b. L'observation des élections au Mozambique
Outre l'assistance technique apportée à ce pays,
le Mozambique a sollicité l'assistance de l'Organisation des Nations
Unies en matière d'observation électorale.
Ainsi, après la conclusion d'un accord de paix, le 4
octobre 1992 entre le gouvernement et la Resistencia National
Moçambicana (RENAMO); le Conseil de Sécurité de l'O.N.U. a
décidé, par sa résolution 797 du 16 décembre 1992,
la création d'une opération des Nations Unies au
99 DE CUELLAR (J - P). Rapport du
Secrétaire Général sur l'activité de
l'Organisation, 1990, p. 8.
100 Résolution 45/15 A.G./O.N.U. (XXXXV),
"la situation en Amérique centrale : menaces contre la paix et la
sécurité internationales et initiatives de paix" du 20
novembre 1990.
Mozambique (O.N.U.MOZ.). C'est une opération qui
s'insère dans les opérations de maintien de la paix menées
par l'O.N.U. Précisons que ces opérations n'ont été
prévues ni par le chapitre VI ni par le chapitre VII de la Charte. Ce
sont des opérations basées sur ce que la doctrine appelle le
chapitre VI bis.
L'O.N.U.MOZ. devait agir sur quatre plans : politique, militaire,
humanitaire et électoral.
Le cadre de notre recherche nous impose de n'étudier
que l'aspect électoral de cette opération. Une
énumération des fonctions de la composante électorale de
l'O.N.U.MOZ. nous est fournie par une étude concernant "l'O.N.U. et
le processus de la paix au Mozambique"101. En effet, cette
composante électorale avait pour tâches de :
a) vérifier l'impartialité de la Commission
électorale nationale.
b) vérifier que les partis politiques jouissent d'une
entière liberté d'organisation et d'expression.
c) vérifier que ces partis bénéficient d'un
égal accès aux médias.
d) vérifier la régularité des inscriptions
sur les listes électorales.
e) informer les autorités locales des plaintes concernant
les irrégularités afin de les corriger.
f) observer les activités relatives au processus
électoral : inscription sur les listes électorales, organisation
du scrutin, campagne électorale, le scrutin en soi ainsi que le
dépouillement des bulletins et la proclamation des résultats.
g) prendre part à la campagne d'information sur les
élections.
h) établir des rapports périodiques sur le
déroulement du processus électoral qui seront communiqués
au représentant spécial intérimaire du Secrétaire
Général.
Cette liste de fonctions confiées à l'O.N.U.MOZ.
nous démontre que l'action de l'O.N.U. dans ce pays a embrassé
tous les aspects du processus électoral. Il s'agit là d'un
engagement poussé de l'Organisation en vue de réussir des
élections libres.
101 SAMKANGE (S), art. cit., Le trimestre du
monde, 1994, 1er trimestre, pp. 147 - 176.
Pour mener cette opération, cent quarante huit
fonctionnaires internationaux ainsi que des volontaires ont été
mis à la disposition de la division électorale de l'O.N.U.MOZ.
Pour l'opération entière mille deux cent observateurs ont
été répartis dans des bureaux de régions et des
bureaux de circonscriptions.
Malgré cet effectif important, le processus
électoral au Mozambique a connu certaines entraves dues
généralement à un désaccord entre le gouvernement
et la RENAMO sur la composition de la Commission électorale nationale
ainsi que sur le projet de la loi électorale ce qui a conduit le Conseil
de Sécurité à adopter une résolution pour demander
à tous les partis de parvenir à un accord sur cette
1oi102. Ce désaccord a retardé la date des
élections qui n'ont eu lieu qu'entre le 27 et 29 octobre 1994.
Après la proclamation des résultats, le
représentant spécial du Secrétaire Général
de l'O.N.U. a déclaré que ces élections avaient
été libres et régulières. Le Conseil de
Sécurité de l'O.N.U. a confirmé cette déclaration
sans réserve.
Les résultats de cette action de l'O.N.U. pour exhorter
le Mozambique à établir un régime démocratique ont
été inattendus pour certains observateurs dont le
Secrétaire Général de l'O.N.U. qui n'a pas
hésité à relever les difficultés que pouvait
rencontrer cette opération dans un pays caractérisé par
une superficie étendue et par une économie ravagée.
