B. Les accords de Cegetel et de La Poste
CEGETEL Accord du 20 novembre 200250
Cegetel s'engage à consacrer
l'intégralité de la contribution qu'elle aurait dû verser
à l'AGEFIPH au développement de sa politique d'intégration
des personnes handicapées. Le programme s'apprécie au niveau du
groupe (péréquation de l'emploi), mais l'entreprise s'engage
à assurer une bonne répartition des travailleurs
handicapés dans l'ensemble des établissements.
L'accord, qui vaut exécution de l'obligation d'emploi pour
tous les établissements, comporte comme prévu par la loi :
- un plan d'embauche
- un plan de collaboration avec le secteur
protégé
- un plan d'insertion, de formation et de sensibilisation
- un plan de maintien dans l'emploi
Un état des lieux, à la fois quantitatif
(étude du bilan social, des effectifs, des pyramides des âges, des
natures de contrats, etc.) et qualitatif (évaluation des ressources
opérationnelles doit donner une cohérence à ces
actions.
Cegetel embauchera en milieu ordinaire de travail, en respectant
notamment les principes suivants :
- le salarié handicapé est recruté pour ses
compétences
- le salarié handicapé peut être admis
à tous les emplois, après avis d'aptitude de la médecine
du travail (pas de notion d'emploi réservé)
- l'embauche est réalisée sans minoration de
salaire
- le travailleur handicapé dispose des droits identiques
à chaque salarié et est soumis aux mêmes obligations
- l'état de santé des travailleurs
handicapés répond au respect de la stricte confidentialité
au même titre que tout autre salarié.
Cegetel s'engage, en privilégiant les emplois
pérennes, à intégrer des personnes handicapées,
définies en « unité », dans son flux d'embauche
à raison de 6% en 2003, 7 % en 2004, 8 % en 2005. L'engagement porte
aussi sur la présence d'au moins 50 collaborateurs handicapés
dans les effectifs à la fin 2003. Les établissements non
assujettis à l'obligation d'emploi comptent dans la
péréquation d'emploi.
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50 Liaisons sociales 10 octobre 2003
La POSTE Accord du 28 avril 200451
La poste s'engage par un accord destiné, sur la
période 2004-2007, à développer l'insertion et le maintien
dans l'emploi du personnel en situation de handicap ou en situation
d'inaptitude à leur poste de travail. Ce texte fait suite à deux
accords triennaux signés en 1995 et 1999.
Une nouvelle direction
Pour renforcer sa politique en la matière, la Poste
crée auprès du directeur général une direction de
projet national « Considération et prise en compte du handicap
» pour le groupe à qui elle confie la responsabilité du
pilotage et du suivi de la politique en faveur des agents et des clients en
situation de handicap. A la tête de cette nouvelle direction a
été nommé l'un des cadres dirigeants de La Poste,
lui-même malvoyant, a précisé Georges Lefebvre, directeur
général et DRH du groupe.
L'accord affirme une « position de principe » :
« Le recrutement de toute personne en situation de handicap s'inscrit dans
la politique d'emploi de La Poste. En conséquence, les personnes en
situation de handicap peuvent être embauchées sur tous types
d'emploi et/ou de niveaux de fonction compatible avec leurs aptitudes et
compétences professionnelles, le cas échéant avec
l'aménagement nécessaire à une insertion réussie
(environnement, organisation du travail, horaires de travail...) ».
450 embauches
Le texte prévoit ensuite un programme d'actions en faveur
de l'emploi de ce type de personnel :
- Plan d'embauche : Augmentation progressive du nombre
de personnes reconnues handicapées par la COTOREP. L'engagement de
référence est de 450 recrutements sur des emplois permanents, sur
la durée de l'accord. Ce niveau de référence est
progressif (50 recrutements en 2004, 100 en 2005, 130 en 2006 et 170 en
2007)
- Plan d'insertion en milieu professionnel : Une
enquête nationale sur les besoins des personnels en situation de handicap
sera initiée en 2004. L'aménagement des postes de travail sera
mis en oeuvre, au cas par cas, et aux différentes étapes de la
carrière de l'agent et avec sa participation. Des tuteurs seront
identifiés sur la base du volontariat dans chaque
établissement/direction afin d'organiser et de faciliter
l'intégration des personnes
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Liaisons sociales 4 Mai 2004
handicapées nouvellement recrutées.
