II PROBLÉMATIQUE THÉORIQUE.
Comment renforcer la motivation, la représentation sociale
et l'apprentissage du motard, dans sa formation et après le permis moto
?
Théorie.
Suite à notre problématique pratique nous avons
pu constater certaines difficultés dans la compréhension de
l'apprentissage du conducteur motard et les prises de risques de ce dernier.
Nous allons donc étudier dans cette partie théorique deux points
qui nous semblent, à mon sens, importants sachant que d'autres points de
vus pourraient être traités. Nous verrons les théories sur
la motivation et sur les représentations sociales du conducteur
motocycliste dans le cadre de son apprentissage à la conduite d'une
motocyclette. Dans le deuxième temps cette analyse nous permettra de
poser notre hypothèse. Comment renforcer la motivation de mes
élèves en cours de conduite ? Qu'est-ce que la motivation ?
Théorie, le concept de la motivation.
C'est stimuler à l'aide d'une grande diversité
de moyens. D'où la nécessité de l'implication obligatoire
de l'enseignant moto dans son travail. Contrairement à la
compétence qui correspond à ce que l'on sait faire, la motivation
correspond à ce que l'on veut faire. Celle-ci peut être
définie comme le sentiment de sa compétence à la
réaliser, ou la valeur de la tâche, ou le sentiment de
contrôler le déroulement du cours. Pour Joseph Nuttin 1975, «
la motivation est l'aspect dynamique et directionnel du comportement. »
Elle désigne « l'ensemble des mécanismes biologiques et
psychologiques qui permettent le déclenchement de l'action,
l'orientation, l'intensité et la persistance. » On distingue deux
grands types de motivation :
) La motivation intrinsèque «
dépend de l'individu lui-même. L'individu se fixe ses propres
objectifs, construit des attentes, et le renforcement est obtenu par l'atteinte
des objectifs qu'il s'est lui-même fixés. »
C'est-à-dire dans les désirs de l'élève Motard.
) La motivation extrinsèque est «
provoquée par une force extérieure à l'apprenant,
dépend de facteurs externes à l'élève,
c'est-à-dire lorsqu'elle est obtenue par la promesse de
récompenses, ou par la crainte de sanctions venant de
l'extérieur. » C'est-à-dire, quand un élève
chute en moto, bien sûr, je ne suis pas content et je le lui dis.
Ensuite, il a peur que je lui fasse des remontrances plus
sévères, s'il chute encore. J'en conclus que sa motivation
intrinsèque en prend un coup.
Il faut donc que je fasse attention à ne pas trop
privilégier la motivation extrinsèque au détriment de la
motivation intrinsèque, puisque l'élève Motard n'apprendra
pas pour lui-même, mais pour avoir une récompense, une bonne
estime de son moniteur, s'il ne casse plus la moto.
En effet, j'ai remarqué que, si je cherche à ce
que l'élève Motard donne du sens à ses apprentissages et
qu'il s'investisse dans ceux-ci pour cette raison, il faut que la motivation
intrinsèque soit plus importante que la motivation
extrinsèque.
Il a fait l'objet de nombreuses recherches en contexte
scolaire. Pour Rolland Viau 2003, « la motivation est un état
dynamique qui a ses origines dans la perception qu'un élève a de
lui-même et de son environnement et qui l'incite à choisir une
activité, à s'y engager et à persévérer dans
son accomplissement afin d'atteindre un but. » Quant
à Bernard André (1998), motiver, c'est « créer
des conditions de travail permettant à l'élève de passer
de son impuissance apprise à un engagement de qualité dans les
activités qui lui sont proposées ».
L'élève n'arrive pas « neutre » devant
l'apprentissage. Il est important de considérer la motivation comme un
processus dynamique et non comme un état permanent, figé ou
encore une caractéristique individuelle. Face à l'apprenant
Motard, je suis en mesure d'agir... Oui, mais comment ?
Le métier d'élève Motard consiste à
s'engager dans les activités d'apprentissage moto, du mieux qu'il peut
et les mener à terme.
Certains veulent aller trop vite dans la formation, et se
découragent vite. Ils n'ont plus la motivation de départ, ils ont
vu trop grand. Ceux-là, je ne les revois plus.
Sans motivation, on ne peut pas faire réussir un
élève Motard en difficultés d'où mon
intérêt à traiter ce sujet.
La motivation étant un processus dynamique, «
elle se développe, vit, meurt, renaît... » Parmi
tous les ouvrages essayant de répondre à la question «
comment motiver des élèves Motard ? » J'avais
l'embarras du choix. Ceux d'Alain Rieunier et de Rolland Viau qui ont
contribué à structurer l'ensemble de ma réflexion. Alain
Rieunier 2007, résume diverses théories mises en oeuvre pour
motiver les élèves. Une de ces théories est la
réponse behavioriste, qui est l'observation du comportement,
apportée par Thorndike. Selon ce dernier, « tout comportement
renforcé positivement a tendance à se reproduire dans la
même situation ; c'est la loi de l'effet. » Par
conséquent, pour motiver des élèves, il suffit de
pratiquer une pédagogie de la réussite, ou en d'autres termes,
organiser des situations d'apprentissage dans lesquelles les
élèves font fréquemment l'expérience du
succès. En effet, le fait, par exemple, de monter et rétrograder
les rapports de vitesse à l'allure normale, ou de rouler sur la route,
devient tout à coup beaucoup plus motivant pour l'apprenant motard, que
de rechercher sa stabilité, maîtriser son équilibre pas
toujours évidente à allure lente.
Il faut bien comprendre que la motivation de l'apprenant moto
est différente de l'apprenant auto. J'ai constaté une très
grande variété de motivation entre divers groupes
d'élèves et d'un élève à l'autre au sein
d'un groupe.
Depuis les élèves les plus fortement
motivés et jusqu'à ceux dont la motivation paraît nulle, ou
pire encore, les élèves qui semblent manifester une sorte de
contre motivation, se rendent compte, par exemple, de leur incapacité ou
leur difficulté à faire de la moto.
Antoine De la Garanderie 1991, qui expose concrètement
les modalités de la motivation dans son étude du même
nom, reprend les mêmes idées. Il affirme
que la plupart de ceux qui échouent dans leurs
études, dans la formation initiale ou continue, sont motivés,
mais qu'ils ne savent pas comment s'y prendre pour bien user de leurs
capacités mentales. Et il ajoute : « Le but de l'échange
pédagogique est de faire prendre conscience aux uns et aux autres de ce
qui les motive, de ce qui ne les motive pas, de ce qui pourrait les motiver. Il
est aussi de leur faire saisir les causes qui les arrêtent et les
perturbent par suite d'une mauvaise gestion de leur
motivation20 ». Quand un exercice est difficile
à réaliser, il faut que mon élève se construise par
rapport à ce que je lui ai montré. Bien sûr, il n'y arrive
pas immédiatement, il perd sa motivation. Alors entre en scène un
autre élève très motivé et habile, qui a bien
compris et maîtrise l'exercice. Il s'est donc construit,
déconstruit et reconstruit un model à sa propre image et est fier
de l'explique à sa manière à l'autre élève.
Celui-ci l'écoute très attentivement et a compris ce qui le
bloque et le perturbe. Il reprend l'exercice avec une nouvelle motivation de se
construire et de réussir comme son coéquipier. Grâce
à la dynamique de groupe la motivation repart vers un sens positif.
|