2.1 Un objectif à atteindre.
L'enseignant est donc l'instigateur de la motivation au sein de
ses élèves.
Il m'appartient de rendre le savoir attirant et de mettre en
place des stratégies susceptibles de motiver et d'attirer l'attention
des apprenants. Je me sens responsable de la motivation de mes
élèves, qui est l'une de mes préoccupations majeures car
elle conditionne le succès ou l'échec de tout ce qui est
entrepris.
L'enseignant est alors qualifié, dans les nombreux
ouvrages que j'ai consultés, par des périphrases univoques
mettant en relief ce rôle de médiateur et d'accompagnateur. Que ce
soit Denis Girard qui parle « De facilitateur d'apprentissage, d'une
pédagogie de l'encouragement » ou Brigitte Prot (1997) qui se
réfère à son « travail de motivatrice
».
20 Antoine de la Garanderie, 1991, p.47 et 106.
Mais pour cela, il faut que l'exigence de la mise en
activité soit à la fois assez difficile pour être
stimulante et assez facile pour être à portée de
réussite. Je dois susciter chez mes élèves le désir
d'apprendre à tenir un guidon et leur donner confiance en eux. Mon
rôle est d'enseigner la manière d'entrer en relation, avec la
moto, avec le savoir et l'acte d'apprendre. Il me semblerait que la motivation
requiert que je propose à mes élèves des approches de la
moto très diversifiées et renouvelées qui pourraient
stimuler leur curiosité. Car, je suis confronté au
phénomène de manque de motivation de mes élèves,
tout au long de leur apprentissage.
J'ai constaté que le processus d'auto-évaluation
a un rôle important sur la motivation chez l'élève Motard.
En effet, c'est par son intermédiaire que mon élève durant
sa formation, se construit une opinion de sa capacité à
réussir dans certains exercices et à certains niveaux des
étapes du livret d'apprentissage. L'estime de soi est plus que jamais
nécessaire dans la motivation en situation d'apprentissage moto. La
motivation dépend de l'image que l'élève se fait de
lui-même. Quand il fait des erreurs, il ne faut pas qu'il se
décourage, d'ailleurs le livret d'apprentissage en fait mention. «
On ne progresse pas toujours au même rythme ». L'idéal
étant qu'il en tire parti pour progresser. Pour que mes
élèves apprentis Motard progressent encore mieux et cela sans
détruire leur motivation, il me semble nécessaire de leur faire
comprendre à quel point le monde de la moto est un équilibre
fragile.
3. La représentation.
Qu'est que la représentation sociale ? Comment faire
comprendre à mes élèves leurs représentations
vis-à-vis le monde en mouvement qui les entours ? Une
représentation est une façon de voir la réalité, le
monde autour de nous. Chaque signification n'est pas la même, n'est pas
entendue, ni comprise, de la même manière pour chaque individu.
Mes cours se déroulent de la façon suivante. Je leur explique que
la moto demeure le moyen de transport le plus dangereux. Ils doivent faire un
effort pour connaître la théorie. Qu'ils sont
particulièrement exposés. De plus, et selon le type de machine,
la capacité d'accélération et de maniabilité,
favorisent les prises de
risque notamment lors du non-respect des limitations de
vitesse, en quelques secondes d'accélération. Je leur explique
que pourtant, la moto ne cesse de susciter un véritable engouement
lié à son caractère pratique, à son image et au
plaisir de piloter en plein air, indissociable de la perception du risque, que
procure sa conduite, notamment en agglomération.
Dans la connaissance théorique, pour l'examen, en plus
des vérifications de la moto, il y a aussi les 20 fiches moto à
apprendre, d'une façon responsable. Avant 1995, ces fiches n'avaient pas
un caractère éliminatoire. Après 1995, elles sont devenues
disqualificatoires pour l'examiné. Une des 20 fiches est tirée au
sort. Le plan de la fiche est présenté au candidat qui doit
développer son contenu. L'examen sur les fiches du permis moto, dure
environ 5 minutes et se passe juste après les tests plateau.
Il est arrivé que certains des mes
élèves, par un manque de cursus scolaire, manque de
sociabilité, ont des difficultés à comprendre ou
s'exprimer. De ce fait, ils se retrouvent dans l'échec de l'examen
à cause des fiches moto. Il y a aussi d'autre, que j'appelle
intelligents paresseux, qui n'apprennent rien et se font ramasser à
l'examen. Pourtant le par coeur n'est pas nécessaire, il faut simplement
montrer à l'inspecteur du permis que le sujet tiré a
été révisée et que le candidat le connaît
bien.
Le concept : Émile Durkheim introduit en 1898
l'idée de représentation collective. Il me semblerait que la
représentation du motard, c'est une manière de penser Motard, de
s'approprier Motard, d'interpréter Motard, à la
réalité quotidienne et au rapport au monde routier. Plusieurs
auteurs ont tenté de formuler des définitions, rendant compte des
différentes dimensions du concept de représentation sociale.
