Section 2. Nouvelle politique industrielle volontariste au
service de l'essor de la filière aéronautique marocaine
Dans l'industrie aéronautique, «la recherche
constante de niches de compétitivité est devenue une condition de
survie«1. Cette quête a initié un mouvement de
d'internationalisation des entreprises2 opérant dans le
secteur vers des pays à bas coûts de main d'oeuvre. «Le Maroc
est en phase de devenir précurseur dans ce sens pour se positionner dans
cette nouvelle reconfiguration et attirer les investissements de cette
relocalisation en cours«3. Le choix du Maroc est
favorisé par la proximité géographique et culturelle, mais
aussi, par une main-d'oeuvre qualifiée et moins
chère4. Cette attractivité a incité le
gouvernement a retenir la sous-traitance aéronautique parmi les secteurs
stratégiques5 que les pouvoirs publics envisagent de
développer dans le cadre du programme
«Emergence«6.
2.1. La sous-traitance aéronautique dans le
programme «Emergence«
2.1.1 Un ciblage clair des activités
aéronautiques à intégrer
Parmi les opportunités en faveur du Maroc et non des
moindres : un mouvement de reconfiguration de la chaîne de valeur globale
du secteur de l'Aéronautique, une spécialisation et une
accélération du développement de la filière
porté à la fois par les grands donneurs d'ordre du secteur
(Safran, EADS, Boeing) et un noyau de base d'activités de maintenance
avions et moteurs (SNECMA et Royal Air Maroc). Le secteur connaît aussi
une focalisation sur les activités de sous-traitance de niveaux
supérieurs (2 et 3) qui portent un fort potentiel de
développement.
1 UIMM-GIMAS. Secteur de la construction
aéronautique au Maroc : étude de faisabilité d 'un centre
de formation aéronautique. Casablanca : UIMM, 2007. 71 p. Rapport
d'étude UIMM-GIMAS.
2 Qui subissent de pleine fouée une
conjoncture difficile caractérisée par une forte pression
concurrentielle exercée par les géants du secteur, une inflation
des matières premières et une facturation des prestations en
dollar.
3 VALLEE, Samuel et al. Délocalisations :
le malheur des uns fait le bonheur des autres, Dossier conjoncture de la
CFCIM, 2005, no 856, p. 19.
4 LANGEVIN, Corinne. Délocalisations : le
Maroc peut-il en tirer profit ? Dossier conjoncture de la CFCIM, 2005, no
856, p. 20-22.
5 Les autres métiers sont l'offshoring,
l'automobile, l'électronique, l'agroalimentaire, la transformation des
produits de la mer et le textile.
6 C'est le fruit d'une étude
commanditée auprès du cabinet Mc Kinsey par le MICMNE sur la
réalité du tissu économique marocain et de sa place dans
une économie d'échange globalisée. La mise en oeuvre de
cette politique de développement produirait des retombées
économiques considérables sur l'ensemble de l'économie
nationale se traduisant par la génération de 91Mds DH de PIB
additionnel et la création d'environ 440.000 emplois à l'horizon
2013. Par ailleurs, cette politique volontariste devrait permettre de
réduire de plus de 50% le déficit de la BCE (Balance Commerciale
Elargie).
Ce mouvement devrait connaître une
accélération dans le cadre du programme «Emergence«
articulé autour de deux piliers. D'une part l'Aéropôle qui
se veut une zone de développement spécialisée en
aéronautique autour de l'aéroport de Casablanca offrant
l'infrastructure, la connectivité et les services critiques clés,
à proximité des pôles de compétitivité
aéronautique français. D'autre part, l'existence dans la
région de Casablanca d'un bassin d'emploi important avec une bonne
formation de base dans les métiers de l'aéronautique et un plan
et des aides à la formation1.
A terme, l'objectif est d'élargir les filières avec
une montée en gamme qui visent essentiellement2 :
· la sous-traitance et l'industrialisation par une
migration vers les niveaux 2 et 3 ;
· les services pour avions, moteurs et équipements
axés essentiellement sur la maintenance aéronautique ;
· les modifications et transformation avions par la
customisation de cabines avions privés haut de gamme ;
· la logistique aérienne à travers les
centres de tri courrier rapide (DHL, FedeEx). Le Maroc possède tous les
atouts nécessaires pour s'imposer dans ces activités très
internationales. «Le savoir-faire de ses ingénieurs et techniciens
est reconnu. Avec des salaires inférieurs à l'Europe et une
législation du travail plus flexible, les prestations peuvent être
offertes à un prix plus compétitif, dans des délais plus
courts, un argument très important dans l'aviation
civile«3. A l'horizon 2015, le secteur aéronautique
marocain devrait créer 12000 emplois pour un chiffre d'affaire
additionnel de 4 Mds DH4.
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