2 - 3 : La demande au sens de la SNFAR :
Sans les lier formellement, le document de 1999 retient
l'offre et la demande comme 2 axes de stratégies pour
« répondre à la demande de formation
professionnelle des ruraux dans tous les domaines » (Orientation
2). Le troisième axe étant la concession de service public. Mais
le sens revêtu par chacun de ces termes n'a pas été
clairement explicité. Or en prenant le sens économique, on se
heurte à la question de la solvabilité de la demande. Faut-il
considérer que seuls ceux qui ont les moyens de payer et qui sont
disposés à le faire constituent la demande ? Oui, en
théorie économique classique, mais dans un contexte de lutte
contre la pauvreté cela reviendrait à priver les pauvres de
ressources et de pouvoirs pour s'en sortir.
En l'envisageant sous l'angle de l'AFNOR « La
demande de formation est l'expression d'un souhait ou de résultats
attendus, exprimés par des personnes salariées ou non, des
responsables hiérarchiques, des entreprises ou
institutions », on perd de vue l'effet catalogue induit par la
multiplication des organismes de formation. Ceux-ci multiplient les
démarches en direction des producteurs, des organisations
professionnelles et des collectivités locales pour les amener à
exprimer des « demandes de formation » dans le but
de capter les ressources abondantes qui financent la formation des ruraux.
La distinction de ces 3 optiques de définition de la
demande est donc d'ordre purement méthodologique (idéologique
aussi) mais le lien offre demande fonctionne bien dans la mise en oeuvre des
formations rurales, comme le démontrera le chapitre suivant. La SNFAR
préconise d'agir simultanément sur la demande et sur l'offre de
formation pour assurer des formations de qualité à
résoudre les problèmes des acteurs (individus,
institutions) ; introduisant ainsi la notion d'approche par la demande.
2 - 4 : L'approche par la demande :
En économie les politiques de relance sont
appliquées pour favoriser la croissance et lutter contre le
chômage dans un pays ou une région. Elles sont fondées sur
le principe que si la demande globale augmente les entreprises augmentent leurs
productions pour faire face. Et cela donne lieu à une croissance
économique et une demande de travail de la part des entreprises, donc
des embauches. L'opération consiste alors à stimuler la demande
par une augmentation des revenus des ménages pour que ces derniers
augmentent leur consommation. On parle de relance par la demande.
En formation agricole et rurale, l'expérience a
montré que pour accroître le niveau de compétences des
communautés, il ne s'agit pas de leur donner de l'argent pour leur
formation, mais de les soutenir à se construire des motivations à
se former. L'approche par la demande prend ici le sens d'un processus de
formulation dans lequel le public découvre les vertus de la formation
dans la gestion des situations de vie ou de travail. On parle de construction
sociale de la demande de formation. C'est essentiellement un processus
« d'ingénierie sociale » où l'accent
est mis sur le jeu de la formation dans le développement des
compétences des acteurs du monde rural, mais aussi sur ses limites. Sans
cependant se déconnecter des contextes et des politiques ambiants qui
fournissent les ressources, les opportunités et les contraintes aux
acteurs. D'où la notion « d'ingénierie du
contexte » développée par Guy Le BOTERF.
C'est une spécificité de l'articulation
offre/demande dans le domaine de la formation comparée au secteur des
produits marchands.
L'approche par la demande, au sens de la SNFAR, opère
ainsi par cette démarche d'ingénierie (sociale et de contexte)
à travers les dispositifs de formation qui sont chargés de la
mettre en oeuvre, tout en l'influençant en même temps. C'est ainsi
que même si la SNFAR parle d'offre et demande, c'est plutôt
restrictif car il s'agit de processus plus complexes de
« construction sociale des besoins en formation » qui
restituent les approches sur lesquelles les principaux acteurs (Etat,
Organisations professionnelles, collectivités locales) sont
invités à travailler.
La gestion assez problématique de cette fonction
d'ingénierie par les dispositifs publics, privés et associatifs,
de même que le rôle diversement apprécié du BFPA dans
la mise en oeuvre de ces dispositifs, sont l'objet des développements
dans le chapitre suivant.
Le Bureau développe cette approche en régions en
soutenant des demandes d'appuis formulées par les partenaires, et en les
inscrivant dans des démarches d'ingénieries. Au départ
c'est une demande quelconque, fortuite ou spontanée, et l'exercice
consiste à la conduire étape par étape, en incluant tous
ceux qui doivent l'être, pour qu'à l'arrivée les demandes
soient mieux conçues, argumentées et formulées, et les
processus mieux contrôlés. Naturellement tout le monde y apprend
et de ses propres erreurs comme de celles des autres. Voici l'exemple d'une
démarche d'intervention menée dans la région
arachidière de kaolack.
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