D'après Denise Jodelet (1989) : « Le concept
de représentation sociale désigne une forme de connaissance
spécifique, le savoir de sens commun, dont les contenus manifestent
l'opération de processus génératifs et fonctionnels
socialement marqués. Plus largement, il désigne une forme de
pensée sociale. Les représentations sociales sont des
modalités de pensée pratique orientées vers la
communication, la compréhension et la maîtrise de
l'environnement social, matériel et idéal.
En tant que telles, elles présentent des caractères
spécifiques au plan de l'organisation des contenus, des
opérations mentales et de la logique. Le marquage social des contenus ou
des processus de représentation est à référer aux
conditions et aux contextes dans lesquels émergent les
représentations, aux communications par lesquelles elles circulent, aux
fonctions qu'elles servent dans l'interaction avec le monde et les autres.
». Un élève moto qui débute et qui a appris
à faire de la moto dans la rue, a du mal à comprendre quand je
lui dis d'aller moins vite de respecter les autres élèves
débutants qui évoluent sur le plateau et de respecter aussi la
moto que je lui prête. Je lui fais comprendre qu'il doit composer avec
les autres élèves, vivre avec eux et s'intégrer dans le
groupe.
Selon le sociologue François Oudin (2005), qui
s'intéresse actuellement de plus près au monde motard, «
les motards comme figure du risque et de l'incivilité ? »
ou « La passion de la moto et le mythe de l'envol » ou Motard (e)
et migration (s) : genre et migration comme axes interrogeant l'anthropologie
des motards ». Je reprends le cas de cet élève moto qui
a appris à faire de la moto avec des copains de la rue, il se croit
invincible et plus fort que les autres. Pour le remettre en question, je lui
donne un exercice difficile, qu'il n'arrive pas à faire proprement. Mon
but, c'est qu'il change son comportement et ses attitudes. Souvent ça
marche et de ce fait, le risque diminue.
Ce que demande la sécurité routière,
c'est que le motard soit équilibré mentalement sur sa moto et son
environnement et s'exprime sur un thème, afin de montrer qu'il est
sociable. Cette affirmation de Durkheim (1966) : « L'homme que
l'éducation doit réaliser en nous, ce n'est pas l'homme tel que
la nature l'a fait, mais tel que la société veut qu'il soit
» (p.90), ou encore : « Il faut que, par les voies les plus
rapides, à l'être égoïste et asocial qui vient de
naître, la société en surajoute un autre, capable de mener
une vie morale et sociale... Elle crée dans l'homme un être
nouveau » (p.42).
À la réunion, le permis moto est une forme de
réussite sociale encore plus que le permis voiture. C'est comme si
c'était un grade supérieur obtenu grâce à un
examen. Selon moi, il me semble nécessaire de faire
évoluer les représentations sociales du motard dans le
département. L'objectif serait de favoriser la cohabitation entre les
différents usagers, afin que les routes de l'île ne soient plus un
lieu de compétition. Faire changer les représentations
comportementalistes, des Motards et aussi des automobilistes au respect des
règles du Code de la route, n'est pas chose facile. Oui faire changer
l'image du motard délinquant du bitume, mais comment ? Il n'est
évidemment pas possible ni admissible de mettre un gendarme
derrière chaque Motard et automobiliste à chaque carrefour et au
bout de chaque ligne droite. Selon Françoise Gentile (1994) La
Sécurité Routière « il faut changer l'état
d'esprit des conducteurs ». L'effort de ces dernières
années a porté sur la formation des conducteurs, mais il n'a pas
réussi à modifier leur nature.
La valorisation à long terme de l'image du motard passe
avant tout par une plus grande connaissance du monde du deux roues
motorisé de la part des autres conducteurs. Car, moins l'individu
connaît une chose plus il tend à s'en faire une idée
déformée, partisane et subjective par le recours principal
à l'imaginaire. Le cas de la ligne continue franchie en embouteillage
est un model. Le Motard s'octroi le droit de dépasser un automobiliste
parce que devant ça roule lentement, au lieu d'attendre que la voiture
serre à droite.
Dès lors que les Motards sont correctement
formés, informés et pris en considération, dans cette
modification des comportements, ils pourraient devenir des usagers citoyens de
la route. En prenant l'exemple comme valeur pédagogique, en
systématisant les échanges d'expériences et de bonnes
pratiques entre les acteurs, mais aussi en suscitant un véritable esprit
de responsabilité afin d'ancrer les comportements positifs sur la
durée.
Aujourd'hui les notions d'individualisme, de
compétitivité, de performances sont plus souvent
développées, tandis que les notions d'égalité et de
solidarité sont mises à mal.
Afin de faire évoluer les comportements, à mon
avis, ouvrir les circuits aurait comme valeur pédagogique, de
permettre à chacun de mesurer ses limites. Il s'agirait de se «
faire peur » dans des conditions sécurisées, avec le
minimum
de casse, pour soi-même et sans porter atteinte à la
vie des autres. La conduite sur la route ne peut que s'en trouver
améliorée.
Le code de la route est indispensable et nécessaire car
il faut définir des règles communes régissant la conduite
de l'ensemble des usagers de la route. Selon l'étude IFOP DSCR 2004,
cette nécessité est largement reconnue par les motards ; 77 %
D'entre eux sont d'accord pour dire qu'être utilisateur d'un deux-roues
motorisé, c'est respecter les autres usagers.
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