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La délinquance dans le canton de Coussey durant le premier XIXème siècle

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par Hugues Herbillot
Université Nancy 2 - Master 2009
  

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Conclusion de la troisième partie.

L'organisation sociale au sein du village est très stricte, chaque niveau d'appartenance sociale s'emboîte parfaitement. Les familles apparaissent comme des unités de base, elles veillent scrupuleusement à maintenir leur degré d'honorabilité, ce qui leur vaut des relations privilégiées avec les familles riveraines. La bonne entente entre voisins est importante économiquement et humainement. Les multiples services mutuellement rendus facilitent le quotidien. Mais, lorsque les liens entre riverains se rompent, la situation peut vite devenir difficile, il n'y à plus qu'à se tourner vers son réseau de solidarité pour se faire soutenir lors d'un éventuel procès. Quelques familles ont la mainmise sur le village, réunies dans des coteries où elles défendent mutuellement leurs intérêts. Au sommet de cette construction humaine se situe le maire souvent leader d'un puissant réseau de solidarité.

Cette pyramide sociale ne peut cependant pas toujours protéger ses membres. L'affrontement est parfois inéluctable. Les dissensions, l'alcool et la foule favorisent les rixes qui émaillent le calme du village. Les affrontements villageois répondent néanmoins à des schémas traditionnels. Ainsi, les coups font souvent suite à des avertissements verbaux. Les lettres anonymes, les insultes et autres mises en gardes doivent être considérées comme annonciatrices d'un conflit. Lors de leurs oppositions les adversaires s'affrontent le plus souvent à main nue et se laissent parfois de douloureux souvenirs.

La vie de village impose de respecter des normes. Les autorités locales veillent à limiter conflits et délits, pour garantir l'ordre public. Paradoxalement le village siège de l'autorité du maire et de ses satellites, est aussi l'endroit où se commet le plus de délit. La concentration de la population influe sur les chiffres de la délinquance qui n'est cependant pas en reste dans les champs et dans la forêt. Loin des yeux du village, les infractions s'y commettent dans un sentiment d'impunité qui augmente avec l'éloignement du clocher. En dehors du village et loin de ses cancans les villageois se sentent libérés et désinhibés au point de commettre de nombreuses rapines. Dans les champs et dans la forêt, les pratiques illicites sont essentiellement des formes de délinquance professionnelle ou de subsistance.

Le village apparaît comme un microcosme autorégulant ses conflits, et limitant ce que nous pouvons qualifier de délinquance de proximité. Peu ouverts vers l'extérieur, les ruraux se méfient des étrangers et s'aventurent rarement au-delà du village. Hermétique et replié en partie sur lui-même, le pays craint les intrusions. De la maison à la forêt, les théâtres de la délinquance sont nombreux.

Dans le village les délits s'observe surtout dans les maisons où la richesse toujours relative attire les voleurs en tout genre, tandis que les cabarets et les rues sont des hauts-lieux de la rixe. La nuit venue, le village devient le terrain de jeux des rodeurs, et des buveurs éméchés susceptibles de troubler l'ordre public. Dans les champs les agriculteurs ne sont plus surveillés que par le garde champêtre et en profitent pour faire pâturer illégalement leurs bestiaux ou commettre diverses destructions. Plus loin encore dans le terroir, la forêt apparaît comme une zone de non droit où il est aisé de tirer illégalement profit des fruits de la nature, et de rançonner les passants circulant sur les grands chemins. La forêt délimite souvent la fin du territoire communal, au-delà, le villageois apparaît comme un inconnu attiré par les richesses de la ville et des marchés. Les relations avec les localités voisines sont cependant limitées, car le village vit en vase clos. Quelques conflits entre usagers « étrangers » peuvent toutefois survenir aux marges.

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