Identité culturelle dans "Bleu Blanc Vert" de maissa bey( Télécharger le fichier original )par Souad et Amine Khaldoun Centre Universitaire Moulay Tahar - Saida - Licence en langue française 2007 |
II-Etude des personnages:Dans ce roman, on trouve deux personnages qui relatent leurs quotidiens, la famille, l'environnement, à travers leur regard d'adolescence puis d'adulte avant de vivre ensemble. Leurs familles vivent à Alger. Mais les jeunes se rencontrent fatalement, s'apprécient, puis se fréquentent jusqu'au mariage. L'histoire s'arrête en 1992 avec leurs déménagements.
Tous deux sont enfants de "moudjahidine", deux enfants qui vont à l'école. Ils ne se connaissent pas et pourtant ils habitent dans le même immeuble. 1962, est leur première année de lycée dans un pays qui vient d'obtenir son indépendance. Ces personnages vont découvrir de nombreux changements : l'hymne, le drapeau algériens, l'interdiction d'utiliser, pour écrire, les couleurs du drapeau français : le « rouge » devant être remplacé par le « vert », la suppression de l'histoire de France enseignée jusque là, la présence des filles à l'école jusque là réservée aux garçons ... « Toute histoire est histoire des personnages, c'est pourquoi leurs analyse est fondamentale, et à mobiliser nombre de chercheurs »29(*) Tomacheverski affirme: « Le personnage est utilisé par l'écrivain pour faciliter l'intention du lecteur en représentant un point de convergence dans "l'amoncellement des motifs", il est lui-même caractérisé par un certain nombre de motifs »30(*) La narratrice explore deux instances discursives "Elle" et "Lui", où le "Je" rapporteur du discours échangé, entre Lila (elle) et Ali (lui), met en exergue les relations individuelles qui tissent le récit. Sous cette perspective relationnelle, le roman brosse une peinture sociopolitique profonde, d'une lucidité impitoyable. Ainsi le récit tisse et re-présente alternativement le rôle strict et égal des deux embrayeurs, mis en miroir ou en opposition, exprimant par ailleurs une différence du statut social et de l'identité culturelle.
En effet, Lilas et Ali ont un rôle essentiel dans l'organisation textuelle de histoire, ils déterminent les actions, les subissent, les relient et leurs donnent un sens. « Nous sommes Arabes, Arabes. Comme ça, on a bien compris. Et tous frères. Maintenant, on est frère, Arabes et socialistes » 31(*) « Ma mère n'a pas osé rire devant elle. Zohra ne sait pas très parler français, mais avec ma mère, elle se permet. Parce que ma mère est instruite »32(*) « Elle s'appelle Lilas. Avant elle, je n'avais jamais entendue ce prénom [...]. »33(*) Ces personnages sont décrits, d'une part, comme le support de l'action, d'autre part, comme les principaux véhicules aux articulations thématiques du roman. Selon Barthes, les personnages se définissent, d'abord, par leurs fonctions, c'est -dire par ce qui est de l'ordre du "fait "et ce qui fait avancer l'action.
« J'aime surtout son émoi et ses impatiences lorsque nous sommes seuls, lorsque nous sommes proches. Il dit que je me pose trop de questions » 34(*) La narratrice consacre quelques pages à la vie estudiantine de Ali et Lilas, aux grèves et aux manifestations qui se sont déroulées à l'époque des années70, mais surtout, elle a retracé leur parcours individuel. II.1-Les personnages principaux:a)-Ali:L'identité du personnage Ali n'apparaît que dans la page 18 « j'avais sept ans quand il est sorti de chez nous »35(*), grand de taille et très maigre « j'ai du flair parce que je ressemble à un sloughi »36(*), il aime son village, « J'aime bien mon village, j'aime beaucoup mes chèvres. Là-bas, je pouvais sortir, courir, aller sur la colline pas très loin »37(*), à 13ans (en 1962), il devenait soutien de la famille après le départ du frère Hamid pour l'Union soviétique. Ali est un personnage émotif et intense. Une fois engagé dans une relation, il se jette corps et âme dedans. Rien ne l'arrête, aucun garde fou. Il consume totalement et désire quelqu'un d'aussi passionné et acharné. Il est émancipé et libertin, il croit à la liberté sexuelle. Il est prêt à tout essayer quand l'envie y est. Il aime également materner son partenaire. « Lilas et moi. On peut se voir sans que paraisse anormal aux yeux de ses frères ou des locataires. Et nous, on ne peste pas contre l'obscurité dans les escaliers ! Bien au contraire. Il n'y a que là qu'on peut s'embrasser. S'embrasser vraiment, et même aller un peu plus loin »38(*) « [...] J'ai même parlé d'elle à ma mère [...] j l'aime. »39(*) * 29 Yves Reuter, introduction à l'analyse du roman, Sous la direction de Daniel Bergez. Sur les presses de S.N.E.L. Rue Vincent. Mai 2003, p 27 * 30 Théorie de la littérature, édition du seuil, 1966, texte des formations russes, traduit par T Todorov. * 31 Maissa Bey, « Bleu Blanc Vert », p 53. * 32 Ibid, p56. * 33 Ibid, p72. * 34 Ibid, p96. * 35 Maissa Bey, « Bleu Blanc Vert », p18. * 36 Ibid, p43. * 37 Ibid, p31. * 38 Ibid, p90. * 39 Ibid, p91. |
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