La délinquance dans le canton de Coussey durant le premier XIXème siècle( Télécharger le fichier original )par Hugues Herbillot Université Nancy 2 - Master 2009 |
b. Evolution hebdomadaire du délit.De même que les mois de l'année, certains jours de la semaine connaissent une forte intensité de délits191(*). On observe à nouveau un crescendo qui s'opère du lundi au dimanche avec toutefois une légère accalmie le samedi. Le dimanche constitue le pic d'intensité avec près de 60 délits, ce qui n'est pas une surprise puisque le dimanche est le seul jour chômé de la semaine. Ce jour permet aux habitants de fréquenter l'église le matin, le cabaret à midi, et les jeux de quille l'après-midi. Ces jours de sociabilité sont donc logiquement les plus violents, toute la gent masculine du village est réunie, dès lors les plus agressifs en profiteront pour marquer leur supériorité devant tout le groupe en provoquant leurs ennemis. On observe cette agressivité à Midrevaux le 25 avril 1813. A l'issue de la messe paroissiale le maire réunit les villageois pour leur faire part de vols de bois. Jean Aubry se sentant certainement visé, outrage le maire une première fois, puis une seconde, « à quatre de l'après-midi en jouant aux quilles devant le domicile de Jean-Baptiste Hierle192(*) ». Le dimanche est le seul jour de détente durant lequel on règle les conflits. Aidés par l'alcool ingurgité au cabaret, les habitants en viennent plus facilement aux mains. Le début de semaine est bien plus calme, les lundis, mardis et mercredis étant chacun proches des 30 délits journaliers, après le repos du dimanche ces trois jours sont dédiés au travail et ne connaissent qu'un faible taux de délictuosité. Le jeudi et le vendredi connaissent une hausse d'intensité avec 40 délits chacun ce qui s'explique certainement par la proximité du dimanche. Le samedi constitue clairement une anomalie à cette courbe hebdomadaire, à l'approche du dimanche chômé les villageois cherchent sans doute d'avantage à terminer leurs divers travaux que de chercher noise à leurs voisins.
Figure 19, La délinquance selon les jours de la semaine. Le dimanche est le jour par excellence des rixes et des insultes, seul jour chômé, il est un moment clé de la sociabilité villageoise. c. Evolution des délits selon les heures de la journée.
Selon les tranches horaires de la journée, le délit est plus ou moins intense193(*). La fin de matinée de dix heures à midi est ainsi une période très agité, avec 20% des délits commis, et une moyenne de 4 délits à l'heure. De treize heures à quatorze heures se commettent 10% de tous les délits. Cette tranche horaire se distingue surtout par une absence totale de délit commis durant l'heure la précédent et lui succédant. L'après-midi et la fin de journée, de quinze heures à vingt-et-une heures, sont propices aux manquements à la loi. Durant ces six heures se commettent 42,5 % des délits, soit une moyenne de 7,08 délit à l'heure ce qui en fait la tranche horaire privilégiée du délit. En soirée, la fatigue commence sans doute à se faire sentir, ce qui entraine une irritabilité accrue en multipliant les risques d'altercation ou de comportements délictueux. La fin de soirée de vingt-et-une heure à minuit, est relativement peu agitée en comparaison de l'après-midi. Il s'agit d'une période de transition, où les habitants se couchent progressivement. Cette période dure trois heures, elle est principalement animée de vingt-et-une heure à vingt-deux heures. Les cabarets ont pour obligation de fermer avant vingt-deux ou vingt-trois heures selon l'époque, ce qui clôt généralement les délits pour la nuit à moins que les clients ne fassent « le tour du village avec leur violon après la fermeture du cabaret194(*) ». La tranche horaire de minuit à cinq heures du matin, est la période la plus calme car le rythme de vie des paysans est étroitement lié à celui de la durée d'insolation. Vivant à l'heure solaire, la plupart des habitants du canton se couchent très tôt et se lèvent à l'aube. La nuit est donc dévolue au sommeil, et seulement 5% des délits sont nocturnes, pour une moyenne de 0,4 délit par heures.
Figure 20, les heures de la délinquance.
L'été, les dimanches, et les fins d'après-midi sont particulièrement criminogènes. L'hiver est la morte saison de l'infraction alors que Juillet est le mois par excellence de la délinquance. Si le délit varie dans le temps, il est envisageable que les différentes localités du canton présentent des divergences semblables, d'un point de vue géographique. * 191 (Cf : Figure 19, La délinquance selon les jours de la semaine, page suivante). * 192 ADV, 22u47, 1823 * 193 (Cf : Figure 20, les heures de la délinquance, page suivante). * 194 ADV 22u83, 1844. |
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