Le fait que l'épargne bloquée soit la garantie
la plus usitée du réseau CamCCUL cache mal les difficultés
qui s'attachent à sa mise en oeuvre. L'épargne bloquée
peut en effet avoir un essor plus glorieux si les contraintes liées
à l'informatisation (A) et les difficultés de contrôle (B)
sont résolues.
A - Les difficultés liées à
l'informatisation
Le réseau CamCCUL est sinon l'EMF présentant le
niveau d'informatisation le plus élevé, du moins parmi les
leaders dans ce domaine. Et pourtant il a été enjoint par la
COBAC en 2005 d'accélérer son informatisation. Cette injonction
n'est toujours pas levée. C'est dire simplement que la question de
l'automatisation des SIG reste une préoccupation générale
dans le secteur de la microfinance.
Pour des COOPEC pouvant avoir plus de 10.000 membres, il est
pratiquement impossible d'effectuer manuellement toutes les opérations
d'épargne bloquée qui, pour la plupart des temps, font intervenir
une caution. Quand bien même elles sont informatisées, les
logiciels disponibles et employés ne sont pas toujours efficaces comme
relevés plus haut107. Bref, la fiabilité du SIG est en
question. Ceci permet de comprendre mieux la difficulté
d'informatisation des COOPEC. Certaines ont été
informatisées et ont quelques temps après, abandonné le
système automatisé au profit du système manuel en raison
de ces difficultés.
107 Supra, Premiere Partie, Chapitre 2, § 1.
La problématique de l'informatisation reçoit en
ce moment une réponse appropriée. Tandis que le réseau
s'équipe davantage de matériel informatique, de logiciels et
progiciels, la COBAC a pratiquement bouclé ses consultations en vue de
l'institution d'un plan comptable des EMF. Il faut souligner ici pour s'en
féliciter la démarche qui consiste maintenant pour la ligue a
définir le cahier de charge des concepteurs des logiciels et progiciels
à utiliser dans le réseau. Cette démarche, absente par le
passé donne l'opportunité aux informaticiens qui maîtrisent
suffisamment les opérations du réseau d'indiquer aux programmeurs
retenus quels types de programmes et quelles fonctionnalités
élaborées. Ceci évitera certainement dans l'avenir les
défaillances telles que la libération d'une épargne
bloquée alors que le crédit n'est toujours pas remboursé,
le blocage disproportionné de l'épargne, la déduction
automatique de l'épargne en remboursement du crédit...
Après la première phase d'un gigantesque projet de renforcement
institutionnel du réseau CamCCUL financé par l'ACDI et
co-exécuté par DID et la ligue, une seconde phase est en cours et
devra contribuer à relever significativement le niveau d'informatisation
dans le réseau. Il serait heureux que les difficultés de
contrôle reçoivent la même attention.
B - Les insuffisances du contrôle
Qui doit bloquer le compte ? Qui doit le débloquer et
à quel moment ? Sans revenir sur la confusion observée, disons
simplement que c'est le responsable de crédit qui devrait bloquer
l'épargne au moment de l'enregistrement du crédit. Ceci, qu'il
s'agisse d'un SIG manuel ou d'un SIG automatisé. C'est également
lui qui devrait le débloquer après s'être assuré que
le remboursement a eu lieu. Il devrait effectuer cette seconde partie de
l'opération en étroite concertation avec le caissier. Dans le cas
d'un SIG automatisé, il pourrait simplement en assurer le
contrôle, l'épargne étant débloquée
automatiquement à la suite des procédures de paiement à la
caisse. Si ce n'était pas le cas, il suffirait au responsable de
crédit de consulter le solde du crédit après
enregistrement des opérations de paiement par le caissier. Le caissier
devrait être tenu responsable du paiement au membre de tout montant
indisponible. Dans le cas des SIG manuels, le service des membres (ou de la
clientèle pour emprunter au jargon commercial) devrait être d'une
grande utilité à travers la mise à jour des carnets et des
cartes individuels des membres après chaque opération.
leurs carnets d'un espace pour ce compte de
dépôt de consignation. Ceci est possible, que l'on soit dans le
cadre d'un SIG manuel ou d'un SIG automatisé. Lorsque le crédit
est octroyé, la partie de l'épargne à bloquer est
transférée sur ce compte. La comparaison serait alors facile
entre le solde du crédit et celui du compte de dépôt de
consignation. De plus, le membre ne pourra pas faire de retrait de ce compte en
se jouant des défaillances du contrôle du fait de l'interdiction
formelle qui y sera attachée : une fois qu'il n'a pas de provision en
épargne et dépôts, il ne pourra effectuer de retrait.
Lorsque le solde du crédit est inférieur à celui du compte
de dépôt de consignation, la provision de consignation est
progressivement transférée sur le compte d'épargne du
membre à la suite de chaque remboursement. Le compte de
dépôts de consignation pourra être
rémunéré au même taux que l'épargne ou
légèrement un peu plus, ce qui encouragerait les membres à
emprunter dans la mesure de leur épargne.
L'épargne bloquée est somme toute un
mécanisme approprié de garantie qui tient compte de la situation
économique des membres des COOPEC. Elle contribue à renforcer
leur capacité d'épargne et leur fournit dans le même temps
un instrument de garantie fiable, à savoir la garantie
financière. Le réseau CamCCUL en a toujours fait usage pour le
grand bien de ses membres à revenus modestes ne disposant pas des
garanties traditionnelles. L'épargne bloquée pourrait même
avoir un succès plus certain si les faiblesses liées au SIG
étaient corrigées et des mécanismes de contrôle
appropriés mis en place. L'usage des moyens de paiement
sécurisés offre en attendant d'autres alternatives de
garantie.