Identité culturelle dans "Bleu Blanc Vert" de maissa bey( Télécharger le fichier original )par Souad et Amine Khaldoun Centre Universitaire Moulay Tahar - Saida - Licence en langue française 2007 |
b)- Lilas:A sa naissance, son père l'à prescrit à l'état civil sous le prénom de Leila (Nuit), et malheureusement le préposé au guichet, qui est un français, l'a transcrit autrement, en l'écrivant Lilas (Nom d'une fleur) « J'aurais du m'appeler Leila »40(*), à 12ans en 1962. Elle découvre la lecture chez la voisine de palier. Le livre deviendra sa seule consolation. Très jeune elle prend conscience de la ségrégation et des rapports de domination entre les hommes et les femmes: « Je me demande pourquoi on fait une fête pour les garçon (la circoncision), et rien pour les filles le jour où elles deviennent des femmes. On dirait que c'est honteux de devenir une femme »41(*).Elle tient un journal intime, des meilleures notes au lycée. Elle écrit des poèmes à celui qu'elle ne connaît pas encore, à « celui qui viendra un jour habiter mes rêves »42(*). Elle écrit un texte qu'elle retrouve plus tard comme des fleurs séchées « Comme fleurs séchées entre les pages d'un livre »43(*) Lilas joue un rôle important dans cette fiction. Personnage très romantique, idéaliste, et pourtant elle est convaincue que l'amour est une souffrance. Elle finit par céder aux tentations de son partenaire. Lilas est sincère, passionnée, rêveuse et ne pouvait s'empêcher de tomber amoureuse. Elle est fantasmez et emballée par les films et les magazines ; discrète parfois, refusant de parler aux autres de sa vie secrète et de ses fantaisies sexuelles. « J'aime Ali. J'aime ses mains posées sur moi. Jaime l'image qui me donne de moi. C'est une sensation merveilleuse que de plonger mes yeux dans les siens et de m'épanouir dans son regard. »44(*) « Chaque film est suivi d'un débat au Ciné-pop. J'attends avec impatience la fin de la semaine pour y aller [...] j'ai beaucoup aimé le de « Le Cuirassé Potemkine ».Surtout la séquence où les habitants d'Odessa viennent soutenir les marins du cuirassé. »45(*) Ces deux héros sont des personnages qui reçoivent la teinte émotionnelle la plus vive et la plus marquée. c)-La vie du couple:« [...] et mieux encore, de savoir aimée. Même si je n'arrive pas à savoir ce que je ressens pour lui. Je ne sais pas si je l'aime. Mais j'aime qu'il m'aime »46(*). Ali aime Lilas, il la compare à Anna Karina. Ils se rencontrent en cachette dans l'escalier de leur immeuble, plus tard ils se croisent dans l'appartement de Lila. Ils passent le bac ensemble la même année. Ils se fréquentent à l'université. Ils ont décidé de se marier. Tous deux travaillent: lui est un avocat, associé à un ami de l'université, Lila est psychologue dans un centre de santé. Ali, de plus en plus, " se fait un nom" alors ils se voient peu. Cependant, Lila porte en elle le fardeau de générations de femmes, elle veut s'en défaire mais cela n'est pas du goût de Ali. Les malentendus commencent .Leur fille Alya comble le fossé qui a commencé à se creuser entre eux, leur relation se tend : pour Lila « c'est sûr il n'y a rien d'autre que ma fille »47(*) Ali est prisonnier des affaires. Il ressemble, de plus en plus, à son père, ce que lui dit d'ailleurs Lilas sans hésitations. Elle lui lâche sa sentence après l'avoir tournée et retournée dans sa tête. « Je ne te reconnais plus depuis que tu t'es mis à ressembler à ton père »48(*) Puisqu' il y a une différence de culture entre les deux personnages; le sentiment éprouvé par Lilas, d'être délaissé par Ali, est le même senti par la mère de Ali. Donc Lilas dénonce l'injustice faite aux femmes à travers le père de Ali qui rejette, en toute impunité, une épouse entièrement dévouée. Ce comportement absurde creuse une différence entre les deux familles, dont l'une est conservatrice (la femme est très négligée et méprisée ; qui n'a pas sa place dans la hiérarchie familiale). Par contre la deuxième famille émancipée, communique avec son entourage puisqu'ils lui ont autorisée d'enlever le voile sans aucune contrainte. Lilas et Ali s'offrent quelques moments de répit en septembre 1988. Ils s'envolent à Paris pour quelques jours : « nous avons décidé d'aller en France »49(*). Lilas est à la fois résignée et "espérante" comme chaque Algérien, tendu vers le bleu du ciel, le vert de l'espoir. « L'homme est donc une sorte
d'éphémère qui ne revit jamais ce jour unique qui est
toute sa vie », écrit Paul Valéry dans ce passage que
la romancière a mis en exergue. Lilas et Ali sont de poignants éphémères, comètes lancées par l'histoire vers ce qu'ils ne peuvent arrêter, lueurs uniques et fragile « Personne, j'en suis sûre ne peut assassiner l'espoir »50(*), dit Lilas à la fin du roman, portée par un élan qui traverse la nuit. "L'espoir appartient à la vie. C'est la vie même qui se défend"51(*) Julio Cortázar * 40 Maissa Bey, « Bleu Blanc Vert », p25. * 41 Ibid, p76. * 42 Ibid, p35. * 43 Ibid, p109, 110. * 44 Ibid, p96. * 45 Maissa Bey, « Bleu Blanc Vert », p 68. * 46 Ibid, p105. * 47 Ibid, p167. * 48 Ibid, p 220 * 49 Maissa Bey, « Bleu Blanc Vert », p248. * 50 Ibid, p 284. * 51 Ibid, p 284. |
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