II. Evaluation des risques sanitaires et
écologiques
II.1. Définition des concepts
Les notions de danger et de risque sont directement
liées à l'existence de substances dangereuses dans les milieux.
Le danger est potentiellement ce qui peut générer un risque.
Théoriquement, il est intrinsèque aux polluants. Par contre, la
nature du risque, qui découlera du danger hypothétique,
dépend de la démarche expérimentale élaborée
ou du scénario choisi pour étudier les effets des polluants sur
les milieux considérés. Cependant, l'introduction directe ou
indirecte, par l'activité humaine, de substances dans un
écosystème ne donne pas automatiquement naissance à un
risque pour l'environnement et pour les espèces vivantes.
Avant d'entrer dans l'étude de la bibliographie sur
l'évaluation des risques, nous avons jugé utile de
procéder à la définition de certains concepts.
Anthropique : Relatif à l'homme,
résultant des interventions humaines. La distinction entre les origines
anthropiques et naturelles des contaminations et des risques est importante
(ACADEMIE DES SCIENCES, 1998).
Danger : La notion du danger est liée
à la possibilité pour une substance, du fait de ses
caractéristiques ou de ses propriétés intrinsèques,
de provoquer des dommages aux personnes, aux biens, à l'environnement,
dans des conditions déterminées d'exposition
(RAZAFINDRADTANDRA et SEVEQUE, 1998)
Ecosystème : Il désigne
l'unité écologique de base en laquelle peuvent se réduire
les systèmes écologiques plus complexes. Un
écosystème est constitué au plan structural par
l'association de deux composantes en constante interaction l'une avec l'autre :
un environnement physico-chimique, abiotique, spécifique, ayant une
dimension spatio-temporelle bien définie, dénommé
biotope, associé à une communauté vivante,
caractéristique de ce dernier la biocoenose, d'où la
relation :
Ecosystème = biotope + biocénose (RAMADE, 1998).
Espèce sentinelle : C'est un
système mis en place, dans lequel les données sur l'exposition
des animaux aux polluants dans l'environnement sont régulièrement
et systématiquement collectées et analysées, pour
identifier les dangers sanitaires potentiels pour l'homme et les autres animaux
(NRC, 1991).
Modèle : C'est une structure
formalisée, utilisée pour rendre compte d'un ensemble de
phénomènes qui possèdent entre eux certaines relations
. Il peut être un « modèle mathématique » et,
dans ce cas il est une représentation mathématique d'un
phénomène physique, mécanique, ..., humain, etc.,
réalisée afin de pouvoir mieux étudier
celui-ci. Le terme de « modèle physique » peut être
utilisé pour désigner une représentation matérielle
simplifiée d'un phénomène biologique complexe.
Polluant : Ce terme désigne toute
substance d'origine strictement anthropogénique, que l'homme introduit
dans un biotope donné dont elle était absente ou encore dont il
modifie la teneur (dans l'eau, l'air ou les sols selon le biotope) lorsqu'elle
y est spontanément présente (RAMADE, 2000).
Risque : C'est la probabilité
d'apparition d'effets toxiques après l'exposition des organismes
à un objet dangereux (RIVIERE, 1998). Pour COVELLO et
MERKHOFER (1993), le risque est un concept « au minimum
bi-dimensionnel, impliquant (a) la possibilité d'une issue
négative et (b) une incertitude sur l'apparition, la chronologie et la
gravité de cet effet négatif. Si l'une de ces
caractéristiques n'existe pas, il n'y a pas de risque... Plus
formellement, le risque est la caractéristique d'une situation ou d'une
action où il y a deux issues possibles, on ne sait pas laquelle doit se
produire, et l'une d'elles représente un événement
indésirable ».
Xénobiotiques : Ce sont les substances
étrangères à l'organisme ou qui ne semblent pas -- dans
l'état actuel de nos connaissances -- indispensables au fonctionnement
normal de l'organisme (SIPEs et GANDOFI, 1991). Ce terme est
moins restrictif que celui de polluant ou de toxique, il ne présuppose
pas la possibilité d'effet négatif et englobe non seulement les
polluants d'origine anthropique, mais aussi nombre de substances naturelles
présentes dans les plantes et qui se retrouvent dans l'alimentation de
l'homme et des animaux, telles que flavones, terpènes, etc., dont on
commence seulement à soupçonner les effets biologiques (RIVIERE,
1998).
11.2. De l'évaluation des risques (EDR)
La littérature fournit plusieurs définitions de
l'évaluation du risque. Ces différentes définitions
permettent de préciser la nature et la portée de cette
opération. SUTER (1993) considère
l'évaluation du risque comme l'opération qui assigne des niveaux
de probabilités aux effets négatifs des activités humaines
et des catastrophes naturelles. Pour RODRICKS (1994)
l'évaluation du risque ... est un moyen systématique pour
organiser l'information et la connaissance disponibles, pour spécifier
le niveau de certitude scientifique, en relation avec les données, les
modèles et les hypothèses nécessaires ; l'objectif est
d'en tirer des conclusions sur les risques pour la santé. En opinant sur
la définition de RODRICKS (1994), RIVIERE,
(1998) avance que cette définition est très
intéressante parce qu'elle met en lumière des
éléments essentiels de l'opération d'évaluation du
risque:
·
·
·
recherche et organisation des informations existantes;
utilisation de différentes approches et
méthodes;
spécification d'une incertitude attachée au
résultat.
L'évaluation du risque est une opération
systématique pour décrire et quantifier les risques
associés à des produits dangereux, des opérations, des
actions ou des événements (CovEno et MERKHOFER,
1993). VOLMER et al (1988)
définissent l'évaluation du risque comme un ensemble de
méthodes destinées à estimer l'importance et la
probabilité d'effets négatifs des substances
anthropogéniques sur l'environnement.
L'évaluation de risque écologique est un
processus qui évalue la probabilité que des effets
écologiques défavorables arrivent par suite de l'exposition
à un ou plusieurs stresseurs (EPA, 1992). Le processus est
utilisé systématiquement pour évaluer et pour organiser
des données, des informations, des suppositions et des incertitudes
aidant à comprendre et à prévoir les rapports entre des
stresseurs et des effets écologiques dans une voie qui est utile
à la prise de décision environnementale. Une évaluation
peut impliquer des stresseurs chimiques, physiques ou biologiques ; un ou
plusieurs stresseurs peuvent être également
considérés. Les évaluations de risque écologique
sont développées dans un contexte de gestion du risque pour
évaluer les changements anthropiques qui sont considérés
comme indésirables (EPA, 1992). Selon NORTON et al
(1992) l'évaluation du risque écologique évalue la
vraisemblance que des effets écologiques négatifs se produisent
après l'exposition à des stresseurs. Pour SETAC (1997)
l'évaluation de risque écologique détermine la nature et
la probabilité des effets de nos actions sur les animaux, les plantes et
l'environnement.
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