Paragraphe 2 - L'objectivité de l'extension de la
structure familiale
Elle traduit la question de la légalité de la
notion de nouvelle parentalité artificielle (A) et rend possible une
relecture de l'institution de l'adoption (B).
A / - La légalité de la notion de
nouvelle parentalité artificielle
Dans cette nouvelle approche de la famille ce qui est en jeu,
et constitue bien un enjeu, c'est l'articulation de l'individu à la
société et le rôle que peut jouer la famille. Les diverses
manifestations d'une évolution des moeurs ont, progressivement,
suscité des transformations de la famille qui remettent en cause
dangereusement l'accomplissement des fonctions traditionnelles d'une
extrême importance, particulièrement celles concernant les
enfants. Autant de signes significatifs de la remise en question du bon
fonctionnement d'une société et de sa perpétuation. La
famille est redevenue un enjeu et les transformations qu'elle subit
résultent d'une brusque rupture dans les mentalités et
participent non plus d'une modernité positive mais d'une dérive
culturelle laquelle est favorisée par les renoncements du droit. A
travers ces transformations, c'est l'existence même de la famille et la
viabilité de la société qui sont en jeu. Les lois
nouvelles ont entériné cette évolution des
représentations de la parentalité dans la société
contemporaine et ont pris acte du fait que maternité et
paternité, seraient des réalités qui ne se calquent plus
automatiquement sur la physiologie ou la sociologie. Ces nouvelles formes de
paternité et de maternité se sont progressivement
dégagées au contact des techniques de la PMA. Ce gauchissement a
donné une modification radicale dans l'art de donner la vie au sens
où une maternité peut inclure la participation d'un ou de deux
co-géniteurs que l'on appelle, par convention, donneurs ou donneuses. On
assiste à un bouleversement de l'adage « mater semper
certa est » (la mère est toujours certaine) avec son
corrélat « pater semper incertus » (le
père toujours incertain) avec la résolution de la PMA qui a
ébranlé l'adage devenu parfois caduc et qui donne essence
à un nouvel adage qui définirait la paternité comme
certaine en lieu et place de la maternité qui deviendrait, elle, de plus
en plus incertaine. En effet, la femme d'un couple peut avoir un utérus
parfait mais des ovocytes non fonctionnels (traitement anti-cancéreux,
malformation etc.) Elle peut vouloir recourir à un don d'ovocyte d'une
seconde femme appelée donneuse qui sera fécondé en
éprouvette par le sperme de son conjoint. L'embryon ainsi
créé sera ensuite implanté à la conjointe (la femme
du couple). Elle sera considérée comme la mère
utérine et sociale de l'enfant à naître mais pas sa
mère génétique. Qui est donc la vraie mère ?
Un autre exemple peut être illustré également avec le fait
d'une mère porteuse du sperme et de l'ovocyte du couple solliciteur. Il
s'agit au fond d'une allégorie moderne du jugement de Salomon :
à qui appartient l'enfant quand les deux mères se le
disputeraient ? Est-ce la contribution génétique ou bien
celle gestationnelle de la maternité qui devrait être prise
en compte? Sous ce même rapport, il existe une distribution
renouvelée du rôle de la paternité entre plusieurs
individus. Ce cumul de paternités, dans lequel plusieurs
co-géniteurs ou co-pères participent à la conception d'un
enfant, a pour base l'atteinte à la virilité d'un homme qui
accepte, en désespoir de cause, de recourir à la PMA. Il se pose
alors, comme pour les femmes, une crise de la désignation du
véritable père. Certaines législations musulmanes
théocratiques n'hésitent pas à considérer et
assimiler l'intervention du tiers participant dans l'intimité du couple
à la notion d'adultère. Pour éviter une telle
assimilation, les législations occidentales ont procédé
à une relecture de l'institution de l'adoption.
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