111.4.6. Résultats des essais
d'écotoxicité sur les effluents hospitaliers
Les tests de toxicité MICROTOX et Daphnie, les plus
couramment pratiqués sur les effluents hospitaliers, montrent que ces
derniers ont une écotoxicité élevée (GARTISER et
ai, 1996; LEPRAT, 1998; JEHANNIN, 1999). Par
ailleurs, la réalisation du test SOS chromotest montre que 20% des
échantillons étudiés sont capables de
générer une activité génotoxique (JEHANNIN,
1999). La mise en oeuvre des tests de mutation génique AMES et
HAMSTER prouve que les effluents des services cliniques et des laboratoires
hospitaliers peuvent présenter un caractère de mutation
génique (GARTISER et ai, 1996). Les résultats
d'études d'impact des effluents hospitaliers sur les processus
biologiques de STEP montrent par ailleurs que ces rejets liquides peuvent
induire une inhibition de l'activité des boues activées
(LEPRAT, 1998).
La première hypothèse avancée sur la
toxicité des rejets liquides hospitaliers est qu'elle est due aux
différentes substances utilisées dans les services
médicaux tels que : les détergents, les désinfectants, les
détergents/désinfectants, les agents de contrastes iodés
(DELOFFRE-BONNAMOUR, 1995; GARTISER et
ai, 1996; SPREHE et al, 1999 ;
STEGER-HARTMANN et al, 1999; JoLmois et al,
2002).
Les études de toxicité réalisées
sur le Pyosynthène EA 20 ®, un détergent/désinfectant
à base d'aldéhyde très utilisé en France pour le
nettoyage des sols, surfaces et matériels médicaux, aboutissent
à une CE50 de 1,4mL pour 1 m3 alors que celui-ci
était présent à une concentration de 35mL pour 1
m3 dans les effluents hospitaliers de l'hôpital
étudié (DELOFFRE-BONNAMOUR, 1995).
La mise en oeuvre de tests Daphnia magna Strauss sur
les effluents d'un centre hospitalier universitaire (CHU) d'une grande ville
française a indiqué une toxicité aiguë maximale de
116,8 UT ou équitox/m3 (EMMANUEL et al, 2001). Cette
toxicité est due probablement pour partie à la présence de
composés organohalogénés résultant de l'utilisation
des hypochlorites et des substances iodées dans la désinfection
des rejets liquides hospitaliers. Effectuée avant la mise en oeuvre des
processus de décantation des substances solides et de filtration du
surnageant, cette désinfection conduit à une augmentation de la
concentration des composés organohalogénés par suite des
réactions d'oxydoréduction entre la matière organique et
les désinfectants (EMMANUEL et al, 2002). Ces composés
organohalogénés sont le plus souvent lipophiles,
rémanents, et toxiques pour les organismes aquatiques (CAREY et al,
1998).
Les AOX, résultant de l'utilisation des agents de
contrastes iodées, des solvants, des désinfectants, des
détergents et des médicaments contenant du chlore, ont une
mauvaise biodégradabilité et un mauvais comportement
d'adsorption. La majeure partie (90%) des composés organiques
iodés contenus dans les rejets liquides quittent le plus souvent les
STEP sans aucune dégradation. Par ailleurs, STEGER-HARTMANN
et al (1999) notent que les agents de contrastes iodés
sont très hydrophiles, ils ne sont donc pas bioaccumulables.
Des cas de colites (AssELAH et al,
1996), de rectite (LEDINGHEN et al, 1996)
ou de proctite (BuRTIN et al, 1993) ont
été mentionnés chez des patients qui ont subi des examens
réalisés par des équipements qui ont été
désinfectés par le glutaraldéhyde. Par ailleurs, les
effets toxiques du gluataraldéhyle sur les espèces vivantes ont
été observés (NICNAS, 1994). Le tableau 5 présente
les résultats des essais d'écotoxicité
réalisés sur le glutaraldéhyde.
Tableau 7 : Ecotoxicité aquatique du
glutaraldéhyde (NICNAS, 1994)
Test
|
Espèces
|
Résultat
|
Algues = Inhibition de la croissance de 96-h = Inhibition de la
croissance de 96-h
|
Selenastrum capricornutum Scenedesmus subcaptatus
|
ILm = 3,9 mg/L
CE50 = 1 mg/L
|
Daphnie = toxicité aiguë 48-h
= effet sur la reproduction 21-jours
|
Daphnia magna Daphnia magna
|
CL50 = 16,3 mg/L
NOEC = 8 mg/L LOEC = 43 mg/L
|
Poisson = toxicité aiguë 96-h
|
Crapet à oreilles bleues
|
CL50 = 11,2 mg/L
|
Autres espèces = toxicité aiguë 48-h =
toxicité aiguë 96-h = toxicité aiguë 96-h
|
Larve des huitres Crabes verts
Crevettes
|
CL50 = 2,1 mg/L CL50 = 465 mg/L
CL50 = 41 mg/L
|
|