II. La définition
d'un « levain » de panification
Il s'agit à la base, d'un mélange de
farine de blé ou de seigle, du sel et de l'eau potable soumis à
une fermentation lente (24 à 48 h) initiée par des levures et des
bactéries lactiques contenues dans la farine (Vogel et al., 1999). C'est
le levain chef. Il est utilisé comme inoculum pour la fabrication du
pain. Le développement et l'activité des levains sont maintenus
par une incorporation périodique et répétée de
farine et d'eau à la température ambiante entre 20 et 35°C.
Cette opération s'appelle le rafraîchi. Ainsi, les
microorganismes continuent à produire des acides. Le levain suffisamment
actif, prêt à être incorporé dans le
pétrissée est appelé « levain tout
point ». (Onno et Roussel 1994).
Pratiquement, une classification en trois types de
fermentations a été proposée par des chercheurs
allemands:
Le type I : avec des levains maintenus par une
inoculation répétée à la température
ambiante (20-30°C) selon les procédés traditionnels
(rafraîchi) où les microorganismes montrent une activité
métabolique accrue, le type II : levains avec une période
longue et des températures élevées de fermentation (plus
de 5 jours) et une teneur en eau plus élevée, principalement,
utilisée dans les procédés industriels pour
l'acidification des pâtes et le type III: levains qui sont
initiées par des cultures starters définies
généralement utilisées comme suppléments pour
augmenter l'acidité et améliorer les propriétés
aromatiques. Dans ce type les levains sont généralement
déshydratés et sont obtenus par séchage des levains
naturels. Ces levains ont une activité bactérienne assez faible
(Vogel et al., 1999 ).
Un levain peut être préparé à
partir des bactéries lactiques sélectionnées, seules ou en
mélange avec des levures, permettant d'ensemencer une pâte en vue
de l'élaboration rapide d'un levain Dans ce cadre, on distingue deux
types de ferments: les levains liquides et les starters lyophilisés.
(Brochoire et al., 1996)
III. Les microorganismes des
levains de panification
Un levain naturel de panification est constitué d'un
équilibre entre les bactéries lactiques et les levures avec un
ratio moyen de 109 / 107 UFC/g respectivement. Ce sont
les bactéries lactiques qui dominent dans les pains aux levains
(Gobbetti et al., 2005). Ces germes préexistants dans
la farine sont également apportés par l'air ambiant et le milieu
du travail (Brochoire et al ., 1996).
III.1: Les
levures
L'espèce la plus connue en boulangerie est
Saccharomyces cerevisiae. Au cours de la fermentation, la levure
produit du gaz carbonique, de l'alcool et d'autres composés. Le gaz
carbonique va permettre la levée de la pâte et modifier ses
propriétés physiques. Dans le cas du levain, la microflore
levurienne n'est pas uniquement composée de Saccharomyces
Tableau n°1: La diversité des
flores des levains naturels
Levains étudiés
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Bactéries lactiques
|
Levures
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Auteurs
|
Homofermentaires
|
Hétérofermentaires
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Levains français et marocains
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Lb plantarum
Lb delbrueckii
Pc pentosaceus
Lc lactis subsp. lactis
Lb sakei
Lb curvatus
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Lb brevis
Lb brevis subsp. lindneri
Ln mesenteroïdes
Ln mesenteroïdes subsp. dextranicum
Ln citreum
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Non identifiées
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Bervas, 1991
|
Levains français
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Lb plantarum
Lb casei
Lb delbrueckii sp.
Pediococcus
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Lb brevis
Lb sanfranciscensis
Lb fermentum
Lb buchneri
Lb fructivorans
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Saccharomyces
Candida
Torulopsis
|
Larpent, 1992
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Levains italiens
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Lb plantarum
Lb farciminis
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Lb brevis subp. lindneri
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S.cerevisiae
C.krusei
S.exiguus
H.anomala
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Gobetti et al., 1996
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Levains allemands
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Lb crispatus
Lb delbrueckii sp.
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Lb brevis
Lb sanfranciscensis
Lb fermentum
Lb fructivorans
Lb pontis
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Non identifiées
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Vogel et al., 1999
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Levains allemands
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Lb amylovorus
Lb delbrueckii sp.
Lb acidophilus
Lc lactis
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Lb brevis
Lb sanfranciscensis
Lb fermentum
Lb fructivorans
Lb pontis
Lb panis
|
Non identifiées
|
Vogel et al., 1999
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Levains italiens
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Lb plantarum
Lb alimentarius
Lb acidophilus
Lb delbrueckii subsp. delbrueckii
Lc lactis
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Lb brevis
Lb sanfranciscensis
Lb fermentum
Ln citreum
Weissella confusa
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S.cerevisiae
C.krusei
S.exiguus
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Corsetti et al., 2001
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Levains français
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Lb plantarum
Pc pentosaceus
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Lb brevis
Lb sanfranciscensis
Lb buchneri
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S.cerevisiae
S.exiguus
C.tropicalis
C.holmii
C.krusei
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Roussel et Chiron, 2002
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Levains grecs
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Lb paralimentarius
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Lb brevis
Lb sanfranciscensis
Weissella cibaria
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Non identifiées
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De Vuyst et al., 2002
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Levains allemands
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Lb crispatus
Lb johnsonii
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Lb mindensis
Lb sanfranciscensis
Lb fermentum
Lb frumenti
Lb reuteri
Lb pontis
Lb panis
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Non identifiées
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Meroth et al., 2003
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Lb: Lactobacillus, Lc: Lactococcus, Ln: Leuconostoc,
Pc: Pedioc occus, S:Saccharomyces, C:Candida, H: Hansenula, Sp:
species
cerevisiae mais par une combinaison entre des
espèces sauvages comme Candida milleri, Candida krusei et
Saccharomyces exiguus (Corsetti et al., 2001).
Meroth et al., 2003 ont inventorié 23 espèces
de levures présentes dans les levains étudiés.
La caractérisation des levures des levains a
été précisée par les techniques
biomoléculaires. La RFLP de l'ADN mitochondrial a montré son
intérêt pour la détection des populations appartenant au
genre Saccharomyces ou à d'autres espèces. Par ailleurs,
le polymorphisme de la séquence intergénique Ä
(de l'ADN mitochondrial) amplifiée permet l'identification des
souches de S. cerevisiae.
D'autres méthodes d'identification et de suivi
dynamique de la population des levures par PCR-DGGE ont été
décrites par Meroth et al., en 2003 .
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