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Les entraves au développement du commerce entre les Etats membres de la CEDEAO

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par Abdoul Aziz SANA
Ecole Nationale des régies financières - Administrateur des services financiers 2008
  

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CHAPITRE II : LES AUTRES ENTRAVES

Les entraves résultant de la violation des dispositions du Traité peuvent être facilement supprimées. Il suffit que tous les Etats membres respectent la réglementation adoptée en commun. Il en est tout autre en ce qui concerne celles que nous allons étudier dans le cadre de ce chapitre. Sont principalement concernées par ces difficultés, les entreprises qu'elles soient exportatrices ou que leurs productions soient destinées à la satisfaction des besoins nationaux. Cela nous amènera à apprécier les obstacles à travers elles. Nous distinguerons donc les entraves qui lui sont extérieures (exogènes) de celles qui lui sont internes (endogènes)

SECTION I. LES ENTRAVES EXOGENES

Les entraves exogènes sont indépendantes de l'entreprise. Elles peuvent se résumer à la structuration même des économies des pays de la CEDEAO.

A. L'extraversion des économies des pays sous-développés

Au fur et à mesure que l'occident s'industrialisait, son commerce international avec les pays - sous développés prenait les contours qu'il présente encore aujourd'hui : un commerce animé et dominé par la recherche de la satisfaction des besoins des pays industrialisés. Autrement dit, le commerce international des pays en voie de développement (PVD) comprend dans ses exportations, des produits recherchés par les pays développés pour leurs différents secteurs d'activités, et dans ses importations la production des pays développés qui ne peut être consommée sur leurs marchés intérieurs. C'est dire que le commerce international des PVD est déterminé dans sa nature et dans son contenu par des centres extérieurs à ces pays.

Ce type de commerce conduit irrévocablement à la désarticulation des économies des PVD.
Une économie désarticulée est une économie dont les différents secteurs ne sont pas articulés
ou reliés les uns aux autres sur la base d'un projet cohérent de construction nationale ; la

croissance d'une branche ne produit pas tous les effets attendus sur les branches voisines. Il n'y a pas de communication organisée et régulière entre les différentes branches de l'économie. Concrètement, les projets de développement de chaque branche sont faits sans tenir compte des capacités et réalité des autres branches.

Même lorsqu'il existe un plan économique de développement, on constate l'incapacité des réalisateurs à la traduire dans les faits par suite d'une imperméabilité de telles branches vis-à- vis des autres branches locales. Il en résulte que les demandes et les décisions d'une branche ne peuvent pas être satisfaites dans le cadre local. Les investissements sont conçus et formulés sur la base des relations établies avec les pays développés. Tel en témoigne les différents programmes d'ajustement structurel «imposés« et adoptés par de nombreux PVD. Idem pour la conditionnalité de financement par les bailleurs de fonds des différents cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté.

Parallèlement à cette désarticulation, les économies des PVD, notamment ceux de la CEDEAO, sont extraverties. Une économie extravertie est celle dont les principales activités sont mises en place et conduites sur la base d'incitations ou de décisions venues de l'étranger. Dès le début de l'industrialisation de l'Europe, celle-ci à eu tendance à exporter des produits manufacturés à forte valeur ajoutée contre des produits bruts à vil prix dans des pays d'Afrique, d'Asie, d'Amérique Latine. Cet échange inégal dévalorise le travail et les ressources de ces continents. Si nous prenons en exemple un pays membre de la CEDEAO, tel le Nigeria, 8ème producteur du pétrole brut : ce pétrole brut représente 80% des exportations de ce pays. Ces exportations s'effectuent essentiellement vers les Etats-Unis. Le Nigeria ne raffine que 10% de sa production pétrolière contre 90% réservé à l'exportation. Cet état de fait ne peut nullement favoriser le Nigeria à terme de valeur ajoutée.

Les pays en voie de développement restent dans l'ensemble des pays exportateurs de matières premières, mais ils ne sont pas que cela. Plusieurs d'entre eux exportent certaines catégories de produits manufacturés (cas de la Côte d'Ivoire et du Nigeria qui exporte du textile vers l'Europe ou les Etats-Unis d'Amérique). Il y a donc une transformation de la structure du commerce international entre pays développés à économie de marché et les pays en voie de développement. Le problème est donc de savoir si cette transformation de la structure des échanges Nord-Sud fait désormais du commerce international un facteur de développement des pays sous développés.

La transformation de la structure du commerce international ne permet pas de faire du commerce des PVD un facteur de développement. Il y a plusieurs raisons expliquant cette situation. Le nombre de pays qui connaissent une transformation significative de la structure de leur commerce international est dérisoire. Sur 125 membres du groupe de 77, près d'une centaine de pays ne connaissent pas cette transformation. Les changements dans la structure du commerce international de quelques pays en voie de développement sont le fait de décisions politiques émanant l'extérieur. Dans plusieurs pays sous-développés, ce sont les entreprises qui dirigent la production et la commercialisation, de sorte que les véritables acteurs, ceux qui occupent les centres de décision et qui élaborent les politiques ne sont, dans ces cas, ni les gouvernants, ni les administrations, ni même le capital privé national.

Pour étayer cette situation, on peut citer l'exemple qui fait actuellement couler beaucoup d'encre à savoir la question des Accords de Partenariat Economique (APE) que les Européens veulent signer avec les pays membres de la CEDEAO. L'intégralité du projet des APE a été mûri, écrit et proposé aux africains sans même ni leur participation, ni leur avis, ni leur réflexion à ce texte. Or les APE dans sa forme actuelle remettent en cause les efforts de la communauté en matière de développement du commerce et de construction économique dans la mesure où les Européens demandent la réciprocité dans les échanges ; or les économies des pays de la CEDEAO sont encore embryonnaires.

Face à cette situation de commerce inégal, au lendemain de leur indépendance, les premiers efforts des PVD ont consisté généralement à essayer d'orienter l'activité économique. Dans un premier temps, les nouveaux Etats n'ont pas recherché le contrôle direct des activités économiques. Les pratiques économiques de la plupart des pays consistent à mettre en place les conditions susceptibles de permettre le fonctionnement de l'appareil économique existant, en essayant, autant que faire se peut, de l'améliorer et de le développer.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand