5 - Des politiques justes et séduisantes en
théorie, mais peu appropriées à la base.
5 - 1 - Analyse :
Depuis la crise agricole des années 80, l'Etat a pris
une série de mesures tendant à redistribuer les
responsabilités de développement qu'il concentrait
jusque-là aux autres acteurs. L'objectif était de libérer
les énergies et multiplier les initiatives, en créant un
environnement favorable à l'éclosion des talents pour
entreprendre dans le secteur de l'agriculture. La Nouvelle Politique Agricole
de 1984 a consacré cette libéralisation du secteur investi par
les privés. Elle est suivie du Programme d'Ajustement du Secteur
Agricole et du Programme d'Investissement du Secteur Agricole, conçus
pour créer un environnement politique permettant de rediriger les
investissements vers l'agriculture et le monde rural. Le rôle de l'Etat y
est mieux clarifié et les ruraux sont reconnus comme des acteurs au
centre des processus de développement rural dont ils sont les promoteurs
et les maitres d'ouvrage, via leurs institutions locales (conseils ruraux et
régionaux) et leurs structures associatives (Organisations Paysannes).
Le principe du partenariat entre l'Etat et les organisations d'acteurs y est
posé en prélude à la stratégie de
concession/cogestion de services publics.
Ce principe de base se prolongera ultérieurement dans
la politique de décentralisation de 1996, le PSAOP et la SNFAR de 1999.
En 2004 une Loi d'Orientation Agricole intervient pour consacrer
l'achèvement de ce long processus de réformes structurelles, en
reprenant tous les engagements de principe dans ses articles qui imposent leur
mise en oeuvre.
Mais force est de constater que les transformations du secteur
n'ont jamais été aussi radicales que les ruptures
véhiculées dans les réformes, les niveaux de performances
économiques agricoles du pays n'ont jamais égalé l'ampleur
des réformes opérées ; au contraire ! La
dépendance alimentaire s'accentue et le riz en est la principale cause
(cf. graphiques suivants), les niveaux de rendements stagnent à chutent,
les exploitations agricoles sont restées de petites taille (1 à 2
ha), surpeuplées (7 à 8 membres), faiblement
équipées et en proie à des crises alimentaires
structurelles.
*Source : Etude ENDA sur la souveraineté
alimentaire au Sénégal, Juillet 2006
*Source : Etude ENDA sur la souveraineté
alimentaire au Sénégal, Juillet 2006
4 - 2 -
Interprétation :
Ces réformes, nécessaires et justifiées,
avaient pour objectif principal de recadrer le rôle de l'Etat dans son
champ régalien et placer les acteurs (privés, associatifs,
élus) au coeur des initiatives et des processus de développement
de l'agriculture et du monde rural. Mais elles étaient comme
ignorées de ces derniers, et n'ont pas impacté, au niveau
souhaité, les modes de fonctionnement des individus, des organisations
et des institutions qui concourent à la vie du secteur. Les cadres de
participation qui sont conçus pour promouvoir ce nouvel esprit des
politiques réformées, s'avèrent inefficaces et
coûteux car dominés par les anciennes pratiques.
4 - 3 : Illustrations
Le fonctionnement du Comité Régional de
Planification Stratégique de la Formation Agricole et Rurale de
Ziguinchor est plombé par une querelle de légitimité dans
le leadership. Une telle querelle n'a pas lieu d'être dans un cadre qui
est conçu pour favoriser des contradictions sociales dont s'alimentent
les processus de constructions de dispositifs de formation par la demande.
4 - 4 : Conclusion :
Ces nombreuses réformes à but de
responsabilisation des acteurs, impliquant donc forcément leur demande,
ont créé une mentalité de participation chez les acteurs
qu'il faudra réformer pour asseoir la SNFAR. Les cadres de concertation
promus dans la SNFAR (comités et réseaux) sont animés par
des acteurs dominants qui ont déjà une confiance mesurée
dans les approches étatiques y compris celle centrée sur la
demande.
Synthèse : La
pauvreté rurale paralysante, la confiance très mesurée du
public dans l'action étatique, l'inefficacité des cadres
consultatifs existants, sont les principaux éléments du contexte
qui jouent un rôle négatif dans la mise en oeuvre de l'approche
par la demande, telle qu'elle ressort dans la SNFAR comme coeur de mission du
BFPA.
|