WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Démarche participative dans la conduite des actions de développement au Bénin : cas de trois communes, Nikki, Boukombé et Cobly

( Télécharger le fichier original )
par Basilia Chantal CODJO TOVIGNAN
Institut Africain de Professionnalisation en Management, Ouagadougou, Burkina Faso - DESS (Master professionnel II) 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

VALIDATION DES HYPOTHESES DE RECHERCHE ET

CONCLUSION GENERALE

Les deux hypothèses de travail ont été vérifiées tout au long de l'analyse conduite au niveau des chapitres 2 à 4 du présent document. Bien des éléments les confirment.

D'abord, il a été ressortir des analyses que l'existence d'une dynamique locale constitue indiscutablement un gage de pérennisation et réplication des actions. Des illustrations en ont été données à travers le mode d'organisation des conseils communaux, le dynamisme de certaines organisations locales notamment féminines, l'organisation de certains groupes socioprofessionnels, pour ne citer que ces exemples là. Les insuffisances relevées à cet effet visent essentiellement à inciter les acteurs locaux des 3 communes ciblées à être davantage dynamiques face aux grands enjeux de développement de leur localité. La citation qui suit confirme davantage cette première hypothèse : « Certaines actions sont durables ou pérennes, vu l'implication de tous les acteurs locaux et le rôle joué par le pouvoir local. C'est l'exemple de la cantine endogène amorcée par les parents pour régler le problème de la faim en milieu scolaire. L'expérience est en train de bien prendre dans la commune de Boukombé où CRS n'a donné aucun vivre pour la cantine »44(*).

La deuxième hypothèse s'est aussi confirmée. Ceci est illustré, entre autres descriptions faites dans le présent document, par les deux extraits suivants : « On n'a jamais trop répété que l'approche participative au développement local est en quelque sorte un processus global de formation des bénéficiaires. Ceux parmi ces derniers qui ont participé aux activités d'introduction et de réalisation du Projet et/ou ont suivi des cours de formation offerts par celui-ci à travers des organismes spécialisés ou par le biais d'opérateurs, sont aujourd'hui beaucoup plus aptes à se prendre en mains ou accepter certaines responsabilités de représentation locale »45(*). « Le fait que ce soit les populations elles-mêmes qui décident de leurs priorités en matière d'infrastructures, qu'elles contribuent au financement des travaux et qu'elles soient associées à toutes les étapes de mise en place a permis aux bénéficiaires de comprendre qu'ils ont un rôle important à jouer dans la pérennisation des infrastructures »46(*).

Il en ressort que mieux les acteurs locaux comprennent leur rôle et les enjeux liés à une question ou au développement dans sa globalité, davantage ils s'y impliquent. Et c'est pour contribuer à accroître cette compréhension des acteurs locaux des grandes questions d'enjeux liées au développement de leur localité que les approches de solutions proposées, dans le présent document, relatives à leur capacitation ont été formulées.

En conclusion, il découle des descriptions et des analyses faites au niveau des précédents chapitres que les acteurs de développement des zones touchées par la présente étude font un effort permanent d'adoption d'une démarche participative dans la conduite de leurs actions sur le terrain. Bien des intervenants externes essayent de se conformer aux caractéristiques d'une gestion intégrée des projets de développement à savoir la prise en compte de l'environnement du projet, l'implication des acteurs locaux dans l'ensemble du processus, la mise en place d'un système efficace de communication, le transfert des compétences aux ressources humaines locales, etc.

Malgré tout, des insuffisances subsistent de part et d'autre. Des avancées notables pourraient être davantage obtenues si les intervenants en développement se concentraient sur l'organisation de la société locale, sur la capacitation des acteurs locaux et de leurs institutions, sur une réelle responsabilisation des acteurs, sur la concertation et la mise en synergie des idées et des actions à tous les niveaux.

Par ailleurs, le développement rêvé aussi bien pour les zones touchées par la présente étude que pour l'ensemble des collectivités locales du Bénin, ne sera véritablement possible que dans la mesure où les autorités locales l'abordent dans une approche globale et avec une vision prospective. Cela appelle nécessairement à susciter une dynamique intersectorielle globale, à impulser des activités économiques créatrices de richesses et créer des conditions de leur développement, à assurer la formation des populations, à améliorer leur communication vis-à-vis de l'extérieur par des outils fiables, ainsi qu'à promouvoir une vie sociale et culturelle diversifiées et de qualité suffisante. Bref, elles devront conduire une action simultanée dans tous les secteurs de la vie. Pour bâtir un tel édifice, un soubassement solide axé sur des compétences avérées et sur des bras valides engagés et motivés doit exister en interne. C'est là, le sens de l'approche participative.

Il n'est pas superflu de rappeler que la participation constitue une avancée de grande envergure dans l'approche du développement local. Les multiples exemples évoqués le long du présent document, malgré leurs limites, montrent que la voie tracée est plutôt prometteuse.

