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Evaluation de l'impact psychologique de la mise en place d'un système d'assurance qualité (ISO9001) sur les travailleurs d'une PME

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par Eric Trillet
Universtié Catholique de Louvain (UCL) - Licence en sciences du travail 2007
  

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3.5 Axe de travail

Ce chapitre fait le point sur les hypothèses et la question de recherche.

3.5.1 Les questions de recherche

La plupart des acteurs seront d'accord pour dire que la mise en place d'un système d'assurance qualité est bien trop lourde pour avoir comme but principal le contrôle des travailleurs. Ce système porte sur la maîtrise des processus de production et le contrôle en continu des produits. En définissant et formalisant les contrôles et les rôles (responsabilités) il provoque une bureaucratisation de l'organisation. Dans un premier temps lors de sa mise en place, il constitue un état des lieux, un instantané de l'organisation. Dans un second temps il doit permettre d'apporter des corrections et des améliorations en réformant en permanence son jeu de règles (procéduralisation).

Ce système d'assurance qualité doit être replacé dans son contexte. Qu'il soit issu d'une démarche volontaire ou non de la part de la direction, il s'agit d'un outil de gestion (management) très performant. La performance de ce système instrumental est due à l'horizontalisation de son contrôle au plus près des opérations de terrain impactant ainsi l'ensemble du personnel, sa légitimité issue d'une idéologisation de la qualité et d'une démarche scientifique analytique.

Le malaise potentiel (souffrance pour reprendre le terme de Dejours) peut être dû d'une part à l'accentuation insidieuse du contrôle des opérateurs et d'autre part à une ambiguïté perceptible de ses finalités.

Les rationalités substantielle (contrôle) et procédurale (réflexive) de la norme constituant des idéaux-types, on peut admettre que ce caractère sera parfaitement contingent et dépendra du travail de traduction de la norme dans l'entreprise.

Commentaire sur les deux hypothèses de base :

Première hypothèse : Le système de gestion de la qualité répondant à la norme ISO 9001 impose une formalisation du travail ayant un impact psychologique comparable au taylorisme sur les travailleurs.

Cette question a déjà été étudiée par différents chercheurs. Nous nous appuierons sur leurs résultats et dans la pratique il s'agira principalement d'analyser si :

o le caractère prescriptif de la norme ISO 9001 est de nature à provoquer un cloisonnement du travail (appauvrissement des tâches),

o la mise en place du contrôle en continu des processus induit une augmentation du contrôle du travail individuel,

o ce système engendre une séparation entre la conception et l'exécution des procédures.

Seconde hypothèse : Le système peut être ressenti par les opérateurs comme un outil d'évaluation de leurs performances individuelles. En effet, le système de gestion de la qualité répondant à la norme ISO 9001 impose la traçabilité des produits (cette traçabilité repose sur des enregistrements réalisés par des mesurages à chaque étape de la production).

Ce thème de la performance est toujours d'actualité et porte sur une des caractéristiques du taylorisme qui est le contrôle étroit de la productivité. Dans la pratique il s'agira d'évaluer l'instrumentalité de la norme ISO 9001 au niveau de la gestion du personnel :

o La certification est-elle une volonté de la direction et par conséquent pensé comme un outil de management ?

o Les données issues de l'assurance qualité peuvent-elle être récupérées dans le cadre d'une évaluation des performances individuelles ?

Au-delà de cette question « locale » de la gestion de la qualité dans l'entreprise, la question peut être déplacée au rapport à la norme et à l'autorité au sens général. L'ambiguïté de la norme ISO 9001 peut en effet s'analyser comme le résultat de la mutation du rapport à la norme sociale et à la coexistence (empilement) des modèles de contrôle.

Ainsi nous pouvons poser deux questions supplémentaires :

o D'une part, la norme ISO 9001 offre-t-elle la réflexivité (apprentissage collectif) prônée par les qualiticiens et en phase avec le modèle de rationalité contemporain ?

o D'autre part, les opérateurs ont-ils conscience des ambiguïtés sous-jacentes de cette double rationalité ?

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon