2 - 3 - 1 : Description de la démarche d'appui
Le nouveau dispositif issu de ce travail de reconstruction du
système de relations au sein de Caritas et entre Caritas et les OP,
permet de mettre en exergue des notions intimement liées à
« l'approche par la demande ». Il s'agit de
« la demande de formation », « le diagnostic
concerté », « diagnostic interne »,
« diagnostic externe », « besoin de
formation ». Leur distinction à travers le schéma de
relations ci-après, permet d'améliorer la compréhension du
concept de demande de formation.
Prestataires de formation
ESOP
3'
5
CFA
Bureau UP
Relais
3
2
4
1
Groupements
Producteurs
NB : ESOP est l'équipe
opérationnelle à laquelle est rattaché le Responsable
Formation, qui y est en même temps chargé de la micro finance,
une activité importante des Unions Paysannes.
1. Les relais (animateurs et agents de crédit)
instaurent le débat sur les performances économiques et
organisationnelles des producteurs et des groupements. Ils relèvent des
observations sous forme de blocages, d'insuffisances ou d'opportunités
manquées.
2. Ces observations sont transmises, en l'état ou
traduites en besoins par les relais, aux bureaux des UP, pour traitement et
suivi.
3. Les responsables des UP (Présidents et
Coordinateurs) requièrent les CFA pour les aspects formation, et
saisissent en même temps l'ESOP pour décider des mesures globales
de résolution des problèmes rapportés par les relais.
4. Les CFA descendent dans les groupements pour
débattre des demandes dont ils sont saisis
5. Au cas où les besoins de formation sont
vérifiés, partagés et validés, les CFA planifient
les sessions, déterminent les modules et élaborent les cahiers
des charges des prestataires externes pour l'exécution des
formations.
On peut distinguer ici 3 moments importants de l'approche par
la demande :
Le moment 1 pendant lequel les animateurs sont avec les
producteurs pour identifier avec eux les faiblesses et les difficultés,
et retiennent avec eux les actions à entreprendre, en précisant
celles qui relèvent de la formation. C'est une phase de DIAGNOSTIC
INTERNE (fait par les producteurs avant l'arrivée des animateurs) et
EXTERNE (modulé par le point de vue des animateurs qui peut faire
évoluer les représentations initiales des producteurs). Les
décisions d'actions de formation qui en découlent sont
constitutives d'une DEMANDE DE FORMATION exprimée par les producteurs et
formalisée par les animateurs. Et puisque ce n'est pas la demande d'un
individu mais celle des groupements qui partagent la même idée des
problèmes rencontrés, on peut dire qu'il s'agit d'une DEMANDE
SOCIALE DE FORMATION.
Les moments 2 et 3 font intervenir des points de vue
extérieurs qui comptent dans la détermination de l'action
à entreprendre, et introduisent la notion de diagnostic concerté.
En fait les responsables des Unions et ceux de Caritas, se prononcent sur la
pertinence des problèmes soulevés et des actions proposées
(c'est-à-dire sur la demande exprimée), en fonction de leurs
connaissances des situations visées, des orientations et
stratégies de l'organisation et des ressources à leur
disposition. On parle alors de DIAGNOSTIC CONCERTÉ.
Mais jusque-là, la demande de formation n'est pas
encore traduite en termes de formation, car les intervenants à ce stade
n'en ont pas la capacité.
Les moments 4 et 5 font intervenir les formateurs dont le
rôle est de mettre en oeuvre des outils qui permettent de rapprocher (en
les confrontant) les différentes représentations des acteurs sur
les problèmes à traiter dans les groupements, en usant de
négociations pour mieux rapprocher les
« représentations » du
« réel ». C'est pourquoi leurs contacts
sont étendus aux producteurs individuels, groupements villageois, unions
paysannes, staff de Caritas, et parfois à d'autres acteurs externes
(élus locaux, structures étatiques locales, prestataires), pour
avoir les réponses les plus adaptées possible aux
problèmes identifiés chez les producteurs. C'est une phase dite
de construction d'un DIAGNOSTIC PARTAGÉ.
C'est au travers de cette démarche systématique
de diagnostics (interne, externe, concerté, partagé) que se
construisent progressivement et socialement les BESOINS DE FORMATION des
producteurs.
Cette démarche expérimentée avec l'appui
du mandataire s'est heurtée à 2 limites dans le cas de Caritas.
La première tient au niveau de formation
professionnelle requis pour conduire les concertations permettant de confronter
les représentations des différents types d'acteurs dans le cadre
du diagnostic partagé. Les formateurs des CFA sont d'anciens
instituteurs recrutés dans ces centres en raison de leur vocation de
départ (donner une deuxième chance aux jeunes ayant raté
l'école) et de leur orientation caritative (l'acte de faire du bien
l'emporte sur l'efficacité de l'action). Puis ils ont été
formés dans le tas dans les différents établissements
agricoles du secondaire où l'accent est mis sur les contenus techniques
et pédagogiques et non sur les démarches d'analyse de demande et
de construction sociale des besoins de formation.
La seconde limite consiste dans les coûts de mise en
oeuvre de ces processus de diagnostic, et de leur prise en compte dans
l'élaboration des budgets. Il est souvent arrivé que les
responsables de Caritas gérant les budgets formation s'étonnent
des dépenses élevées de formation, ou simplement ne
comprennent pas qu'on leur facture des activités qui ne sont pas de la
formation qu'ils réduisent au face à face pédagogique.
Cette attitude a toujours amené ces responsables à jouer à
minimiser ce processus systématique de diagnostics.
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