Du reste, le règlement global du conflit Mozambicain
semble être atteint ainsi que les objectifs de la composante
électorale de l'O.N.U.MOZ. Le Secrétaire Général de
l'O.N.U. a pu conclure : " Ces élections ont marqué
l'aboutissement de l'une des opérations les plus réussies de
l'Organisation des Nations Unies sur le plan de l'instauration de la paix, de
la consolidation de la paix, de l'aide humanitaire et de l'assistance en
matière électorale"103.
c. L'observation des élections en Afrique du
Sud
102 Résolution 863 C.S / O.N.U. du 13 septembre
1993.
103 BOUTROS GHALI (B). Rapport du
Secrétaire Général sur l'activité de
l'Organisation, septembre 1995, p. 112.
Lors d'une session extraordinaire de son Assemblée
Générale, l'Organisation des Nations Unies a adopté une
Déclaration sur l'apartheid et ses conséquences destructrices en
Afrique Australe104.
Les objectifs de cette déclaration visent à ce
que l'Afrique du Sud devienne un pays uni, démocratique et non racial.
L'observation du processus électoral fut alors l'un des moyens pour
atteindre ce but.
Le 7 décembre 1993, le Conseil exécutif de
transition demande à l'O.N.U. de lui fournir des observateurs
internationaux chargés de suivre le processus électoral et de
coordonner les activités des observateurs de l'Organisation de
l'Unité Africaine, du Commonwealth, de l'Union Européenne ainsi
que les observateurs de différents pays.
Dans cette perspective, l'Assemblée
Générale de l'O.N.U. a demandé au Secrétaire
Général de l'Organisation "de planifier plus rapidement le
rôle que l'Organisation des Nations Unies pourrait jouer en consultation
avec le Conseil de Sécurité"105.
Le Secrétaire Général a, alors,
élaboré un rapport sur la question de l'Afrique du Sud dans
lequel il a proposé l'élargissement du mandat de la Mission
d'observation des Nations Unies en Afrique du Sud (MONUAS) autorisée par
le Conseil de Sécurité dans sa résolution 772 du 17
août 1992. Une proposition approuvée par le Conseil de
Sécurité qui, en outre, " demande à toutes les parties
en Afrique du Sud de prendre des mesures afin de mettre un terme aux actes de
violences et d'intimidation et de contribuer ainsi à la tenue
d'élections libres et régulières et compte que quiconque
cherchera à perturber les élections sera tenu pour responsable de
tels agissements"106. C'est aussi sur la base de cette
résolution que l'effectif de la MONUAS a atteint 2840 observateurs.
104 Résolution S - 16 / 1 du 14
décembre 1989, voir TAVERNIER (P), "Les Nations Unies et la question de
l'Afrique du Sud (sanctions et appui à la transition
démocratiques)", in. Revue juridique et politique,
indépendance et coopération, janvier - avril 1994, N°
1, pp. 27 - 45.
105 Résolution 48/159 A.G./O.N.U. (XXXXVIII) du
20 décembre 1993, "Élimination de l'apartheid et instauration
d'une Afrique du Sud unie, démocratique et non raciale".
106 Résolution 894 CS / O.N.U. du 14 janvier 1994,
documents d'actualité internationale, N° 47 - 1er avril
1994, p. 151.
La fonction d'observation des élections, menée
par l'Organisation mondiale, a commencé avant le déroulement des
élections. 2120 observateurs ont contribué à la
vérification du processus électoral "ce qui représente
la mission électorale la plus importante jamais effectuée par
l'Organisation"le.
Les élections qui ont eu lieu du 26 au 29 avril 1994
ont été jugées "suffisamment libres et justes"
par la Commission électorale indépendante ainsi que par les
observateurs internationaux et par le Secrétaire Général
de l'O.N.U. qui a réitéré l'engagement de l'Organisation
à soutenir le processus de démocratisation de l'Afrique du
Sud.
Le succès de l'O.N.U. à réaliser des
élections libres en Afrique du Sud a été une tâche
non aisée pour l'Organisation qui, depuis presque sa création, a
suivi la question de l'Afrique du Sud dans tous ces développements.
Mais si l'Organisation des Nations Unies a relativement
réussi à établir des régimes issus
d'élections libres et honnêtes dans certains États, cet
objectif n'a pas été atteint dans d'autres.
|