La SNFAR du SENEGAL : Appui à la mise en oeuvre des Dispositifs de Formation des ruraux par la Demande( Télécharger le fichier original )par Abdourahmane FAYE Université des Sciences Sociales de Toulouse 1 - Master 2 Pro Ingénierie de la Formation et des Systèmes d'Emplois 2008 |
4 - Une décentralisation effective en théorie, en pratique peu assumée.4 - 1 - Analyse : La politique de décentralisation initiée en 1996 visait à doter les Régions et les Communautés Rurales (le département n'en fait pas partie) de pouvoirs leur permettant de concevoir et conduire le développement de leurs territoires. Neuf domaines de compétences leur ont ainsi été transférés pour gestion dont l'Education, la Formation, l'Alphabétisation la Promotion des Langues Nationales. Des exécutifs locaux et régionaux sont élus et des budgets de transferts leur sont alloués pour l'exécution de ces compétences à travers le Fonds de Dotation de la Décentralisation. Ce fonds jugé très insuffisant et inadapté aux besoins de développement local par les élus, est complété par les financements des projets et des partenariats internationaux, et pour les Communautés Rurales par une fiscalité de tête et sur les entreprises résidentes. La fiscalité des Régions n'existe pas encore mais elle est en débat avancé sous l'impulsion des élus qui la réclament. Dans la répartition des services entre le Région, la Commune et la Communauté Rurale, les écoles de formation agricole relèvent des compétences de la Région de même que les lycées et collèges. Mais ces structures continuent de recevoir leurs budgets de fonctionnement de l'Etat et ne recourent au Conseil régional que pour des compléments de moyens (investissements, équipements, réhabilitations, etc.) 4 - 2 : Interprétation : Ce transfert de pouvoirs et de responsabilités de développement aux élus locaux, implique que ces derniers déterminent des orientations claires et partagées, puis initient des politiques locales qui les mettent en oeuvre. L'observation a montré que ces orientations sont réduites à des inscriptions consignées dans des documents dits de « Plan Local de Développement (PLD) » élaborés à grands frais d'experts, sans correspondre à une mobilisation sociale effective des collectivités autour d'identités territoriales précises. 4 - 3 : Illustrations : La complainte du Président du Conseil Rural de Koungheul dans le journal « Le Populaire » cité plus haut, illustre aussi une absence de politique locale claire et dynamique. Loin d'exiger que les intervenants extérieurs s'insèrent dans les objectifs locaux de développement, cet élu local se satisferait de cette courtoisie réclamée et apposerait son sceau si la forme était respectée. La conséquence est cette multitude de projets extérieurs conduits dans les territoires par des acteurs qui s'ignorent les uns les autres. Les populations qui reçoivent des services dont elles ignorent l'origine et celle des ressources qui les financent, n'en exigent ni qualité ni quantité, ne se les approprient pas et retombent à leur situation de départ après le retrait de l'intervention. Le temps de la jouissance du « projet » leurs élus se sentent « sauvés » de la contrainte de concevoir et mettre en oeuvre une politique locale à résultats concrets. 4 - 4 : Conclusion : La formation n'est pas une fin en soi. Elle accompagne une politique, c'est-à-dire un projet (somme d'orientations) de changement ou appelle à sa suite des décisions d'actions21(*). Si les collectivités n'ont pas de politique, et donc pas de projets clairs mobilisant tous les segments des communautés qui les composent, la SNFAR aura du mal à se déployer, notamment par l'exercice de sa fonction de pilotage qui requiert au minimum qu'une direction soit choisie. De même les dispositifs locaux de formation agricole et rurale fonctionneront sans engrenage avec des objectifs et des moyens locaux susceptibles de réguler leur marche. Ce faisant les équipes de gestion du développement local décentralisé, ne se servent point des établissements de FAR comme levier pour réaliser leurs objectifs et projets de territoires. Ce qui est un manque à gagner pour le développement des compétences indispensables pour la réussite de la décentralisation. Au résultat, les élus locaux ne participent pas aux instances d'orientations des structures de formation installées sur leurs territoires alors qu'ils font face à de graves problèmes de compétences locales. Ces instances, là où elles existent et fonctionnent encore, sont animées par les fonctionnaires locaux et centraux, avec une implication limitée des Organisations de Producteurs ; cette logique est stérilisatrice pour la fonction de décentralisation qui est aussi fondée sur le principe de réponse à la demande. * 21 Didier NOYE et Jacques PIVETEAU. In Guide Pratique du Formateur. L'art de concevoir et animer une formation. INSEP EDITIONS. Avril 1991 |
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