B. Évolution de l'action de l'O.N.U. en
matière d'assistance technique
Une vue globale sur l'activité de l'Organisation des
Nations Unies nous permet de relever l'évolution quantitative de
l'assistance technique en faveur d'un nombre d'États toujours
croissant.
Cette augmentation des demandes d'assistance a suscité
une institutionnalisation de l'action de l'O.N.U. en la matière. Dans ce
cadre, l'Assemblée Générale de l'O.N.U. a adopté
une résolution dans laquelle elle a approuvé la demande du
Secrétaire Général pour la désignation d'un haut
fonctionnaire chargé de centraliser les demandes des États qui
87 DE RAULIN (A), "L'action des observateurs
internationaux dans le cadre de l'O.N.U. et de la société
internationale", R.G.D.LP 1995, volume 3, p. 590.
organisent les élections88. Cette même
résolution a prévu que le haut fonctionnaire aurait pour mission
"d'établir et tenir à jour une liste d'experts internationaux
susceptibles de fournir une assistance technique"89. La
tâche confiée à ce fonctionnaire est entreprise avec le
concours du Groupe de l'assistance électorale de l'O.N.U.
créé en janvier 1992 et devenu opérationnel le ler avril
de la même année.
A travers cette institution, l'O.N.U. a pu répondre
à plusieurs demandes d'assistance. Ainsi, en 1992, l'O.N.U. a
accordé une assistance technique en prévision d'élections
à douze pays90.
Le Secrétaire Général de l'O.N.U. a
exprimé sa satisfaction de cette activité en relevant que
"L'Organisation des Nations Unies contribue de plus en plus à
favoriser la démocratisation en cours dans un certain nombre de pays et
à leur fournir une aide technique pour leur processus électoral".
Il est même "particulièrement heureux de pouvoir
répondre aux demandes
d ' appui"91
Le cas du Mozambique nous fournit un exemple de l'aide technique
apportée par l'O.N.U.
Au début du mois de septembre 1992, deux équipes
techniques ont été envoyées au Mozambique pour
évaluer les besoins en ressources humaines et matérielles dans ce
pays. La première équipe qui nous concerne dans le cadre de cette
étude est une équipe technique. Elle avait pour mission de
collecter "les informations nécessaires pour définir le
mandat, la conception des opérations et la dotation en effectifs de la
composante électorale de la mission. Elle a aussi examiné comment
l'Organisation des Nations Unies pourrait le mieux fournir un soutien technique
pour le
88 Résolution 46/137 A.G./O.N.U. (XXXXVI) du 17
décembre 1991, "Renforcement de l'efficacité du principe
d'élections périodiques et honnêtes".
89 Ibid.
90 Les pays bénéficiaires de cette
assistance sont : l'Albanie, le Congo, El Salvador, l'Ethiopie, la
Guinée, le Liberia, le Madagascar, le Mali, le Rwanda, le Togo et
l'Angola. voir BOUTROS - GHALI (B), rapport sur l'activité de
l'Organisation, septembre 1992, p. 40.
91 BOUTROS - GHALI (B). Rapport du
Secrétaire Général sur l'activité des
l'Organisation de la quarante septième session de l'Assemblée
Générale, septembre 1992, p. 40.
processus électoral, et s'est demandée si
des concours seraient nécessaires, par exemple en matière de
rédaction, de planification budgétaire, de communication ou
d'informatique"92.
Un autre exemple concrétisant l'aide de l'O.N.U. aux
pays en matière d'assistance technique est celui des Philippines. En
effet, le P.N.U.D. a fourni à la commission électorale des
Philippines une assistance pour créer un système d'information et
de gestion ainsi que pour moderniser les procédures électorales.
La même assistance a été accordée au Kenya pour ses
élections législatives du 29 décembre 1992. Dans ce
dernier cas, l'O.N.U. a coordonné l'action d'un groupe de 54
observateurs internationaux.