- Plan de reclassement des personnels : Pour un agent
reconnu inapte à son poste de travail, La Poste s'engage à :
1/ Privilégier son maintien sur son poste de travail
moyennant l'aménagement du poste 2/ Rechercher un autre poste de travail
compatible avec ses aptitudes.
- Actions de prévention des risques
professionnels : La Poste développera une politique volontariste
d'ergonomie et systématisera l'intervention d'ergonomes internes ou
externes dans la conduite des projets majeurs et l'évaluation des
risques professionnels. Une démarche pluridisciplinaire sera
initiée afin d'anticiper le vieillissement des personnels en tenant
mieux compte de la diversité, des difficultés mais aussi des
ressources des personnels.
Gestion individualisée
La Poste souhaite, au total, développer une politique
de gestion prévisionnelle et individuelle des personnes en situation de
handicap ou d'inaptitude, qui tient compte des compétences et
expériences professionnelles et les reconnaît dans le cadre des
règles de promotion, mobilité et évolution de
carrière en vigueur.
Les signataires s'engagent à confier au secteur
protégé un volume de travaux et d'achats de service dont le
montant ne pourra être inférieur à celui qui a
été consacré au secteur protégé lors du
précédent accord, soit 4 millions d'Euros par an.
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Il faut rappeler un élément fondamental de
réalité pour conclure sur l'obligation d'emploi : une entreprise
qui embauche des personnes handicapées de façon significative et
régulière ne le fait pas pour satisfaire à une obligation
légale ou obtenir une quelconque prime. Elle le fait parce qu'elle est
convaincue que cet effort participera dans tous les cas à ses objectifs
économiques (les personnes handicapées doivent être au
final des agents économiques comme les autres) mais qu'il est
également est un élément clé de ses objectifs
managériaux.
En effet, les personnes handicapées apportent avec leur
handicap une demande d'adaptation de l'entreprise, mais elles peuvent produire
en retour une mobilisation des autres « citoyens » de
l'entreprise.
Enfin, pour l'entreprise qui est conduite à se doter
d'objectifs plus durables dans la cité la place des personnes
handicapées dans l'entreprise est un indicateur fort et lisible pour
tout l'environnement de l'entreprise lui-même.
A l'issue de cette partie, nous pouvons nous demander si
« non-discrimination » et « discrimination positive » sont
les deux faces d'un même projet d'intégration. Il faut, en effet,
admettre que ces notions de discrimination « positive » (action de
corriger une différence) et de non- discrimination (action visant
à refuser toute différence) induisent des appréciations
qui ont une incidence sur l'intensité, voire le volontarisme réel
des pouvoirs publics et de la société quant à leur
capacité à intégrer, au sens large du terme, les personnes
handicapées. Car c'est bien en vertu du principe de non discrimination
qu'une personne handicapée ne peut ni être écartée
d'une procédure de recrutement ou de l'accès à une
formation, ni être sanctionnée ou licenciée pour un motif
lié à son handicap52 (sauf inaptitude physique
constatée par le médecin du travail). Celui-ci pouvant être
extérieur ou inhérent à la personne, il peut alors
survenir au cours de l'exécution du contrat de travail, qu'il s'agisse
d'un accident de travail ou de droit commun, d'une maladie professionnelle ou
non. La question qui se pose alors est de savoir si le salarié est
médicalement apte à reprendre son ancien poste. L'aptitude du
salarié sera aussi appréciée avant son embauche dans le
cas où il s'agit d'un nouvel emploi, pour savoir si son état de
santé lui permet d'intégrer l'entreprise à un poste
donné53.
52 Article L-122-45 du Code de travail : « Aucune
personne ne peut être écartée d'une procédure de
recrutement ou de l'accès à un stage ou à une
période de formation en entreprise, aucun salarié ne peut
être sanctionné, licencié ou faire l'objet d'une mesure
discriminatoire, directe ou indirecte, notamment en matière de
rémunération, de formation, de reclassement, d'affectation de
qualification, de classification, de promotion professionnelle, de mutation ou
de renouvellement de contrat en raison de (...) son handicap »
53 Article R-241-48 du Code du travail
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