DES OPÉRATIONS CROISSANTES EN MATIÈRE
D'ASSISTANCE TECHNIQUE
L'assistance technique en matière électorale
n'est pas le propre de l'O.N.U. Plusieurs États ou groupe d'États
ont envoyé ces dernières années des fonctionnaires dans
les pays demandeurs de l'assistance afin de les aider à préparer
le cadre matériel des élections.
Une étude de la nature de l'assistance technique (A)
nous permettra de mieux comprendre l'évolution et la fréquence de
ce mode d'assistance en matière électorale
(B).
A. La neutralité de l'assistance technique
Normalement, toute assistance doit être neutre. Par
définition même, assister quelqu'un c'est l'aider à faire
quelque chose qu'il a lui même choisi. Ainsi nous pouvons affirmer que
l'assistance technique accordée par l'O.N.U. aux États qui la
demandent n'affecte en rien les choix de ces États en matière
électorale.
La neutralité de cette assistance est donc parfaitement
compatible avec la souveraineté des États et avec le
caractère consensuel du droit international. C'est ce qui explique le
recours fréquent à ce type d'assistance.
Opération souple, pas très complexe et surtout
efficace, l'assistance technique consiste à apporter un appui
matériel dans divers domaines. Cet appui peut être strictement
financier et dans ce cas l'O.N.U. fournit cette assistance principalement
à travers l'institution du Programme des Nations Unies pour le
développement (P.N.U.D.).
En effet, l'aide du P.N.U.D. en matière
électorale est une tâche qui est nouvelle puisque cette
institution a été créée, à l'origine, pour
accorder son aide au développement économique et social aux
États qui en ont besoin.
Dans son rapport sur l'activité de l'Organisation en
1993, le Secrétaire Général de l'O.N.U., M. Boutros
BOUTROS - GHALI a relevé que l'aide du P.N.U.D. "est de plus en plus
sollicitée lorsqu'il s'agit de tenir des élections, d'engager le
processus de démocratisation et de garantir la protection juridique et
les droits de l'Homme"86. Dans ce même rapport, on a pu
constater à titre d'exemple que rien que sur le continent africain, le
P.N.U.D. a participé avec une somme de deux millions de dollars pour
l'année 1992 répartie entre huit pays.
Outre l'aide financière, l'assistance technique peut
comprendre l'aide dans l'organisation des élections, dans la formation
d'un personnel capable de mener à bien l'opération
électorale, dans l'éducation civique et en matière
d'information.
86 BOUTROS - GHALI (B), Rapport sur
l'activité de l'organisation de la quarante septième à la
quarante huitième session de l'Assemblée Générale,
septembre 1993, p. 71.
Ce qui mérite d'être noté, c'est qu'en
pareil cas, l'assistance technique ne fait pas intervenir un pouvoir
discrétionnaire de l'O.N.U. En effet, on peut même dire que
l'Organisation des Nations Unies se limite à exécuter les choix
des États qui ont fait appel à son appui. Ce qui fait que "...
L '0 .N.U. maintient un profil politique relativement plus bas que lors des
missions de vérification tout en assurant un soutien efficace à
ce processus politique important"87 . C'est
précisément ce profil bas qui nous pousse à parler de la
neutralité de l'action de l'O.N.U. en matière d'assistance
technique.
La conséquence de cet engagement peu poussé est
que l'activité de l'Organisation des Nations Unies n'exige ni
l'approbation du Conseil de Sécurité ni celle de
l'Assemblée Générale.
La neutralité de cette action dans le domaine
électoral se confirme par le fait que le rôle de l'O.N.U. prend,
en principe, fin avec la réalisation de l'aide ce qui veut dire
qu'aucune déclaration sur l'équité ou même la
régularité des élections n'est prononcée.
Ce qu'on peut conclure de ce qui précède, c'est
que c'est la nature même de l'assistance technique qui a fait son
succès et sa fréquence sur le plan international et qui explique
l'évolution continue des demandes des États pour en
bénéficier.
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