1.2.2. Allier passion et professionnalisme : l'Etrange
Festival
Cependant, la visibilité acquise lors de tels
évènements, ainsi relayés par des acteurs du milieu
cinématographique peuvent amplifier ceux-ci et leur donner une dimension
régionale voire nationale. C'est le cas de l'Etrange Festival, qui a
connu 17 éditions parisiennes au Grand Rex, 14 éditions
strasbourgeoises à l'Odyssée, une première édition
lyonnaise en 2008 au Comoedia et travaille sur un projet de
développement à Nantes. Débuté dans l'amateurisme,
ce festival a produit une franchise, qui a permis à Cyril Despontin et
à l'équipe de Zone Bis de l'exploiter pour la première
fois en Rhône-Alpes. Leur expérience témoigne de la
démarche soulignée précédemment. Pour sa
première lyonnaise, le festival a accueilli 1200 spectateurs sur 5
jours, ce qui est remarquable et a ravi autant les organisateurs que les
participants. Monter cet événement en dehors de leur temps de
travail a demandé beaucoup d'efforts, d'autant plus que
l'annonce officielle de la tenue du festival à Lyon n'a
été confirmée que tardivement (en novembre pour mars). La
recherche de partenariats et la publicité était le poste le plus
important, le reste étant confié au cinéma Comoedia, dans
une relation de partenariat de compétences (droits des films et
transport des copies)1. La deuxième édition est
déjà annoncée, avec un enthousiasme certain. Evidemment,
il n'a pas encore acquis la renommée de celui de ses aînés,
qui tentent de perdurer tant bien que mal, comme l'explique Philippe Lux, l'un
des responsables de l'Etrange Festival alsacien, qui éprouve de fortes
difficultés pour rassembler les fonds nécessaires : « Pour
un budget de moins de 15 000 euros [où tous les postes sont inclus,
contrairement à l'édition lyonnaise où la prise en charge
des copies était assurée par le cinéma qui accueillait le
festival], les aides de la DRAC et de la ville de Strasbourg sont quasiment
insignifiantes, ce qui semble injuste au vu de la pérennité
acquise par l'événement depuis plus de 10 ans. Ce sont
essentiellement les entrées des spectateurs qui financent le festival,
à hauteur d'environ 60%2. »
Mais cela ne décourage pas les organisateurs
-bénévoles rappelons-le-, qui ont remis le couvert pour une
quatorzième édition du 29 octobre au 2 novembre 2008, afin de
satisfaire un public toujours plus curieux et enthousiaste, pour lesquels
ceux-ci tentent de trouver des films rares, d'obtenir des exclusivités
et des avant-premières : « L'année dernière [en
octobre 2007], nous avons eu la chance d'ouvrir le festival avec
l'avantpremière de Frontières, en présence de
sept personnes de l'équipe du film. C'était la première
française et le public a beaucoup apprécié. Nous avons
également concocté une soirée Grindhouse, une
séance nommée ClassiX (avec Café Flesh de Stephen
Sayadian, film culte de science-fiction pornographique) et nous avons
diffusé des films rares et saugrenus comme Turkish Star Wars.
(...) Nous souhaitons diffuser tous les genres de cinéma à partir
du moment où ils sont étranges, avec une seule politique :
l'éclectisme ! Dans cette optique, nous avons projeté des
documentaires, des films de fin d'école, des courts-métrages, des
films muets... 3» Ce qui fait l'originalité et la
convivialité de ces petits festivals c'est la dimension
évènementielle, car le cinéma a aujourd'hui perdu sa
dimension spectaculaire et il convient de la retrouver pour ces occasions
spéciales. En effet, à Strasbourg, le public était mis
à contribution avec des cadeaux à
1 « Nous avons pu rassembler 3200 € de budget,
répartis entre des sponsors comme Canal+ Paris (qui a versé 2000
€) et des partenaires lyonnais qui ont contribué au projet à
hauteur de 1200 € (nous leur avons offert des retombées
publicitaires essentiellement). Nous avons également
bénéficié de partenariats média, notamment avec
DVDrama (bannières sur leur site), Mad Movies (page de publicité
offerte dans leur numéro de mars), ainsi qu'avec Le Petit Bulletin, le
magazine culturel lyonnais de référence (achat à tarif
préférentiel d'une page de publicité, couverture et pleine
page de rédactionnel au mois de mars) », voir entretien, op.
cit.
2 voir entretien mené le 24/07/08, annexe
n°27, p.70
3 idem
gagner (souvent des produits dérivés de films),
les invités se mêlaient aux spectateurs qui avaient l'occasion de
découvrir des teasers et des bandes-annonces inédites. Lors des
éditions parisiennes, il y avait également des concerts de
musique électronique et rock, des performances, des shows divers, dans
une optique intéressante d'art total et de milieu culturel, un
même public étant susceptible de se porter sur plusieurs
créneaux artistiques supposés proches ; les films extrêmes
appelant bien souvent les fans de musique ou de tout autre type d'art
extrême.
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