CHAPITRE 2 : LES Réseaux CLASSIQUES
DE LA Filière Cinématographique
A côté de ces petits réseaux
spécialisés, les films d'horreur sont présents dans le
marché traditionnel du cinéma, allant de la sortie en salles
à la programmation télévisuelle en passant par
l'édition vidéo. Comment s'insèrent-ils dans cette
économie mouvementée et concurrentielle, où de petites
entreprises côtoient des géants. Comment se font-ils une place au
sein de l'offre généraliste ? Bénéficient-ils de
réseaux spécialisés ?
2.1. Le cinéma, un lieu vénéré
mais délaissé...
2.1.1. Les films d'horreur dans l'univers des salles
Malgré la récente apparition des cartes
illimitées et d'offres promotionnelles diverses (qui ne sont pas du
goût de tout le monde), la sortie cinématographique est devenue un
luxe, comme l'affirme Christophe Lemaire1. Avec une
fréquentation qui oscille selon les années mais n'est pas
tombée en dessous de 170 millions d'entrées annuelles depuis
1998, donnant la prééminence aux films américains, on en
peut cependant pas affirmer que les salles obscures n'attirent plus. Mais avec
la multiplication des médias et la diversification des offres et des
technologies domestiques et mobiles, le cinéma n'est plus le lieu
privilégié de découverte de films, d'autant plus pour des
films qui sont moins bien accueillis dans la sphère
cinématographique comme les films d'horreur. En effet, si
régulièrement des films d'horreur caracolent en tête du box
office américain (l'horreur aurait rapporté 586 millions de
dollars en 2006, 444 millions en 2005 et 388 millions en 20042),
force est de constater que cette frénésie n'atteint pas les
mêmes sommets en France. Les Français n'ont jamais
été très friands de films fantastique/horreur. Pour
preuve, le classement des plus grands succès réalisés dans
les salles obscures de 1945 à 20073 ne voit apparaître
qu'à la 88eme place un film d'horreur ; L'Exorciste (1974)
1 Voir entretien mené le 24.07.2008, annexe
n°26, p.66
2 Source Nielsen EDI, in article Le film d'horreur
atteint des sommets en 2006 par Emmanuel Paquette, Les Echos du 15
février 2007, annexe n°6, p.20
3 Bilan 2007, CNC
de William Friedkin, avec 6,7 millions d'entrées. Sur
202 films répertoriés ayant totalisé plus de 5 millions
d'entrées il n'y a guère que ce dernier et Les dents de la
mer (1976) de Steven Spielberg (à la 117eme place avec 6,26
millions d'entrées) qui peuvent réellement être
qualifiés d'horreur, d'autres frisant avec le fantastique (les 6
épisodes de la saga de La Guerre des Etoiles de Georges Lucas)
ou l'anticipation (Independance Day de Roland Emmerich, 1996). Si le
journaliste Emmanuel Paquette assure qu'en 2006, « 4,716 millions de
spectateurs se sont retrouvés dans les salles obscures pour se faire
peur1 », il convient de considérer ces chiffres avec
précaution (notamment à cause de l'absence de définition
fournie). Car en France, les films fantastique/horreur ne dépassent que
rarement les 500 000 entrées. Si Je suis une légende
(2007) de Francis Lawrence, a cumulé 1,83 millions
d'entrées2, cela est sans nul doute plus du à la
renommée de l'acteur principal, Will Smith, qu'au genre en
lui-même, l'adaptation du livre culte de Richard Matheson étant
perçue comme relativement « soft » par les fans3.
Afin de cerner l'ampleur des films d'horreur projetés sur les
écrans français, il convient d'étudier de plus près
leur distribution et leur programmation auprès des exploitants de
salles.
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