La délinquance dans le canton de Coussey durant le premier XIXème siècle( Télécharger le fichier original )par Hugues Herbillot Université Nancy 2 - Master 2009 |
B. Le cadre spatio-temporel de l'infraction.De nombreux facteurs influent sur la nature et l'intensité du délit. Le temps apparaît ainsi essentiel, tout comme le milieu physique et sa géographie. Certains évènements climatiques, économiques ou même politiques affolent périodiquement les statistiques de la délinquance. 1. Les temps du délit.La temporalité dans le délit permet d'en dégager des constantes, le nombre de délits variant considérablement en fonction des mois, des jours et des heures. a. Evolution annuelle de la délinquance.La délinquance suit des cycles saisonniers, ce qui est depuis longtemps admis par les historiens et les criminologues comme, le docteur Lacassagne qui montre l'importance des facteurs climatiques et thermiques sur les courbes saisonnières de la violence du XIX siècle186(*). L'Hiver est la basse saison de la
délinquance187(*). Les températures couramment négatives
peuvent atteindre les -20°c188(*). Durant l'hiver 1830, la température atteint
Figure 18, Evolution mensuelle du délit au cours de l'année. Pour des raisons évidentes, plus la journée sera longue en terme d'ensoleillement plus le risque que des délits soient commis augmente. Cette observation devrait faire du mois de juin, mois du solstice d'été, le mois le plus chargé de la délinquance, cependant curieusement c'est le seul mois qui ne s'insère pas dans la parfaite progression linéaire de la délinquance depuis février jusqu'au mois de juillet. La durée de jour joue néanmoins un rôle crucial, de nombreux délits ne peuvent être commis que de jours, à l'image de la vaine pâture, des délits de chasse ou encore des délits forestiers. Certains délits qui pourraient s'affranchir de la lumière comme le vol, les violences physiques ou les insultes, ne profitent pas de la nuit pour se commettre davantage. Dès lors la durée d'ensoleillement joue un rôle capital et multiplie le nombre de délit lorsqu'elle s'accroît. Aurore Véron dans son étude sur le bailliage de Bruyères190(*), explique les fortes proportions de délits commis l'été, par les travaux agricoles communautaires propres aux régions d'openfield. Les regroupements de paysans lors des moissons augmentent considérablement le risque d'altercation. L'auteur ajoute à cet argument l'alcool et la chaleur comme facteurs supplémentaires de risque de dérapage estival. Si de nombreux délits ne se commettent qu'en été, à contrario les délits de chasse et les infractions forestières sont plus nombreux en hiver mais ne sont pas assez conséquents pour infléchir nos statistiques saisonnières. Le printemps et l'automne, apparaissent comme deux saisons de transition. Ces deux saisons connaissent une augmentation puis une diminution avec une régularité presque parfaite de février à Juillet et de Juillet à Décembre. L'été est la saison privilégiée de la délinquance, la durée du jour accrue et les travaux agricoles en commun en sont les principales explications. De même que l'année la semaine est sujette à des variations importantes. * 186 BOUZAT, P, PINATEL, J, Traité de droit pénal et de criminologie, Paris, Dalloz tome, 1963, tome III, p 120-121. * 187 (Cf : Figure 18, Evolution du nombre de délit commis au cours de l'année). * 188 LEPAGE, H et CHARTON, CH, Le département des Vosges, Statistique historique et administrative, Aurillac, Berger-Levrault, 1845, p 329 * 189 (Cf : Annexes d'illustration, Annexe II. La délinquance selon les saisons, p 189). * 190 VERON Aurore, Entre Vosges et Jura, violence, criminalité et justice dans la France de l'est au XVII° siècle, La violence dans le ressort du Baillage et siège présidial de salins au XVIII siècle, Publications de la société savante d'Alsace, 2004, p 152. |
|