Paragraphe 2 - Le double mirage de l'activité
biomédicale
On a pu s'interroger à juste titre, de
l'ambiguïté de l'acte médical (A) et des manipulations du
corps humain (B).
A / - L'ambiguïté de l'acte médical
A ses origines, l'acte médical constituait plus un
souci premier de donner satisfaction aux patients et aux malades. C'est pour
perpétuer cet esprit désintéressé que le serment
d'Hippocrate a été institué. Mais il est vrai que, depuis
quelques décennies à la suite notamment des innovations
médicales, on assiste à un glissement vers une
onérosité consécutive aux amortissements des coûts
d'acquisition de la technique et du matériel et de
rémunération de la formation des personnels de monopole
médical. Certains avancent que la santé a un prix et c'est ce
prix qui améliore les performances des praticiens et fait progresser la
recherche biomédicale. Ceci permettrait d'assurer de meilleures
prestations de service aux patients. Ainsi, on a pu constater que la pratique
de la PMA constitue un véritable secteur d'activités
économiques avec la présence remarquée des laboratoires,
des banques de gamètes, des instituts, voire même des
participations des établissements bancaires et financiers à de
vastes programmes y afférents. Le monde des affaires s'est trouvé
une bonne place qu'il espère toujours rentabiliser. Cette
mercantilité affichée a instauré une discrimination quant
à la réelle possibilité d'accès de toutes les
populations à la PMA . Ce qui a fait dire que l'exigence de
gratuité ou plutôt l'atténuation du coût de la PMA,
doivent permettre d'éviter que l'acte ne soit fait que pour des raisons
économiques. Pour eux, l'appât du gain suppose une
auto-dégradation plus accélérée de la personne
compte tenu de ce que nous avons déjà affirmé avec le
déclin des principes d'indisponibilité, d'inviolabilité et
d'intangibilité du corps humain du fait de la pratique aveugle de la
PMA. Par suite, un minimum d'esprit d'altruisme doit motiver les acteurs
gravitant autour de la PMA d'autant que le tiers, lui, a entendu faire des dons
de gamètes et s'attend à pouvoir en bénéficier,
à titre gratuit, s'il en éprouve ultérieurement la
nécessité.
De la même façon, les manipulations du corps
humain suscitent des réactions diverses.
B / - Les manipulations du corps humain
Des auteurs ont justifié et légitimé les
manipulations et expériences effectuées sur le corps humain et
sur les embryons surnuméraires. Ils évoquent des finalités
thérapeutiques et des progrès scientifiques significatifs
grâce à la maîtrise en cours du code et du patrimoine
génétiques de l'homme. Ils énumèrent les nouvelles
connaissances que les recherches sur l'embryon pourraient apporter tels le
diagnostic des anomalies du génome, à travers l'étude des
chromosomes de l'embryon, les études biomédicales qui ont besoin
de la production d'embryons humains comme partie intégrante de leurs
analyses.
D'autres auteurs doutent de la véritable utilité
pratique de ces recherches. Au-delà de la question d'utilité de
ces recherches, on peut toujours se demander si elles sont compatibles avec le
respect dû à l'embryon humain. Le droit doit-il adhérer
à toutes ces manipulations dont certaines suscitent l'effroi avec la
pratique des chimères constituées par la formation d'un embryon
humain possédant plusieurs informations génétiques, la
création d'hybrides entre l'homme et l'animal, le choix abusif du sexe
de l'enfant pour de simples commodités de confort, ainsi que le clonage,
c'est-à-dire la duplication délibérée d'un
être humain ? De telles tendances à
« l'élevage » sur l'homme constituent une
réification de la personne humaine et des produits du corps humain. Pas
plus que ne sont admises les formes d'eugénisme individuel avec les
diagnostics prénataux et pré-implantatoires qui sont des risques
de dérives eugéniques non maîtrisables.
Les recherches biomédicales, ainsi que les pratiques de
la procréation artificielle n'ont pas seulement concerné les
clivages querellés de la critique, elles ont eu aussi des incidences sur
l'ordonnancement juridique.
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