La délinquance dans le canton de Coussey durant le premier XIXème siècle( Télécharger le fichier original )par Hugues Herbillot Université Nancy 2 - Master 2009 |
b. Marchands ambulants et colporteurs.Les marchands ambulants sont accueillis différemment au sein des villages. Leur présence, étant uniquement due au commerce, semble rassurer les villageois et même les enchanter. En 1831, s'établissent à Domrémy-la-Pucelle, Jean-Baptiste Perbost se disant médecin de la faculté de Paris, et Jean Joseph Bertrand se disant dentiste401(*). Ces marchands ambulants, sont très bien équipés « ils avaient domestiques chevaux voitures et musiciens402(*) ». Les deux «hommes de médecine« proposent des médicaments un peu trop efficaces qui sont censé guérir aussi bien « la puanteur de la bouche403(*) », que les fièvres, les tumeurs et autres maladies. Ces remèdes miracles inquiètent les autorités et ce ne sont pas moins de quatre maires qui avertissent le procureur des agissements des guérisseurs miracles qui seront condamnées pour usage illégal de la médecine. Lors de leur arrivée les marchands ambulants s'annoncent et « ont bien vite rassemblé un assez grand nombre de personnes et ils ont annoncé la vérité de médicaments, ils ont aussi demandé que si trois personnes ayant des parties du corps malade il voulait bien les guérir gratuitement404(*) » ils trouvent facilement trois volontaires que les deux compères iront frictionner avec une graisse mystérieuse. Les tarifs des fioles miracle correspondent presque à une journée de travail, mais celle-ci se vendent si bien que les marchands restent sur place pendant quatre semaines. Les commerçants sont les seuls « étrangers » qui ne suscitent pas de méfiance au sein de la communauté villageoise. En effet leur arrivée est mise en scène et attire les habitants. c. Le sentiment d'impunité du délinquant en dehors de son « pays ».Les habitants d'un village peuvent se sentir grisés d'échapper un moment à la pesanteur sociale de leur village. La proximité et le cancanage au sein d'une commune sont fatigants. Les villageois apprécient en de rares occasions, de s'éclipser de ce climat lourd. L'anonymat dans les villages éloignés est un atout pour certains délinquants. Certains escrocs comme Christophe Bonneville de Grand en usent à merveille. Au mois de mars 1831, accompagné d'un ami, ils « se sont rendus à Pargny-sous-Mureau en se faisant passer pour le fils de M. Gérard de Grand, ce qui leur a permis de souper, coucher, et déjeuner gratuitement, et de faire la cour à la demoiselle de la maison qui croyait bien que c'était M. Gérard405(*) ». L'usurpation d'identité fonctionnant à merveille les deux compères rééditent leur méfait en empruntant 12 francs chez Salzard à Greux, sous le nom de M. Gérard fils de Grand, ils dépensent ensuite l'argent « à Coussey où se faisant passer pour garçons ils se sont mis en promesse de mariage406(*) ». L'anonymat est bien souvent total à quelques kilomètres de son village, ce qui conduit les délinquants à en abuser. De tous les délits commis à l'extérieur de la commune, le vol arrive en tête. Voler dans son village est risqué, la honte atteindrait immanquablement l'honneur de la famille. A la ville, les tentations sont fortes, notamment pour les femmes, qui se rendent dans les merceries. La profusion des marchandises semble hypnotique puisque qu'on recense neufs vols dans de telles échoppes. A Neufchâteau, en octobre 1827, Élisabeth Cuny se fait ainsi prendre en flagrant délit de vol dans une mercerie407(*). En dehors de son espace de vie les cadres volent en éclats. * 401 (Cf : Annexes d'illustration, Annexe XX. Affiche publicitaire de Jean Baptiste Bertrand, marchand ambulant, se disant médecin. 1842. (AD Vosges, 22u83, Domrémy-la-Pucelle, 1831). pp 203. * 402 AD Vosges, 22u83, Domrémy-la-Pucelle, 1831. * 403 Ibid. * 404 Ibid. * 405 AD Vosges, 22u1831, Grand, 1831. * 406 Ibid. * 407 AD Vosges, 22u71, Neufchâteau, 1827. |
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