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Traitements sonores indirects
Lorsqu'il devient difficile de remédier directement sur
la source de l'émission sonore que constitue l'infrastructure, les
moyens existent pour que cette émission soit moins pénalisante
pour celui qui subit la nuisance. Ces procédés que l'on peut
qualifier d'indirects par ce qu'ils n'agissent pas sur la conception de la
source mais sur les conditions de réception de celle-ci, sont de plus en
plus utilisés par les intervenants publics, car ils offrent la
possibilité pour des acteurs qui sont dans l'impossibilité d'agir
sur l'infrastructure de répondre en partie à la demande de
protection publique vis-à-vis du bruit. D'autre part cela permet aux
maîtres d'ouvrage émetteur de la source sonore de mettre à
contribution des intervenants pluriels dans les projets et d'envisager un
traitement financier partagé.
2a Isolation phonique des bâtiments
L'isolation phonique des bâtiments est une technique
indirecte de protection contre les nuisances de type routière
directement appliquée sur les parois du bâti. Elle est
plutôt employée sur du bâti isolé pour lequel les
réductions à la source n'ont pas eu tous les effets
escomptés ou pour lequel la mise en oeuvre de dispositifs directs serait
disproportionnée tant en dimension que financièrement au regard
de la valeur vénale du patrimoine concerné.
Le procédé consiste sur les façades
directement exposées à la nuisance à remplacer les
huisseries pour les rendre plus isolante. L'on doit atteindre une
réduction de l'ordre de 30d(A) sur les ouvertures entre les niveaux
externes et internes au bâti (norme issue de la Nouvelle
Réglementation Acoustique qui est applicable entre autres aux fabricants
de fenêtres).L'on peut également pour atteindre ces niveaux,
promouvoir l'isolation des murs externes mais en règle
générale ils sont déjà de par leur épaisseur
très isolants phoniquement et suffisants.
Cette technique même si elle s'avère efficace pour
la protection du bâti, n'offre pas la protection des abords externes du
Bâti. Ainsi les propriétaires sont protégés dans
leur maison, mais pas dans leur jardin.
2b Limitation de vitesse sur infrastructure
La limitation de vitesse sur les infrastructures voir son
abaissement est un bon moyen à disposition des collectivités
pour réduire les émissions sonores en provenance des
infrastructures routières. C'est une mesure qui est surtout possible en
milieu urbain où les trafics supportés par l'infrastructure
sont importants et la nuisance plus forte. On peut estimer par exemple que les
"zones 30" en zone urbaine ont permis des réductions permettent une
réduction significative de l'ordre de 2 à 3 dB(A) par rapport aux
niveaux obtenus avec une vitesse limite de 50 Km/h. Cette réduction
sonore est due principalement au fait que le régime moteur des
véhicules est plus bas. Ces zones urbaines étant du pouvoir de
police du Maire, c'est donc un moyen efficace de prévention que la
collectivité communale peut se donner.
Sur les voies rapides inter-urbaines l'abaissement de vitesse
permet une réduction encore plus significative des niveaux sonores
puisque l'on peut espérer gagner 4 à 5 dB(A) pour un abaissement
de vitesse de 130 à 100 Km/h.
Ces mesures même si elles sont assez efficaces ne sont
pas souvent mis en oeuvre dans le but d'une réduction sonore mais plus
dans un souci d'efficacité de sécurité pour les usagers de
la route et les riverains. La réduction sonore ne serait qu'un effet
induit de la mesure. On voit par ailleurs qu'en zone interurbaine aucune mesure
de réduction de vitesse n'est prise à cet effet si
l'infrastructure n'est pas répertoriée comme dangereuse à
l'usage de la conduite.
2c Démolition du bâti
lésé
Le flegme britannique nous propose souvent des solutions
évidentes et efficaces pour lutter contre le bruit. Ainsi plutôt
que réduire l'émission la nuisance de façon
générale nos voisins pratiquent quelques fois la technique
plutôt surprenante vu de France consistant à supprimer
l'exposé au préjudice plutôt que mettre en oeuvre les
dispositifs de protection de la nuisance. Ainsi l'acquisition et la
démolition de bâti à proximité d'une infrastructure
émettrice bruit peut être un moyen de gestion de la nuisance sur
un projet. Même si elle ne contribue pas à réduire à
la source l'impact sonore de la route, elle offre une alternative pour les
riverains lésés.
Les maîtres d'ouvrage sont de moins en moins
réticents à cette option car il est parfois de bonne gestion des
deniers publics que de comparer cette option à la mise en oeuvre de
disposition de protection parfois onéreuse. Cette technique est une
bonne réponse lorsque l'infrastructure rencontre du bâti
isolé peu nombreux, mais se heurte également aux règle de
l'achat foncier public. En effet chaque propriété à
acheter par un maître d'ouvrage public doit faire l'objet d'une
évaluation préalable des Domaines de l'Etat. Cette
évaluation fixant le prix auquel la puissance publique est susceptible
acheter le bien, la collectivité se retrouve souvent avec peu de marges
de négociation sur l'achat du bien souvent sous-estimé au regard
de ce que le propriétaire en attend.
Ainsi cette méthode toute anglo-saxonne qu'elle soit,
doit également s'accompagner d'un système de compensation du
préjudice qui va bien au-delà de l'achat du bien. Ainsi certaines
collectivités confrontées à cette problématique se
propose d'épauler le propriétaire lésé en l'aidant
à se reloger dans le parc locatif public ou en vendant aux
propriétaires lésés des terrains constructibles de son
parc privé à des prix plus intéressants que le prix du
marché.
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