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Les entraves au développement du commerce entre les Etats membres de la CEDEAO

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par Abdoul Aziz SANA
Ecole Nationale des régies financières - Administrateur des services financiers 2008
  

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SECTION II. LES OBSTACLES NON TARIFAIRES

Traditionnellement, on les oppose aux obstacles tarifaires. Les entraves non tarifaires se manifestent à ce stade au niveau des produits, au niveau des restrictions quantitatives de contingentement, ainsi qu'au niveau des obstacles administratifs au commerce entre les Etats membres.

A - AU NIVEAU DES PRODUITS

Seuls les produits originaires de la Communauté peuvent bénéficier ou bénéficient du régime préférentiel. Nous avons déjà analysé les problèmes relatifs à la détermination de la nature des marchandises. La difficulté qui se pose concerne leur identification. Pour de multiples raisons, des Etats ont établi des quotas pour certains produits, ce qui va à l'encontre des objectifs de la Communauté.

1 - L'identification des produits

Selon l'article 34 du Code français des douanes, « le pays d'origine d'un produit est celui où se produit a été récolté, extrait du sol ou fabriqué ». Le code des douanes des « Quinze » a repris cette définition.

L'identification des produits du cru et de l'artisanat traditionnel concernant leur origine, ne pose pas de multiples problèmes au regard de ceux rencontrés pour les produits industriels. La facilité de reconnaissance des produits du cru et de l'artisanat traditionnel est due à la spécialisation naturelle des pays.

En effet, si nous prenons les huit principaux produits échangés et leurs principaux producteurs et exportateurs, la situation est la suivante :

y' le pétrole : Nigeria, Côte d'Ivoire ;

y' le bétail sur pied : Burkina, Mali, Sénégal ;

y' le coton, le maïs : Burkina, Mali ;

y' le poisson frais, les légumes, le thé, le sucre : Nigeria, Côte d'Ivoire, Ghana.

La nature a donc éliminé dans une certaine mesure, la concurrence entre eux. La suppression n'est pas complète puisqu'il y a pour certains produits, plusieurs producteurs. Le problème qui se pose est que les exportateurs, le plus souvent ne prennent pas la peine de se soumettre aux formalités d'obtention des différents certificats d'origine leur permettant de bénéficier des diverses facilités. Cette attitude s'explique soit par la méconnaissance du système, soit par le souci de gagner du temps.

Ainsi, les produits communautaires qui ne peuvent justifier leur origine par le biais d'un
certificat sont considérés comme des productions étrangères et soumises au régime de droit

commun. Il nous a été fait état des difficultés rencontrées par des commerçants maliens pour introduire leurs marchandises au Sénégal, faute de certificat et vis versa.

En ce qui concerne les produits industriels, une distinction est opérée entre les produits agréés et ceux qui ne le sont pas. Pour les premiers, obligation est faite d'être marqués pour leur identification. Cette opération ne fera qu'élever le prix de revient des produits, ce qui ne va pas sans présenter des inconvénients. Outre ce marquage, ces produits industriels14 doivent être « accompagnés » de certificat d'origine. Dans la Communauté, des marquages ont été réclamés même par des douaniers pour certains produits du cru et de l'artisanat traditionnel or le marquage n'est qu'un moyen recommandé, l'origine étant attestée par le certificat d'origine. Pourquoi exiger cette formalité d'impression aux uns et ne pas l'étendre aux autres ? Cette question mérite d'être posée car tous les produits fabriqués dans la Communauté bénéficient d'un traitement préférentiel. Où l'on exige le marquage pour tous les produits industriels communautaires, ou l'on ne l'impose pas. Pour éviter les fraudes, on peut proposer cette identification pour tous les produits manufacturés en dépit de l'incidence financière.

2- Le contingentement

Le contingentement est une pratique consistant à fixer un maximum de quantité de marchandises pouvant entrer ou sortir d'un territoire douanier. Il sert dans le cadre de l'importation soit à protéger les productions nationales similaires, soit à redresser ou équilibrer la balance des paiements. A l'exportation par contre, cette pratique vise à faire pression sur l'Etat importateur. Pour mémoire, on peut citer l'embargo décidé contre le Libéria par l'Organisation des Nations Unies (ONU) ou à maintenir un approvisionnement suffisant du marché national à des prix modérés lorsque les produits importés renchérissent.

L'OMC qui vise à développer les échanges commerciaux, s'élève contre toutes pratiques
protectionnistes. L'OMC tolère le contingentement que dans quatre (4) cas et à certaines
conditions15. Le Traité de la CEDEAO, en son article 49, donne la possibilité aux « Etats

14 Il s'agit des produits agrées et non agrées

15 Voir les dispositions de l'OMC, les articles XI à XIII

membres de recourir à des mesures de sauvegarde pour faire face à des perturbations sérieuses survenues dans un secteur de l'activité économique d'un Etat membre par suite de l'application des dispositions du Traité ». La présidence de la Commission doit en être informée. Ces mesures ne peuvent demeurer que pendant un délai maximum de un (1) an. Elle ne peut être prorogée au delà de ce délai que sur décision du Conseil des Ministres. Les pratiques contingentaires ne sont pas choses rares au sein de la CEDEAO, quelques fois, on est arrivé au stade de l'interdiction totale des produits communautaires. On peut noter le difficile accès du poisson et du riz ivoirien sur le territoire du Nigeria. Le non accès au pétrole du Nigeria par les autres membres de la Communauté. La quasi-totalité du pétrole nigérian est exporté hors CEDEAO. La Côte d'Ivoire pratique des restrictions à l'exportation du bois en grumes en direction de certains Etats membres. Pourtant depuis 1978, la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement avait recommandé aux Etats membres de prendre toutes mesures adéquates visant à faire respecter l'article 49 du Traité. Vu les difficultés à faire respecter ses dispositions, et afin de favoriser les échanges, il avait été demandé aux Etats membres connaissant des difficultés, de réserver une part de leur marché national aux productions de leur partenaires (cette solution est pourtant contraire pourtant aux dispositions de l'article 49 du Traité qui prohibe toutes restrictions quantitatives). Dans ce cadre, un accord entre le Sénégal et le Mali est intervenu depuis juin 1980 pour s'accorder des contingentements dans le secteur extrêmement sensible des textiles. Ce genre d'accord, bien que provisoire devait, au plus vite disparaître.

Une autre forme de restriction consiste à introduire des normes qui limitent voire empêchent les importations mais aussi les débouchés au niveau de la demande finale. Tel est le cas pour les huiles alimentaires au Nigeria (emballages de 4 litres minimum), des ustensiles en aluminium au Burkina Faso (avec des normes de forme), le concentré de tomate (avec l'interdiction de toute forme de colorant).

Depuis le début de l'application du Traité Révisé et du schéma de libéralisation un accent a été mis sur le respect de l'article 49 du Traité dans l'optique d'une élimination effective des restrictions quantitatives. Il en est de même pour certaines pratiques administratives.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand