Le rôle de l'Eglise dans le processus de démocratisation en République Démocratique du Congo (1990-2006) Nécessité et Perspectives( Télécharger le fichier original )par Jimmy MUNGALA FETA Abomey-Calavi/ Chaire Unesco pour les droits de la personne et de la démocratie - Diplôme d'Etudes Appronfondies (DEA) 2009 |
Paragraphe 2. Craintes et espoirsAprès le referendum constitutionnel, l'Eglise ne s'était pas empêchée de se prononcer sur la question des listes liées à la loi électorale et l'éventualité d'une rencontre réunissant les forces en présence avant la tenue des élections. L'enjeu de taille que revêtait la question étant sensible, elle ne pouvait se garder de peser de tout son poids politique et sociologique pour faire triompher un choix susceptible de traduire la volonté du peuple. A. Le triomphe d'un choixPlusieurs scenarii de choix s'étaient disputés la vedette : listes ouvertes, listes fermées et listes zébrées. Dans le souci de faire triompher la volonté du peuple, l'Eglise s'était clairement prononcée sur l'option des « listes ouvertes », alors que le gouvernement préférait celle des « listes bloquées et zébrées ». Du côté du Parlement, les débats houleux et passionnés sur le projet de la loi électorale tournaient autour des modes de scrutin avec les différents concepts. En effet, la liste ouverte avec une voix préférentielle permet à chaque électeur de choisir un seul candidat sur une liste. Les candidats seront ensuite rangés selon l'ordre alphabétique sur la liste d'un parti, d'une plate-forme ou d'un regroupement politique. Certes, la seule voix de l'électeur profite à la liste et au candidat choisi. Mais, au partage des voix après dépouillement, le candidat qui récoltera le nombre de voix correspondant au quotient électoral sera élu quelle que soit sa place sur la liste. Par contre, cette option se démarque de la liste bloquée que les parlementaires ont, du reste, rejetée car, elle limite le choix de l'électeur. En plus, lorsque ce dernier vote, sa voix compte non pas pour le candidat de son choix mais uniquement pour la liste pour laquelle ce candidat se présente. Une autre démarcation des listes bloquées est que l'ordre de ces listes n'est plus alphabétique, mais il est dicté par chaque parti politique propriétaire ou allié de la liste. Par conséquent, le partage des voix se fait en fonction de l'ordre préféré par le parti ou regroupement politique, en respectant la parité homme-femme, peu importe la préférence de l'électeur. Enfin, s'agissant de la forme zébrée des listes bloquées, elle impose de faire suivre une femme après chaque candidat homme sur ces listes. Après des débats et interprétations en sens divers, l'Assemblée Nationale leva finalement l'option des `'listes ouvertes'' lors de sa plénière du vendredi 20 janvier 2006, laquelle était proposée par l'Eglise catholique. A la suite de la position de l'Eglise catholique que nous avons partagée, car, à notre humble avis, le mode de scrutin proportionnel des listes ouvertes à seule voix préférentielle comportait un avantage certain en ce qu'il respecte l'intention des électeurs et donne aux députés le sentiment de légitimité et une certaine fierté d'être mandatés réellement par le souverain primaire, ce qui ne serait pas le cas si on avait opté pour « le scrutin à listes bloquées et zébrées, n'exprimant pas nécessairement la préférence de l'électeur »93(*). Rejoignant la tendance majoritaire des Congolais, cette position apparaîtra dans la mouture finale de la loi électorale promulguée le 9 mars 2006. Nonobstant la solution trouvée sur le choix des listes, d'autres divergences apparurent entre les confessions religieuses autour de l'éventualité d'une rencontre, qualifiée de piégée, qui devaient réunir autour d'une table toutes les forces en présence à l'approche du 30 juin 2006, date retenue pour les élections présidentielles et législatives. * 93 Voir la déclaration de la CENCO du Mercredi 11 janvier 2006, www.cenco.cd |
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