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Evaluation de l'impact psychologique de la mise en place d'un système d'assurance qualité (ISO9001) sur les travailleurs d'une PME

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par Eric Trillet
Universtié Catholique de Louvain (UCL) - Licence en sciences du travail 2007
  

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3.3.4 Le modèle de contrôle et l'individualisme

Le modèle culturel basé sur le « souci de soi » qui se développe depuis les années 80 nous permet de mieux comprendre l'évolution d'un mode de contrôle de plus en plus évanescent, source d'ambiguïté d'une norme telle l'ISO 9001.

L'avènement de l'individualisme fait partie de l'évolution de la norme et permet de trouver une alternative à la coercition propre à l'ancien modèle de contrôle. En effet si la punition permettait d'exercer une contrainte dans l'ancien modèle, dans le nouveau modèle c'est la menace de l'exclusion qui contraint les travailleurs.

Ainsi si le contrôle semble se faire moins présent et l'autonomisation gagner du terrain, il ne s'agirait pas d'une simple avancée des valeurs de l'individualisme telles les droits de l'homme, mais bien celle des techniques de pouvoir qui réorganisent sournoisement la totalité des rapports sociaux. Selon Foucault, la construction moderne du sujet est étroitement liée aux dispositifs de savoir et de pouvoir. L'articulation entre le modèle de normativité et le modèle de contrôle n'est en rien un hasard. Le noyau central au coeur de la modernité est bien le dispositif de contrôle. Le pouvoir moderne vise la normalisation des comportements. Ce contrôle est plus efficace, globalisant, mais il est devenu invisible.

En ce qui concerne l'organisation du travail, il y a bien un parallèle depuis 30 ans entre mode d'organisation et le processus de déformalisation de la société, un parallèle entre subjectivation et reconnaissance de l'informel. De Tersac conclut ... « on peut faire l'hypothèse que les efforts de rationalisation visent la mise en place de nouvelles règles de production, devant assurer une certaine congruence entre la définition des contraintes et la délimitation des degrés de liberté pour les acteurs pouvant gérer ces contraintes, délimitation qui suppose l'acceptation de l'autonomie comme condition de mise en oeuvre des contraintes ».

Ce fonctionnement social où le sujet placé dans un contexte où les règles sont floues et contradictoires et où les indéterminations sont grandes, va de pair avec l'appel répété à la responsabilisation du sujet.

Ainsi la nature de la sanction a évolué avec le modèle de contrôle. Les mutations contemporaines ne s'arrêtent en effet pas à l'architecture du pouvoir mais se répercutent aussi sur les processus opérationnels de contrôle. Loin de la « sanction normalisatrice » disciplinaire, ce type de sanction pose une règle formelle et s'applique à l'écart des comportements par rapport à elle. C'est pourquoi est pénalisable le domaine indéfini du non conforme. Le châtiment n'est pas seulement répressif, mais doit être utile, correctif. Il n'est qu'un élément dans un système double « gratification-sanction ». Au contraire, faute de standard formel des performances, le contrôle contemporain porte sur des compétences informelles. Il ne vise plus la normalisation et tolère l'invention, l'innovation, la révision permanente des voies de l'action. Il n'intègre pas dans un groupe homogène mais sélectionne des capacités et aptitudes globales pour gouverner des multitudes hétérogènes. On voit ici l'enjeu social essentiel de l'appartenance, le déplacement de la problématique de la transgression à celle de la socialisation. 51(*)

* 51 DE MUNCK J. (1994), « Du souci contemporain de soi ».

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