B / - La nécessaire intervention des praticiens
La médecine a pour devoir primordial d'assister les
patients qui la requièrent en concours (1°) et le
spécialiste a souscrit une clause de conscience (2°) qui lui permet
de conseiller, d'informer son client (3°).
1°/ - Le devoir d'assistance du professionnel
Les codes internationaux portant sur la pratique
médicale, comme le serment d'Hippocrate, recèlent des
dispositions donnant injonction aux corps médical et paramédical
de veiller à apporter leur concours, leur connaissance et leur savoir
aux services des patients.
Restant fidèle à ces principes, l'État du
Sénégal a institué le code de Déontologie
médicale (loi n° 67-147 du 10 février 1967). Ainsi, l'art. 5
dudit code dispose que tout médecin, quelle que soit sa fonction ou sa
spécialité, doit porter secours à une personne en
détresse. L'art. 25 précise, à son tour, que le
médecin assure personnellement ou avec l'aide de tiers qualifiés
tous les soins médicaux en son pouvoir. Toutefois, c'est l'art. 26 qui
ouvre une possible permissivité à la pratique de la PMA. Cet
article autorise le médecin à faire appel à toutes les
méthodes scientifiques les plus appropriées pour élaborer
un diagnostic, formuler une thérapeutique (laissée à sa
libre appréciation) et s'efforcer d'obtenir l'exécution du
traitement.
De ce fait, le médecin est tenu de ne point
« négliger son devoir d'assistance morale ». Il en
est de même pour la clause de conscience.
2°/ - La clause de conscience du spécialiste
Suivant l'art. 3 du même code, le praticien doit soigner
avec la même conscience tous les malades quelles que soient les opinions,
leur condition, leur nationalité, leur religion, leur réputation
et les sentiments qu'ils lui inspirent.
Autrement dit, le médecin ne peut se réfugier
derrière une objection de conscience pour se soustraire à son
devoir de porter assistance et secours lorsqu'il est sollicité. Le
médecin reste tenu par une obligation de réserve vis-à-vis
des opinions et attitudes qu'il aurait réprouvées en d'autres
circonstances. Sa conscience doit être « aveugle »,
« stérile », « sans état
d'âme » face aux aspirations du patient, à la condition
que celles-ci ne soient pas en conflit avec l'éthique et la
déontologie de la profession médicale. Quid de l'étape
obligatoire du counselling.
3°/ - L'étape obligatoire du counselling
Le médecin est tenu d'informer, d'éduquer et de
communiquer avec le couple qui le sollicite en mettant à sa disposition
tous les renseignements éclairés, les possibilités de
surmonter les obstacles de l'infécondité, les étapes et
les formalités à respecter pour prétendre à un
suivi médical aboutissant au recours aux techniques de la PMA. Le
médecin se donne comme objectif de polariser toute son énergie
à atténuer l'anxiété et la confusion des sentiments
de culpabilité du couple. La crise que vit l'individu et le couple
peuvent entraîner des difficultés sexuelles comme la perte du
désir, c'est-à-dire d'entretenir l'illusion de rapports sexuels
pour rien, des épisodes d'impuissance ou d'anorgasmie. La crise
psychologique, la détresse, la dépression, le sentiment de
révolte et de colère justifient certaines réactions. Des
manifestations de dévalorisation peuvent conduire à prendre pour
cible tout environnement ou personne accusés à tort d'être
responsables de la non fécondation. Ces passages à vide sont
souvent renforcés par la séparation, la répudiation, la
crainte d'être abandonné par le partenaire et le persiflage de
quelques entourages. Au Sénégal, le législateur a fait de
l'infécondité une cause de divorce à la charge du conjoint
non tenu pour responsable. (art. 166 CF).
D'un autre côté, le choix de recourir à la
PMA fait également l'objet d'une longue et lourde procédure faite
de consultations minutieuses, détaillées, précises sur les
réelles motivations, la vie, les conditions physiologiques et
psychologiques du couple demandeur. C'est à l'aboutissement du bilan du
diagnostic médical que les praticiens évoquent, volontiers,
l'existence de moyens médicaux de procréation artificielle au
bénéfice des couples en difficulté.
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