1.2.2 Des menaces entravant l'émergence du
secteur
i) Au niveau politique
Retard dans la mise en oeuvre de l'offre Maroc pour la
composante aéronautique du programme
«Émergence«
Le Maroc s'est engagé en faveur du développement
du secteur aéronautique en considérant clairement ce secteur
comme prioritaire. Cependant, l'activité n'est toujours pas
érigée au statut de secteur à part entière par le
MICMNE. En effet, l'organisation interne du ministère ne fait pas
apparaître un service dédié, à même
d'accompagner l'émergence du secteur et qui ferait figure
d'interlocuteur privilégié aux acteurs de la filière. Par
ailleurs, les professionnels attendent impatiemment le lancement de l'offre
aéronautique. A ce titre, ils sont sceptiques quant à la
célérité de sa mise en oeuvre.
Des Difficultés dans la mise en oeuvre des mesures
d'encouragement
Les lenteurs des procédures administratives
(remboursement des frais de formation par l'OFPPT, octroi du financement du
fonds Hassan II, ouverture des comptes en devises à l'office des
changes), les problèmes d'efficacité des mécanismes de
subvention et la suppression de l'exonération de la TVA pour les
sociétés de leasing (d'où un impact à la hausse sur
les coûts) sont autant d'entraves qui jettent de l'ombre sur la
volonté politique de développer le secteur.
Une timide politique publique en faveur des clusters
(PPC)
Ces PPC font référence aux efforts et aux
actions mis en place de manière organisée et planifiée par
les acteurs publics afin de favoriser la création et/ou le
développement de clusters ou de toutes agglomérations
d'entreprises. Ces politiques publiques, qui ont pour objectif
d'accroître les bénéfices socio-économiques pour un
territoire, incorporent diverses actions à la fois ciblées et
spécifiques visant à soutenir toute initiative et dont la
finalité est le développement du cluster dans son ensemble.
1 Loi n°15.95 et textes d'application.
Même si les pouvoirs publics ont créé un
cadre favorable doté de ressources physiques spécifiques (parcs
industriels, zones franches ...etc.), il n'en demeure pas moins que l'absence
d'actions concrètes en faveur de cluster (PPC) telles que (1) des
politiques de mise en réseau et de création de relations
partenariales entre les différents acteurs, (2) des actions visant
à fournir des informations sur les marchés et les technologies et
(3) des politiques de promotion et d'ouverture à l'international. Par
ailleurs, les faiblesses relevées aux niveaux (1) des programmes de
formation et de développement des compétences locales
qualifiées, (2) des actions d'appui aux marketing des PME/PMI et en
faveur de la promotion des clusters, (3) de l'accès aux services
spécialisés, sont autant d'éléments qui fragilisent
la filière marocaine.
ii) Au niveau économique
Le caractère cyclique de l'industrie
aéronautique
C'est un secteur fortement cyclique dans un environnement
ouvert. L'activité de l'industrie aéronautique fluctue au
gré de l'environnement géopolitique (terrorisme, cours du
pétrole et du dollar), de l'évolution du PIB mondial et de la
richesse et de la santé des habitants (SRAS, grippe aviaire), mais aussi
des choix budgétaires des pays en matière de dépenses de
défense et de recherche. Ces incertitudes provoquent une crise du
transport aérien qui elle même entraîne des
conséquences importantes sur le rythme de remplacement de la flotte et
les volumes de commande.
iii) Une concurrence de plus en plus rude dans
l'aéronautique
Le Maroc doit faire face à une concurrence
féroce de la part de la Tunisie et des pays de l'Europe de l'Est. En
effet, la Tunisie présente presque les mêmes atouts que ceux du
Maroc, avec un léger avantage au niveau de la
compétitivité et des procédures administratives. Quant aux
pays de l'Europe de l'Est, ils ont pu développer au fil du temps une
tradition aéronautique et un savoir-faire reconnue, conjuguée
à des coûts relativement bas. Les pays de l'Asie constituent un
grand potentiel de développement du marché du transport
aérien pour les deux décennies à venir, et de ce fait,
lient leurs nouvelles acquisitions d'appareil à des mesures de
compensations industrielles. A ce titre, ils pourraient représenter
à terme une menace pour le secteur marocain, néanmoins, la
proximité géographique du Maroc, tend à atténuer
cette menace.
Un faible développement du tissu local de
sous-traitance
Le secteur est jugé par les DOs comme embryonnaire avec
une faiblesse de la concurrence locale. Le secteur est composé
essentiellement par des filiales qui fonctionnent d'une manière captive
et ont peu (ou pas) d'activité commerciale et marketing. Aussi le
secteur souffre de carences au niveau de l'approvisionnement local en
matières premières. Par ailleurs, le secteur est encore largement
soumis aux décisions d'investissement et aux orientations d'achats des
grands DOs, qui sont encore peu liés par leurs investissements au Maroc.
Ceci fragilise l'ancrage de ces implantations au Maroc.
iv) Au niveau socioculturel
Une insuffisance au niveau des compétences
qualifiées et expérimentées
La plupart des cadres dirigeants et certains techniciens
d'encadrement (middle management) sont des expatriés. L'offre
de techniciens et ingénieurs nationaux ne répond que
partiellement aux besoins des industriels, par conséquent le secteur est
confronté à un turnover assez élevé.
Des difficultés au niveau de la formation de la main
d'oeuvre
A l'exception de la maintenance, l'absence d'instituts de
formation dans les métiers de l'aéronautique engendre
systématiquement des coûts supplémentaires en raison des
formations complémentaires réalisées en interne. En plus,
l'OFPPT tarde à octroyer aux entreprises les subventions aux frais de
formation.
