L'AUTONOMIE CONSTITUTIONNELLE : UN PRINCIPE BIEN
ANCRÉ EN DROIT INTERNATIONAL
Attribut de l'État, la souveraineté constitue
"une pierre d'angle" dans les relations internationales. L'une des
conditions ou des critères de cette souveraineté est
l'indépendance de l'État129.
En vertu de ce principe, il appartient à l'État
et a lui seul de déterminer son régime politique, son
système économique, social et culturel ainsi que sa politique
étrangère.
La Charte de l'O.N.U., adoptée pour régler les
rapports inter-étatiques dans une société internationale
hétérogène, n'a prévu qu'une seule condition quant
à la nature d'un État candidat à être Membre :
être pacifiquel3o.
En droit international, le principe de l'autonomie
constitutionnelle n'a connu qu'une seule exception expresse qui consiste en la
condamnation du régime de la discrimination raciale de l'apartheid.
Cette exception a été institutionnalisée par de nombreuses
conventions internationales qui ont condamné les régimes
politiques fondés sur la discrimination raciale, c'est le cas notamment
de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes
de discrimination raciale adoptée sous les auspices de l'O.N.U. en date
du 21 décembre 1965 et entrée en vigueur le 4 janvier 1969 ainsi
que la Convention internationale sur l'élimination et la
répression du crime d'apartheid adoptée par la résolution
3068 de l'Assemblée Générale de l'O.N.U. en date du 30
novembre 1973 et entrée en vigueur le 18 juillet 1976. En dehors de ce
cas, la positivité du principe de l'autonomie constitutionnelle a
toujours fait obstacle à toute théorie de
légitimité politique.
Ainsi nous pouvons dire que le droit international est
indiffèrent vis-à-vis de la nature des régimes
politiques des États. Une logique tout à fait
129 Cf DUPUY (P-M), Droit International Public,
Paris, Dalloz, 1993, p. 21.
130 L'article 4 (1) de la Charte de l'O.N.U. dispose que
"1- peuvent devenir Membres des Nations Unies tous autres États
pacifiques qui acceptent les obligations de la présente Charte et, au
jugement de l'Organisation, sont capables de les remplir et disposées
à le faire". De même la C.I.J. dans son avis sur "Les
conditions de l'admission d'un État comme membre des Nations Unies"
du 28 mai 1948, interprétant l'article 4 de la Charte, a
"déclaré que les conditions posées pour l'admission
des États sont limitatives et que, si elles sont remplies par un
État candidat, le Conseil de Sécurité doit faire la
recommandation permettant à l'Assemblée Générale de
statuer sur l'admission" cf LAGHMANI SLIM, Répertoire
élémentaire de jurisprudence internationale, Tunis,
C.E.R.P., 1993, p. 47.
conforme au principe de l'égalité souveraine. Le
principe de l'autonomie constitutionnelle se trouve alors consacré par
le droit international positif (A) ainsi que par la jurisprudence
internationale (B).
|