III. Travailler avec un trouble de l'éveil ou du
sommeil
La prévalence des troubles du sommeil est
élevée dans la population générale - 20% des
personnes, en France, souffrent d'insomnie.
- 4 à 10% sont de plus atteintes d'une pathologie de
l'éveil avec somnolence diurne.
Ces troubles ont des conséquences sur la vigilance diurne
donc sur la vie professionnelle. Ils ont un retentissement économique et
sur la qualité de vie.
Les insomnies retentissent sur la qualité du travail.
Les hypersomnies peuvent avoir des conséquences sur l'aptitude au
travail. Inversement, les conditions de travail peuvent retentir sur le
sommeil, c'est le cas du travail posté, du décalage horaire, de
la charge physique et mentale.
Le risque d'accident concerne aussi le poste de travail. Les
perturbations de la vigilance peuvent altérer la sécurité
au poste de travail. En pratique certains se plaignent d'une somnolence diurne
anormale ou d'accès de sommeil récurrents ; d'un allongement
anormal de sommeil de nuit avec difficulté majeure à se
réveiller le matin ; d'une somnolence localisée le matin ou plus
rarement en fin d'après-midi. D'autres enfin ne se plaignent d'aucun
trouble, mais des difficultés professionnelles rapportées
à la « fatigue » ou la répétition d'accidents du
travail attirent l'attention. En ce qui concerne la responsabilité du
travail sur la qualité du sommeil, 20 à 30% des salariés
des pays occidentaux travaillent de nuit ou en travail posté. De
nouvelles professions de l'informatique et des communications imposent un
travail en continu. Le travail de nuit des femmes a été
étendu à tout type de profession.
L'organisation du travail posté doit tenir compte de la
maintenance des installations et du respect de la législation sur la
durée maximale de travail hebdomadaire. Les critères
d'organisation sont liés à la continuité du poste,
continu, discontinu ou semi-continu, au type de rotation (rythme court ou long,
cycle du matin de l'après-midi ou du soir), à la présence
d'équipes fixes ou alternantes.
En cas de troubles d'éveil, il faut s'assurer d'une
meilleure répartition du travail dans la journée, de
l'utilisation cohérente des horaires ultra-courts (phase de sommeil et
de repos) , de l'information sur les périodes optimales de
récupération (pression hypnique maximale aux alentours de 15 H et
de 23H).
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Les « troubles de l'éveil au volant » peuvent
malgré la sévérité des lois,
bénéficier d'une prévention concrète reposant sur
l'information et l'orientation vers l'hygiène du sommeil et la gestion
consciente de l'affection en cause. Il faut savoir que « l'organisation du
sommeil a des effets sur la qualité du sommeil » et donc sur la
vigilance au travail.
Il est du ressort du CHSCT et du médecin du travail
d'aménager les conditions de travail pour aider à une meilleure
tolérance au travail posté :
- Améliorer les repas (servir un repas chaud la nuit,
distribuer des casse-croûtes et des boissons chaude ou froides) ;
- Elever l'intensité de la lumière (pour maintenir
une bonne vigilance et obtenir une meilleure adaptation des rythmes
biologiques) ;
- Gérer des pauses (pour une vraie coupure, avec des
siestes utiles en cas de tâches de surveillance ou de contrôle)
;
- Faciliter les transports individuels (parking en entreprise)
;
- Favoriser la prise en charge sociale (garde d'enfants).
En cas d'intolérance au travail posté, la
meilleure solution n'est pas la soustraction au risque en proposant le retour
au travail de jour. Son application est parfois difficile, mais peut être
prévue par les conventions collectives (reclassement automatique pour
les intolérants au travail posté, retour après maladie ou
maternité) ou selon des systèmes d'assurances avec maintien du
salaire.
S'il n'existe pas de compensation, il est souhaitable de
proposer des siestes ou d'utiliser la lumière pour renforcer les
synchroniseurs biologiques. Si le poste est de nuit, on propose un
éclairage maximal le soir et la nuit, le port de lunettes
teintées le matin, et le calfeutrage de la chambre. Si le poste est du
matin, on propose une exposition maximale à la lumière du matin,
à éviter le soir à partir de 17H.
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