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Place des collectivités dans la prise en compte de la nuisance sonore d'origine routière

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par Sébastien BRANELLEC
Université de Poitiers - Master aménagement du territoire et developpement économique local 2004
  

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3 Révisions des documents d'urbanisme: des élus départementaux tiraillés

Rajoutant à la confusion, lorsque le Conseil Général est consulté lors de la révision des documents d'urbanisme par les communes ou EPCI, celui-ci impose que très rarement les marges de recul prescrites par la loi Barnier, prescrivant généralement la marge dérogatoire sans même que la commune n'ai à justifier de prescription particulière de protection des habitations de la nuisance sonore en provenance des routes départementales. Les bureaux d'étude chargés des révisions de PLU ont d'ailleurs bien saisi l'opportunité puisque certains proposent systématiquement aux communes ces marges de recul dérogatoires comme les maximums imposables, à charge au conseil général de rappeler la règle générale et au Conseiller Général du canton concerné qui suit également la procédure de révision du document d'urbanisme d'imposer le point de vue de la collectivité départementale. Ce disfonctionnement est souvent constaté sur les communes à forte pression immobilière notamment les communes littorales ou aux abords des agglomérations principales du département.

L'intervention préventive sur les documents d'urbanisme est un moyen efficace s'il est bien abordé de manière cohérente pour toutes les collectivités, mais il n'est pas suffisant pour pouvoir effectuer une régulation efficace sur une partie de territoire non couvert par un document d'urbanisme prévisionnel que constituent le PLU ou le SCOT. En côtes d'Armor 30 % des communes régissent la construction sur le territoire via les cartes communales pour l'élaboration desquelles l'assemblée départementale n'est pas associée.

Enfin le règlement de voirie du Conseil Générale laisse les maires fixer les limites d'entrée dans l' agglomération de leur commune sur les routes départementales après avis du Préfet et du Président du Conseil Général, autorisant ainsi à limiter la vitesse en dessous des 50 km/ h à l'intérieur et permettant ainsi également une réduction de la vitesse et par conséquent les la propagation de la nuisance sonore.

4 Des cultures de l'approche de la nuisance différentes selon les concepteurs

La prise en compte de la nuisance sonore dès la conception de l'infrastructure ne fait pas l'objet d'une réflexion globale à l'échelle des services de la collectivité. Les agents responsables de la mise en oeuvre de ses projets ne sont pas spécialement sensibilisés outre mesure à cette exigence. Il n'y a pas de guide de procédure, à l'instar de ce qui est réalisé pour le choix de procédure en matière de marché public dans la collectivité par exemple, sur la méthodologie à employer pour le choix et dimensionnement des dispositifs de protection phonique. En fait en s'entretenant avec les techniciens et ingénieurs chargés des opérations routières, il y a deux types d'approches.

La première consiste à appréhender dès la conception du projet toutes les nuisances y compris sonores et à faire en sorte que le projet soit conçu de telle façon à ce qu'il n'y ait pas ou peu de dispositifs à mettre en oeuvre ultérieurement, cela implique parfois de jouer sur la géométrie même de l'infrastructure routière en l'enterrant par exemple un peu plus ou écarter un peu plus le tracé d'un riverain potentiellement gêné. Cela suppose parfois que l'équilibre des mouvements de terre (déblais -remblais) soit quelque peu contrarié et peu nécessiter l'évacuation d'un trop plein de matériau en dehors du site du chantier et donc le marché de terrassement pourrait en être que plus onéreux pour le maître d'ouvrage.

La deuxième approche vise à offrir une infrastructure confortable aux usagers de la route sans qu'ils n'aient pour cela besoin d'être contrariés dans sa conduite par des éléments géométriques qui risquerait de le situer en position inconfortable.Par exemple des changements de pente provocant l'enterrement de la route sous le niveau du terrain naturel peu parfois engendrer une perte de tracé non propice au dépassement. Il y a également dans cette approche une vision toute économique consistant à réaliser l'infrastructure au plus simple pour que cela coûte le moins cher au maître d'ouvrage et donc au contribuable. C'est pourquoi l'on prend en compte la nuisance sonore qu'après avoir répondu aux premières exigences : confort et coût. Cette vision est d'autant plus confortée si aucune contestation locale ne vient mettre en cause les niveaux sonores atteints par l'infrastructure mais peut s'avérer très onéreuse s'il faut réduire les effets négatifs à posteriori.

Ainsi l'on voit bien que ces deux approches conceptuelles s'affrontent dans les services du Conseil Général sans que soit véritablement tranchée la méthodologie. Coincés entre la prévoyance des risques avec les moyens pour y remédier et le soucis de rendre le projet économiquement viable, l'autorité a parfois beaucoup de mal à dicter une conduite claire aux concepteurs. En fait, le traitement sonore de l'infrastructure lors de sa conception dépend pour beaucoup de la sensibilité de l'ingénieur face aux effets induits de l'infrastructure qu'il met en oeuvre. Sans qu'il soit nécessaire de mettre en cause sa compétence, il est quelque peu singulier de retrouver l'agent seul face à ce type problématique sans que l'élu ne se soit saisi de la question préalablement.

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