Cependant, nous attirons ici l'attention sur un point essentiel ; celui de prendre garde à ne point considérer la participation comme une fin en soi. Elle est plutôt promue comme un moyen devant permettre de mieux capaciter les acteurs locaux afin qu'ils jouent progressivement le rôle de première vedette en matière de développement local. L'avenir des collectivités locales de nos zones d'étude, et même de l'ensemble des régions du Bénin, est à notre avis sur la voie d'une participation qui crée un espace pour les citoyens, les professionnels du développement et les autorités locales pour débattre et bâtir des projets cohérents, réalistes et adaptés aux réalités du milieu ; mais aussi pour exécuter ces projets de manière synergique  afin d'en tirer des avantages réciproques.

L'enjeu de l'approche participative est donc ici fondamental. D'une part, il s'agit pour les PTF/ONG, dans un contexte de désengagement de l'Etat et de crise économique et financière prononcée, d'aider les populations à lutter contre la fatalité et à développer leur capital de production afin de s'autonomiser progressivement. D'autre part, il s'agit pour les maires et les conseils communaux, de reconnaître la nécessité de concilier une approche par la demande dans le cadre de processus participatifs et une approche par l'offre dans le cadre d'une approche "descendante" consubstantielle aux programmes sectoriels nationaux. Il s'agit également, pour eux, de concilier la satisfaction des besoins immédiats des populations et la prise en compte des défis du développement durable, nécessitant une vision prospective.

Bref, c'est d'abord aux collectivités locales qu'il appartient d'assurer la combinaison des facteurs nécessaires à leur développement durable. Chaque collectivité doit élaborer sa propre solution, car ce qui donnera de bons résultats dans une collectivité sera peut-être inopérant dans une autre.

Par ailleurs, la mise en oeuvre de l'approche participative impose l'apprentissage d'un mode d'intervention nouveau tant pour les populations, qui ont une vision déformée de l'intervention des ONG et des projets (pourvoyeurs de fonds), que pour les intervenants en développement qui doivent apprendre à écouter les populations, à ne pas imposer a priori leur savoir technique, et à avoir la patience de progresser à un rythme raisonnable favorisant l'apprentissage des acteurs locaux. Autrement dit, il s'agit pour les ONG et projets intervenant dans les zones d'étude de trouver le juste milieu entre la course à l'atteinte des objectifs induite par les engagements pris vis-à-vis des bailleurs (ou partenaires au développement) et l'objectif à terme d'une meilleure capacitation des acteurs locaux, pour lequel les actions développées aujourd'hui devront servir de tremplin.

S'agissant de la décentralisation, elle est un processus long et complexe. Au Bénin, son caractère encore récent, l'insuffisance des textes d'application, l'adhésion pas toujours totale des administrations, les capacités embryonnaires de collectivités locales naissantes et la faiblesse de leurs ressources propres -fiscalité locale et transferts du budget central de l'Etat- sont autant d'obstacles que les projets de développement local doivent prendre en compte. Le problème se pose, notamment, en termes de gestion d'une transition qui appelle beaucoup de flexibilité ainsi qu'un engagement dans la durée de la part des bailleurs de fonds qui la soutiennent. Le problème se pose également en termes d'organisation et d'agencement des différentes étapes du processus. Car, toute précipitation sans profondes réflexions, toute hésitation sur une durée relativement longue et toute navigation à vue, seraient fatales au processus.

Il est clair, pour finir, que le développement local met en jeu plusieurs acteurs : les citoyens pris individuellement ou regroupés en associations, les collectivités locales, le gouvernement central et les partenaires au développement. Chacun de ces acteurs devra connaître sa place et son rôle dans le processus. La définition et la répartition sans ambages des responsabilités constituent un préalable à toute dynamique et mobilisation. Aussi, est-il vrai que l'obtention de résultats efficaces et durables en matière de développement ne peut provenir que de la gestion concertée et d'une meilleure démocratie à la base.

Somme toute, l'observation des résistances au changement dans le rang des partenaires au développement et du gouvernement central d'une part, et d'autre part le triste constat de l'attentisme et de la politique de main tendue dans le rang des acteurs locaux (collectivités locales et populations) suscitent en nous de nouvelles interrogations qui ouvrent le champ de la présente étude à d'autres réflexions ultérieures. Elles se résument aux interrogations suivantes : Existe-t-il une crainte pour l'Etat, les services déconcentrés et les partenaires au développement à voir les capacités des collectivités locales se renforcer réellement ? Les aides extérieures n'inhibent-elles pas la prise d'initiatives et de risque par les populations à la base et même, à un niveau macro, par le gouvernement central ? En un mot, quelles sont les mesures à prendre pour que les aides extérieures soient efficacement mises au service du développement de nos localités ?

* 44 Propos d'un administrateur de projet du CRS

* 45

* 45- 46 Extraits du Rapport d'évaluation du Projet d'Appui au Développement Local dans le Borgou-Est et l'Atacora-Ouest ; op.cit

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams