111.1.3. Bactéries coliformes
thermotolérantes
Ce terme désigne un groupe de coliformes capables de
provoquer la fermentation du lactose à 44-45°C ; ils comprennent le
genre Escherichia et, dans une moindre mesure, certaines
espèces de Klebsiella, Enterobacter et Citrobacter. Les
coliformes thermotolérants autres que la E. coli peuvent aussi
se trouver dans des eaux enrichies en matières organiques, comme les
effluents industriels ou des produits de décomposition des plantes et du
sol.
111.1.4. Streptocoques fécaux
Le terme "streptocoques fécaux" désigne les
streptocoques généralement présents dans les fèces
de l'homme et des animaux. Tous possèdent l'antigène du groupe D
de Lancefield. Du point de vue taxonomique, ils appartiennent aux genres
Enterococcus et Streptococcus. Récemment, la taxonomie des
entérocoques a été profondément modifiée et
la connaissance de l'écologie de nombreuses espèces
présente encore des lacunes. Le genre Enterococcus comprend
maintenant tous les streptocoques qui se caractérisent par certaines
propriétés biochimiques communes et une large tolérance
à des conditions de croissance défavorables, notamment les
espèces E. avium, E. casseliflavus, E. cecorum, E. aurons, E.
faeca/is E. faecium, E. gallinarum, E. hirae, E malodoratus, E. mundtii et E
solearus. La plupart de ces espèces sont d'origine fécale et
peuvent généralement être considérées en
pratique comme des indicateurs spécifiques d'une pollution fécale
humaine. Toutefois, on peut aussi les isoler à partir de fèces
d'animaux, et certaines espèces et sous-espèces, comme E
casseliflavus, E. faecalls var. liquefaciens E. malodoratus et E solearius
se rencontrent principalement sur des végétaux (OMS,
1994).
En ce qui concerne le genre Seeptococcus, seuls
S. bovin et S. equinus possèdent l'antigène du groupe D
et font partie du groupe des streptocoques fécaux. On les trouve
principalement dans les excréments d'animaux. Les streptocoques
fécaux se multiplient rarement dans l'eau polluée et leur
persistance n'est pas supérieure à celle de la E. collet
des coliformes.
111.1.5. Clostridia
sulfito-réductrices
Ce groupe se compose de microorganismes anaérobies
sporigènes, dont le plus caractéristique, Clostneum
perfringens (C. welchil est normalement présent dans les
fèces, mais en bien moins grand nombre qu'E. coli. Toutefois, ils ne
sont pas d'origine exclusivement fécale et leur présence dans
l'environnement peut avoir d'autres raisons. Les spores de clostridia peuvent
survivre dans l'eau beaucoup plus longtemps que les coliformes et ils
résistent à la désinfection.
111.1.6. Coliphages et autres indicateurs de
remplacement
Les bactériophages ont été
proposés comme indicateurs de la qualité de l'eau en raison de
leur similarité avec : les entérovirus humains et de leur
facilité de détection dans l'eau. Deux groupes ont
été largement étudiés : les coliphages somatiques
qui infectent les souches hôtes de la E coli par
l'intermédiaire des récepteurs de la paroi cellulaire, et les
bactériophages à ARN qui infectent les
souches de la E. coli et de bactéries
apparentées par le biais des pili F ou sexuelles. Ni les uns ni les
autres ne se rencontrent en grand nombre dans les déjections humaines ou
animales fraîches, mais ils sont abondants dans les eaux
d'égout.
111.1.7. Les techniques de mesure
Un certain nombre de techniques analytiques a
été développé et normalisé pour la
caractérisation microbiologique de l'eau. La culture cellulaire est la
technique la plus courante pour les examens bactériologiques.
L'ensemencement peut se faire sur des milieux liquides ou solides. Sur milieu
solide, l'ensemencement se fait par mise en culture d'une membrane ayant servi
à filtrer et concentrer un échantillon liquide, par
étalement en surface ou par incorporation en gélose.
Différents milieux de culture existent pour sélectionner les
bactéries pathogènes. L'identification des espèces peut se
faire par différents tests immunochimiques. Le dénombrement se
fait de manière directe par comptage de colonies formées sur
milieu solide (il s'exprime alors en unités formant colonies : UFC) ou
par définition du nombre le plus probable (NPP) en milieu liquide. Pour
l'application de cette technique, plusieurs dilutions sont
réalisées pour chaque échantillon à analyser et
pour chaque dilution, plusieurs tubes sont ensemencées
(généralement de 3 à 5). La réplication des
microorganismes est constatée par la production d'une turbidité,
d'un acide ou d'un gaz dans le tube. Le nombre de tubes positifs est alors
compté pour chaque dilution et des tables permettent d'estimer le nombre
de microorganismes dans l'échantillon original.
