La procréation médicalement assistée( Télécharger le fichier original )par Pierre Léon André DIENG Université Cheikh Anta DIOP de Dakar - DEA en Droit de la Santé 2005 |
B / - Les tendances à l'eugénismeA cet égard, plusieurs tendances ont pu être aussi soulignées relativement à : 1°/ La reconduction des pratiques nazies dénoncées dans le code de Nuremberg. Aujourd'hui, on assiste de plus en plus à l'élimination dans la sélection chromosomique des spermatozoïdes grâce à la micro-injection. 2°/ Cela conduit, indubitablement, à la question de la véritable finalité du diagnostic prénatal qui peut dévier vers un but non prévu et, en principe, non permis de diagnostic pré-implantatoire lequel pousse les couples à refuser une grossesse lorsque des risques handicapants ou des maladies héréditaires ou tares sont décelés à la suite d'une échographie. C'est ce qui a obligé Noëlle Lenoir, première femme à entrer au conseil constitutionnel français et qui a eu à présider le comité international de bioéthique de l'UNESCO, en 1993, à faire une virulente sortie contre l'eugénisme considéré comme « l'une des expressions du racisme fondé sur un pseudo-rationalisme scientifique. Or, il ne saurait appartenir à la science d'améliorer l'espèce humaine, au sens où des hommes auraient une valeur supérieure aux autres. A la folie de la pureté de la race, ne doit pas succéder celle de la pureté des gènes »14(*). L'annonce chimérique d'un projet visant à conserver le sperme de lauréats du prix Nobel pour fertiliser des femmes d'intelligence supérieure repose, une fois de plus, le débat de la question l'insémination artificielle eugénique. Ces programmes d'eugénique positive soulèvent, aux plans génétique, social et éthique, des problèmes qui méritent beaucoup plus d'attention et de prudence15(*). Ainsi selon les détracteurs de la pratique, la PMA suscite la tentation de choisir le spermatozoïde à implanter en fonction de qualités génétiques et la pratique conduirait directement à l'eugénisme actif. 3°/ Le clonage humain, faussement thérapeutique du fait de maladies héréditaires toujours prévisibles ou possibles, serait en réalité reproductif et viserait à constituer en théorie pour chaque individu une réserve de plusieurs embryons avec le même patrimoine génétique que le donneur. Même si à ce jour, aucun vrai clone humain n'a officiellement été annoncé ou publié par des équipes de chercheurs, si ce n'est les déclarations intempestives de la secte des Raël, à des fins médiatiques pour réactualiser le débat, mais qui n'ont pas encore la teneur probante. A ce titre, l'Unesco a adopté en novembre 1997, la « Déclaration Universelle sur le génome humaine et les droits de l'homme », qui stipule que le clonage humain représente « une offense à la dignité humaine ». 4°/ Tout comme l'acharnement procréatif à vouloir, au prix fort, concevoir un enfant de façon artificielle suscite des interrogations, des critiques qui comprennent mal cette obstination figée à vouloir donner la vie artificielle alors que la population démographique des enfants abandonnés ou miséreux ne cesse de croître et ceux-ci n'attendent qu'une âme bienveillante pour leur adoption. La réflexion pointue de la bioéthique a également considéré qu'il existe une nébuleuse autour de la qualification du genre humain. * 14 Le Courrier de l'UNESCO, septembre 1994, p.8 * 15 Jacques Rioux et autres « L'insémination artificielle thérapeutique », Les presses de l'université Laval, Québec 1983, p.167 |
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