4.2.4 Deux propositions à
l'endroit de l'Etat
La décentralisation apparaît aujourd'hui comme la
meilleure voie pour impulser le développement à partir de la
base. Mais elle est, dans la pratique, confrontée à plusieurs
freins dont quelques uns ont été décrits plus haut. C'est
partant de l'ensemble des constats et analyses que nous suggérons ici au
gouvernement du Bénin de :
4.2.4.1 Montrer de la volonté de booster le processus
de décentralisation à travers des actes courageux qui rompent
avec le balbutiement des quatre premières années
La réussite de la participation de tous au
développement suppose un partage des responsabilités et des
moyens pour y parvenir. Ce partage de rôle en vue de la participation de
tous au développement du milieu doit éviter des situations
ambiguës. Au Bénin, beaucoup de flous semblent entourer la question
de transfert des compétences et des ressources. La loi a défini
un cadre global d'action. Les décrets d'application qui devraient en
préciser le mode opératoire n'ont pas encore été
adoptés ; de même les ressources prévues par la loi
n'ont pas été transférées jusqu'à ce que le
premier mandat des élus locaux arrive à son terme. La loi a
prévu une certaine durée pour l'accompagnement du gouvernement
central aux communes. Cette durée est pratiquement échue alors
que les modalités pratiques de l'accompagnement continuent toujours
d'être discutées. Il s'agit là, de quelques unes des
situations ambiguës qui entourent le processus de décentralisation
au Bénin et pour lesquelles il est nécessaire d'apporter des
réponses satisfaisantes. C'est pourquoi nous en appelons ici à la
rupture avec les balbutiements que connaît le processus de
décentralisation au Bénin en suggérant que les actes
posés en la matière soient conformes aux dispositions
légales. Le cas échéant, il serait nécessaire de
revoir les dispositions légales en les adaptant aux
réalités afin qu'il y ait une concordance entre la pratique et la
théorie.
Par ailleurs, pour donner un véritable envol au
processus de décentralisation, il est aussi nécessaire d'agir sur
les ressources humaines. C'est pourquoi nous lançons un appel à
l'Etat pour que soient placés à la tête des institutions en
charge de la décentralisation, des Hommes engagés, convaincus et
véritables militants pour la cause de la décentralisation au
Bénin.
4.2.4.2 Tracer le chemin : définir des grandes
orientations et politiques nationales pouvant avoir de retombées au
niveau local
L'articulation entre développement local et programmes
sectoriels requiert, de la part de l'Etat, la définition de politiques
sectorielles fixant des orientations et garantissant des normes
homogènes applicables sur l'ensemble du territoire ainsi qu'une
redéfinition, secteur par secteur, du rôle et des
responsabilités des différents acteurs. Sont concernés :
les administrations centrales, les services déconcentrés de
l'Etat, les communautés de base ainsi que les collectivités
territoriales en privilégiant les acteurs locaux chaque fois qu'ils
apparaissent les plus pertinents et qu'ils ont les capacités
nécessaires.
Au cours de notre enquête terrain, les acteurs locaux
ont énoncé des difficultés et contraintes qui peuvent
être reliées à l'insuffisance de grandes politiques
nationales. C'est le cas par exemple des moyens et des technologies
rudimentaires en matière de production et de transformation des
produits agricoles ; de la dégradation des voies d'accès,
limitant l'écoulement des matières premières ; de la
chute du prix de coton...
Eu égard à ce qui précède, nous
estimons que (i) le gouvernement béninois devra opérer une
profonde révolution agraire pour redonner à l'agriculture sa
véritable place dans l'économie du pays ; (ii) vu la
dépendance des prix des matières premières du
marché international, le gouvernement devra penser à une
politique de transformation des produits sur place et élaborer une
stratégie d'investissement des ressources locales et extérieures
dans ce sens. Ceci permettra de créer des emplois à tous les
niveaux. Mais encore faudrait-il qu'un contexte favorable soit
créé pour motiver ces investisseurs internes et étrangers
à intervenir (facilités administratives et douanières,
réduction de la corruption et de la lourdeur administrative ; etc.).
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