Pour les virus, la méthode de culture se fait
sur des cellules d'origine humaine ou de cellules provenant de primate. La
sélection d'une lignée de cellules doit être
spécifique du type de virus étudié. La présence de
virus conduit à la destruction des cellules et à l'apparition de
plaques ou de zones claires. Le nombre de virus est supposé correspondre
au nombre de plaques (le dénombrement est exprimé en UFP :
unité formant plaques.
Concernant les protozoaires, une méthode
d'analyse a été élaborée pour le Cryptosporidium
sur des cellules d'adénocarcinomes. Le processus infectieux est
détecté par observation des différentes phases du cycle
par immonofluorescence. Un dénombrement par l'approche du NPP est
utilisé.
Le tableau 2 fournit la liste des principaux tests
normalisés les plus utilisés dans la recherche des marqueurs
bactériens et viraux de pollution fécale des eaux.
Tableau 2 : Les principaux tests utilisés dans
la microbiologique des effluents
Coli. fécaux (E. coli)
|
NF T 90-433 microplaque
|
Strepto. fécaux (Entérocoques)
|
NF T 90-432 microplaque
|
Spores de anaérobies
sulfito-réductrices
|
NF T 90-145
|
Détermination qualitative d'entérovirus,
hépatite A Astrovi rus, rotavi rus
|
PCR & Méthode ELISA
|
111.1.8. Bactériologie des effluents
hospitaliers
Les résultats de travaux réalisés sur la
microbiologie des effluents hospitaliers mettent en évidence de
façon systématique la présence de germes ayant acquis des
caractères de résistance aux antibiotiques et de façon
ponctuelle des souches typiquement hospitalières (LEPRAT,
1988). En utilisant des enterocoques, des staphylocoques, des
Enterobactériaceae et des bactéries
hétérotrophiques comme indicateurs de présence des
bactéries multiresistantes dans les biofilms formés dans le
réseau d'assainissement hospitaliers, SCHWARTZ et
al (2002) ont relevé une importante présence de germes
multirésisants aux antibiotiques. Toutes les bactéries
isolées étaient résistantes à la
tétraciclyne et à l'erythromycine. 39 entérocoques
résistantes à la vancomycine ont été
relevés. Des niveaux élevés de resistance à
l'ampicilline, à l'amoxicilline/acide clavulanique et à la
gentamicine ont été enregistrés. Par contre de faibles
niveaux de résistance à la ciprofloxacine et à la
citromoxazole ont été enregistré. Pseudomonas
aeruginosa a été également isolée dans les
effluents hospitaliers (TsAl et al, 1998).
D'un point de vue quantitatif, les travaux de
caractérisation, effectués en France sur la microbiologie des
effluents hospitaliers, révèlent les faibles concentrations de la
flore bactérienne, soit une flore totale constante de 3x105
pour 100 mL pour ces rejets (BERNET et FINES,
2000), si on les compare à celle de 108 pour 100 mL
(METCALF & EDDY, 1991)
généralement présente dans les rejets liquides communaux
(LEPRAT, 1988 ; MANsorrE et JUSTIN, 2000 , BERNET
et FINES, 2000). Cette observation est probablement
due à la présence en concentrations élevées de
substances chlorées et autres substances toxiques (LEPRAT,
1988 , MANSOTTE et JUSTIN, 2000).
Des concentrations de 2,05x107, 1,92x107
et 9,10x105 colonies pour 100 mL ont été
respectivement décomptés dans les effluents hospitaliers pour les
coliformes totaux, la E. coli et les streptocoques fécaux
(LASER et al, 1999).
Idebsiella pneumoniae, identifiée comme
l'agent étiologique des infections nosocomiales (HIRSCH et al,
1999; BERNET et FINES, 2000), a
été isolée des eaux d'une STEP, 90% de la population
étudiée restant insensible à l'ampicilline et 6%
présentant des formes de multirésistances (STELZER
et al, 1985).
Les bactéries ont développé de
différents mécanismes pour rendre inefficace les antibiotiques
employés contre eux. Les gènes qui codent ces systèmes de
défense sont placés dans le chromosome bactérien ou dans
les plasmides. Ils sont transmis de génération en
génération : c'est le principe du transfert vertical de
gènes (SalwAR-rz et al, 2002). Des
éléments génétiques, comme les plasmides, peuvent
aussi être échangés parmi les bactéries
d'affiliation taxonomique différente, c'est le principe du transfert
horizontal de gènes (THOMAZEAU , 1983; DAVISSON, 1999).
Le transfert horizontal de gène par conjugaison est commun dans la
nature, et dans des systèmes techniques, où la densité de
bactéries est haute (MUELA et al, 1994; BARKAY
et al., 1995; SCHWARTZ et al, 2002). Des
études réalisées sur les mécanismes de traitement
STEP montrent que les bactéries présentes apparaissent souvent
pluri-résistantes, cet état de fait ne dépendant
guère de l'effluent d'entrée (THOMAZEAU, 1983).
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