La délinquance dans le canton de Coussey durant le premier XIXème siècle( Télécharger le fichier original )par Hugues Herbillot Université Nancy 2 - Master 2009 |
d. Les relations avec les villages voisins.Le sentiment d'appartenance à un village est réel. Il s'observe notamment au moment des conscriptions, cependant il ne donne pas lieu à des batailles rangées entre les habitants d'un clocher contre un autre. Les seules marques de frictions entres villages s'observent au travers d'individus isolés et notamment des pâtres qui défendent couramment leur territoire contre les bergers voisins. Le 23 juin 1811, Nicolas et François Leclerc pâtres domiciliés à Coussey rencontrent le pâtre de Sionne et sa femme près de la ferme de Berthelévaux en limite des deux communes. Le couple tente de faire battre en retraite le troupeau des Cussetois en lançant des pierres à leurs animaux. Les deux pâtres de Coussey tentent de protéger les animaux sous leur garde et s'arment également de pierres qu'ils utilisent contre les Sionnards. Barbe Pierrot est touchée d'une caillasse à la tête, tandis que son mari se fait rosser par les deux bergers408(*). De tels exemples sont peu nombreux, les relations entre villages semblent assez limitées. On se souvient de l'affaire Biez, cet homme violent de Grand est jugé en 1811 pour avoir entre autre « exercé des actes de violence grave, à différentes époques, sur les personnes de Joseph Gérard de Chermisey, et de hyacinthe Lartillon d' Allianville409(*). Chermisey et Allianville sont deux communes voisines de Grand. L'absence de conflits entre villages, si ce n'est des bagarres entre individus isolés démontrent de faibles relations entre habitants de communes voisines. Le Village apparaît comme un microcosme. La communauté se recroqueville sur elle-même lorsqu'elle se sent agressée et n'a que peu d'occasions de se rendre dans le reste du canton, seuls les commerçants lancent quelques pénétrantes vers les villages du canton. L'anonymat le plus total entoure les villageois au delà de quelques kilomètres de leur lieu de résidence. Certains petits escrocs en profitent, ce qui entretient la méfiance envers l'étranger, les vagabonds sont eux aussi redouté car il est rare qu'ils puissent décliner leur identité. De la maison à la forêt, les théâtres de la délinquance sont nombreux. Dans le village la délinquance s'observe surtout dans les maisons ou la richesse toujours relative attire les voleurs en tout genre, tandis que les cabarets et les rues sont des hauts lieux de la rixe. La nuit venue le village est le terrain de jeux des rôdeurs et des buveurs éméchés susceptibles de troubler l'ordre public. Dans les champs les agriculteurs ne sont plus surveillés que par le garde champêtre et en profitent pour faire pâturer illégalement leurs bestiaux ou commettre diverses destructions. Plus loin encore dans le terroir, la forêt apparaît comme une zone de non droit où il est aisé de tirer illégalement profit des fruits de la nature, et de rançonner les passants circulant sur les grands chemins. La forêt délimite souvent la fin du territoire communal, au-delà le villageois apparaît comme un inconnu, attiré par les richesses de la ville et des marchés. Les relations avec les villages proches sont limitées, car le village vit en vase clos. Quelques conflits entre usagers « étrangers » peuvent survenir aux marges.
* 408 AD Vosges, 22u44, Berthelévaux, 1811. * 409 AD Vosges, 22u46, Grand, 1811. |
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