Ajoutons que ces opérations ont été
menées par le P.N.U.D. et par la division des projets mondiaux et
inter-régionaux qui financent un "projet de renforcement de
l'administration électorale dans les pays en voie de
développement"93.
Depuis la création du Groupe de l'assistance
électorale, l'O.N.U. a accordé son assistance technique à
plusieurs États membres mais le continent africain a été
le principal bénéficiaire de cette action. Cela peut s'expliquer
par le fait que la plupart des États africains sont des États
démunis de toute tradition démocratique. Ce sont des États
qui veulent, aujourd'hui, prouver à l'O.N.U. leur adhésion au
régime démocratique libéral. C'est pour cette raison que
l'Organisation Mondiale ne manque pas d'apporter son appui à ces
États qui ont toujours représenté pour elle un souci.
Certains États ont bénéficié de
l'assistance électorale de l'O.N.U. pendant plusieurs années.
C'était le cas du Mozambique qui, à part l'aide qui lui a
été accordé en 1992, a été assisté
par une mission conjointe de l'O.N.U. et de l'Union Européenne en
1993.
Pendant l'année 1994, l'O.N.U. a poursuivi son
rôle de coordination et d'appui dans ce pays. Le Secrétaire
Générale de l'O.N.U. a considéré dans son
Rapport sur l'activité de l'Organisation que le rôle de
l'O.N.U.
92 SAMKANGE (S), " L'O.N.U. et le processus de la paix
au Mozambique". Le trimestre du monde, 1er trimestre, 1994, p. 153.
93 Voir BEIGBEDER (Y), op. cit. p. 62.
consisterait à contribuer techniquement à la
préparation des élections en créant un cadre propice
à la création d'un gouvernement dans des conditions
sécurisantes.
Quelques données chiffrées nous permettrons de
saisir l'ampleur de l'assistance technique apportée à ce pays
conjointement par l'O.N.U. et par dix sept pays. En effet, cette assistance
s'est concrétisée par la formation de 2600 agents
électoraux, 8000 agents de recensement, 1600 agents chargés de
l'éducation civique, 5200 scrutateurs et 12 personnes
détachées par le P.N.U.D. auprès de la Commission
électorale nationale. L'O.N.U. a aussi affecté quelques
volontaires à chacune des circonscriptions électorales. De
même, elle a créé un fonds d'affectation spéciale
pour l'assistance aux partis politiques qui n'ont pas signé l'accord de
paix, à préparer les élections ce qui constitue une action
favorable au pluralisme politique.
En plus du cas du Mozambique, et pendant l'année 1995,
douze autres pays ont bénéficié de l'assistance technique
de l'O.N.U.94. Selon le rapport du Secrétaire
Général de l'O.N.U. sur l'activité de l'Organisation en
1995, onze autres missions d'évaluation des besoins ont
été organisées pendant la même année.
Cet effort entrepris par l'O.N.U. ne nous empêche pas de
préciser que l'Organisation n'a pas toujours accepté les demandes
des États et ce, soit pour des raisons tenant au court délai
prévu pour préparer son aide, soit, dans certains cas, pour
manque de fonds95.
Malgré ces quelques cas de refus, on peut dire que les
nombreux cas d'assistance techniques témoignent d'un effort fourni par
l'Organisation des Nations Unies pour aider les États à organiser
leurs élections. Un effort qui s'avère plus important dans le cas
où l'O.N.U. effectue une vérification du processus
électoral.
94 Ces États sont : Le Brésil, El
Salvador, la Guinée Équatoriale, Haïti, le Honduras, le
Liberia, Les Malawi, le Mexique, la Namibie, le Niger, l'Ouganda et Sierra
Leone. Voir BOUTROS - GHALI (B). Rapport du Secrétaire
Général sur l'activité de l'Organisation, 1995, p.
142.
95 C'était le cas du Swaziland lorsqu'il a
demandé une aide financière durant l'année 1994. Voir
BOUTROS - GHALI (B). "Pour la paix et le développement", Rapport
annuel sur l'activité de l'Organisation, 1994, p. 293.
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