e 104 à Paris en 2008: Un projet de transversalité artistique et sociale ?( Télécharger le fichier original )par Elsa Gobert Université Paris III - Master 1 2007 |
c : « La norme engendre le déclin »44(*)L'art est aussi une manière de protester contre les valeurs établies, ou tout du moins c'est une dénonciation, une idée à faire passer. Or, si l'institution rattrape l'art et tend vers la normalisation de ce dernier, est-ce que ce n'est pas la fin annoncée de nouveaux territoires de l'art qui deviennent des modèles pour les lieux institutionnels ? Le Rapport Lextrait a permis de recenser ces nouveaux lieux. Mais une fois qu'ils deviennent modèles, ils perdent de l'extravagance, de leur origine. Observons ce phénomène avec un autre type de manifestation artistique illégale qui maintenant devient de plus en plus instituée : le Technival du premier mai. L'état prête un terrain pour cette immense Rave Party qui à lieu tous les ans, le premier week-end de mai. Mais maintenant il y a de plus en plus de contrôles, de policiers, la presse est présente sur le site, les « teuffeurs » sont filmés. Et l'événement perd son aspect de rassemblement libre, qui faisait son dynamisme. Les « teuffeurs » organisent pour répondre à cette institutionnalisation qu'ils critiquent un contre-technival. La collectivité des « teuffeurs » est alors scindée en deux : les « vrais teuffeurs », qui ne vont pas au Technival, qu'ils surnomment « Sarkoval » et les autres, pour l'instant adeptes du Technival officiel. Ainsi, la communauté des teuffeurs est divisée, elle ne fait plus une. Est-ce que ça n'est pas le même phénomène qui se produit avec le « 104 » ? Déjà je commence à entendre, quand je parle du lieu, des critiques de la part de la communauté artistique, adepte des nouveaux territoires de l'art, qui reproche au lieu d'être trop propre, trop proche de l'institution, pas assez en marge. Et, il commence à naître au sein de cette communauté artistique des clans : ceux qui profitent de l'espace qui leur est offert par la Ville pour travailler leurs arts et échanger avec le public, et ceux qui mettent à l'index le lieu et qui se dirigent vers d'autres lieux artistiques plus en marge. Mais quels nouveaux lieux sont alors à inventer ? et par qui ? Dans ce que l'on a nommé « les nouveaux territoires de l'art » on verra bientôt se confondre lieux et pratiques de médiation. Le 104 est-il simplement un « nouveau territoire » emblématique de l'actuelle institutionnalisation de lieux et de pratiques hier marginales ? Ouvre-t-il le champ culturel à des pratiques et des modes de médiation nouveaux ? quelles en sont les sources et les évolutions possibles ? C'est autant de questions qui seront abordées dans la deuxième partie. * 44 LYOTARD, Jean-François. Rudiments païens : genre dissertatif. Paris : Union générale d'éditions, 1977. 249p. p.246. |
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