles en matière de PMA n'a pas dérogé à la règle du caractère licite de leur établissement. Que ce soit le consentement, l'objet et la cause qui constituent des conditions de fond de validité de tout accord, on a eu du mal à comprendre les justifications juridiques qui les ont insérés dans un dispositif légal, fut-il un dispositif spécial et isolé par rapport à l'ensemble des normes en vigueur dans un pays. Tout au plus, la loi a atténué le domaine contractuel en excluant la pratique de la gestation pour autrui, la rémunération du donneur de gamètes et toutes clauses de donneurs

quant à l'utilisation finale des dons. Tout au plus, le donneur peut simplement solliciter que son don soit au bénéfice d'un couple stérile. De même, les cellules cédées ainsi que leurs dérivés ne sauraient davantage, servir de prétexte aux héritiers du donneur pour exiger des droits. Malheureusement, la loi n'a considéré que partiellement l'aspect contractuel par rapport à toutes les autres variantes contractuelles, notamment, la convention de cryoconservation des gamètes qui a donné l'existence aux banques de cellules reproductives, ou la convention d'établissement de recherche biomédicale sur les embryons surnuméraires. Ce paradoxe a été même au centre du débat de la campagne électorale des présidentielles fédérales américaines du 2 novembre 2004. En effet lors d'une déclaration tenue à Hampton (Etat de New Hampshire) à la mi-octobre 2004, le candidat démocrate, John Kerry, a plaidé pour la relance de la recherche publique sur les cellules souches embryonnaires, jugée prometteuse pour lutter contre certaines maladies (Alzheimer, Parkinson ou diabète). Alors que le candidat président républicain sortant, George Bush, avait interdit, en août 2001, le financement public au nom de la vie et de l'humanité de l'embryon. Il est évident que si le challenger John Kerry entend financer la recherche embryonnaire, non seulement il reconnaît le caractère déshumanisant de la cellule souche embryonnaire humaine, mais en plus les subventions publiques ne seront pas désintéressées, c'est-à-dire que par des conventions conclues avec les laboratoires et instituts de recherche, l'Etat fédéral sera le premier bénéficiaire de son « investissement ». Dès lors, on ne saurait comment les Etats peuvent très sérieusement interdire ou contrecarrer d'autres conventions très voisines de la PMA qui heurteraient les consciences.

Au sortir de l'analyse de la résurgence des enjeux de la PMA, le contrepoint de la volonté de procréer artificiellement va consister pour le législateur à mettre en oeuvre un cadre approprié, à imposer son rôle qui est de pallier aux conséquences et constats qu'occasionne la PMA en l'organisant et non de permettre qu'elle se réalise dans le silence et la pénombre.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote