3 - Financement des processus de
rénovation :
Dans son optique économique (page 25) l'approche par la
demande s'apparente à la politique de relance économique par la
demande. Celle-ci préconise d'augmenter le revenu des acheteurs par des
baisses d'impôts, hausses de salaires ou de prestations sociales, etc.
pour stimuler la consommation, tirer la production et créer des emplois
et de la croissance.
Ce principe consistant à donner des ressources aux
agents économiques pour relancer l'activité d'entreprise, est-il
applicable à l'approche par la demande ?
L'expérience des maisons familiales rurales (MFR) a
montré que la démarche qui consiste à faire une
« mission d'identification des besoins de formations »
chaque début d'année pour établir un programme annuel,
abouti à une liste de doléances peu précises. Ces
doléances sont sans relations précises avec les problèmes
rencontrés par les associations membres, et le budget qui en issu est
sans adéquation avec les moyens propres de l'institution.
Résultats : « beaucoup de diagnostics et d'interviews
suivis de peu d'actions concrètes » se désolent
souvent les membres des MFR. Ce dépit a même poussé
l'Association des 28 MFR du pays à reléguer la formation qui
selon elle « n'était plus demandée »,
derrière des activités de micro finance dont elles ne sont pas
spécialistes. Ce qui leur a valu une rupture de partenariat
stratégique avec les MFR de France qui considèrent cette
« reconversion » comme une déviation de leur ligne
de coopération.
D'un autre côté, le cas des écoles
publiques de formation agricole démontre qu'il n'est pas efficace de
donner les ressources aux acteurs pour qu'ils engagent les reconversions. Au
contraire ! Les financements « projets » auxquels ces
établissements ont été habitués par la
coopération suisse pendant 20 années ont créé leur
repli sur eux-mêmes, et expliquent leurs difficultés à
participer à des processus d'ouverture comme celui de 1999 qui a
donné naissance à la SNFAR.
Le principe de la maîtrise des ressources par les
acteurs des processus de rénovation, pour financer les concertations et
les actions qui découlent des consensus auxquels ils aboutissent, est
par conséquent applicable. Le problème réside dans les
instruments à mobiliser et les cadres appropriés qui
rationalisent leur utilisation, et maximisent leurs effets.
Comme cadres, la SNFAR avait proposé les Comités
National et Régionaux de Planification Stratégie de la FAR
(CNPS/FAR et CRPS/FAR). La LOASP prévoit les Comités National et
Régionaux d'Orientation Agro-Sylvo-Pastorale (CNOASP et CROASP)
Comme instruments de financements, la coopération
suisse expérimente les fonds de formation rurale avec le RESOF et le
CRPS de Ziguinchor, après une tentative non réussie en 1995 mais
dans un contexte tout à fait différent. De même certains
projets de développement rural s'essayent aux fonds de formation avec
des approches différents. C'est le cas du Projet d'Organisation et de
Gestion Villageoise (POGV) de Kaolack financé par la BM et le FIDA.
Enfin l'on a remarqué que dans les différents
cas de démarches de rénovation des dispositifs à partir de
la demande de formation, l'intervention d'une expertise extérieure joue
un rôle déterminant pour le bon déroulement des processus
d'analyse de la demande et de construction sociale des besoins de formation.
Pour preuve, le retrait « prématuré » de
cette expertise a causé des dysfonctionnements ou carrément des
retours aux anciennes pratiques. Pourtant cette expertise coûte cher (4
millions par an pour le mandataire de Kaolack) pour les budgets classiques des
établissements de formation (8 millions par an), tandis que les budgets
projets qui les supportent sont de courtes durées et aléatoires.
La question de l'accès à l'expertise
extérieure est donc inhérente à l'approche par la demande
et reste un problème non résolu pour la mise en oeuvre de la
SNFAR. Dans cette étude aussi !
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