Sur un autre registre, les modules dispensés dans les
instituts de formation de base (non spécialisés en
aéronautique) n'inculquent naturellement pas aux stagiaires une culture
aéronautique (qualité, rigueur... etc.). Aussi, des lacunes au
niveau de la langue anglaise - qui s'impose de plus en plus comme une langue de
travail (documentation, désignation,...) - mais également du
français sont constatées.
Des Difficultés au niveau de recrutement de la main
d'oeuvre
Le risque de pénurie de la MO peut tirer les salaires
vers le haut et du coup engendrerait des hausses des coûts de production.
Ceci se manifesterait inéluctablement par une perte de
compétitivité du secteur. D'où l'urgence de
concrétiser au plus vite le projet de l'IMA.
v) Au niveau technique
Des insuffisances au niveau des infrastructures
d'accueil
Les professionnels des zones industrielles
dédiées, se sont plaints du manque de prestations annexes
(transport en commun, restauration collective, collecte de déchet
industriel, centre médical, ...), des problèmes de connexions
Internet, de coupure sporadique d'électricité et d'eau, et d'un
essoufflement de l'offre foncière industrielle engendrant une hausse des
prix.
Des manques au niveau de l'infrastructure et de
l'utilisation des TIC
L'utilisation des TIC n'est pas
généralisée et les professionnels regrettent l'absence de
connexions très haut débit via la fibre optique (pour des
éventuelles plates-formes e-business) et ils se plaignent de la
cherté des lignes spécialisées. Il y a lieu de relever
aussi des difficultés dues à la faiblesse du réseau de
bureaux d'études spécialisés (ingénierie, achats,
logistique, support qualité...) et de sociétés de
réalisation de logiciels et de conseil en systèmes
informatiques.
vi) Au niveau légal
Un renforcement des normes réglementaires
Le secteur est régi par une réglementation
environnementale et sécuritaire draconienne. Ceci se répercute en
cascade sur toute la CVG de l'industrie de la construction aéronautique
et plus particulièrement sur les processus de certification,
sélection et qualification des fournisseurs, qui sont de plus en plus
longs et coûteux. Par conséquence, l'activité
nécessite des efforts importants en organisation, formation, logistique
et contrôle qualité. Ceci est encore plus contraignant du fait de
la rareté des prestataires de services à même d'accompagner
et de conseiller les STs dans leurs processus de certification. C'est pourquoi
le développement de l'activité a été souvent
porté par des filiales de sociétés
étrangères ou par des JVs.
La complexité des formalités
administratives
Des problèmes sont relevés au niveau de
l'efficacité des mécanismes d'octroi des aides et des subventions
étatiques, en plus des lenteurs pour l'ouverture des comptes en devises
auprès de l'Office des Changes, conjuguées à une
rigidité dans l'accès au financement bancaire surtout en cas de
location ; et ce en raison des exigences de garantie immobilière en
particulier pour les petites structures. En outre,
la réglementation du travail est jugée par les
professionnels, comme contraignante en cas de licenciement. Enfin, la
récente suppression de l'exonération de la TVA pour les
sociétés de leasing a provoqué une hausse des coûts
d'investissement.
1.3. Matrice «SWOT«
La matrice «SWOT« ci-dessous, synthétise les
forces et faiblesses, ainsi que les opportunités et menaces de la
filière aéronautique marocaine.
Tableau 18. Matrice « SWOT «
(1)
(c) BEK
· Dépendance positive du DO :
° garantie des marchés ;
° savoir-faire spécifique lié à
certains
produits ;
° accès à l'information et identification
des
opportunités.
· Compétences technologiques :
° programmes d'amélioration de la production ;
° compétences techniques des employés.
· Compétences organisationnelles :
° habilité de gestion ;
° réputation.
· Clustering : °
prédisposition à la coopération ;
° sens d'appartenance.
· Croissance du secteur au niveau mondial.
· Forte pression sur les coûts en Europe.
· Contexte politique & socio-économique
favorable à l'investissement.
· Programme «Emergence«.
· Marché de maintenance prometteur suite à
l'accord de l'Open Sky.
· Proximités géographique et culturelle.
· Bassins d'emploi caractérisés par un faible
coût de MO et une bonne productivité.
· Nouvelles Implantations et extensions d'unités
industrielles.
· GIMAS, acteur fédérateur et interlocuteur
des pouvoirs publics.
· Ouverture à l'export via les ALE avec les
Etats-Unis et l'UE.
· Infrastructures dédiées au niveau de
l'Aéropôle et la TFZ.
· Cadre réglementaire compétitif.
Opportunités (2)
Forces (1)
· Dépendance négative du DO :
° marge de manoeuvre restreinte ; ° faible autonomie.
· Compétences technologiques : ° investissement
en R&D ; ° veille technologique.
· Compétences organisationnelles : ° efforts
marketing ;
° compétences relationnelles-spécifiques.
· Clustering :
° faible spécialisation sectorielle de la TFZ ;
° problèmes de développement des RH ;
° absence de vision partagée, de système
de
gouvernance et d'animation ;
° très faible intensité de la R&D et du
transfert
des connaissances.
· Caractère cyclique de l'industrie
aéronautique.
· Concurrence de plus en plus rude.
· Normes draconiennes : certifications.
· Retard de mise en oeuvre de l'offre Maroc pour
l'aéronautique.
· Politiques Publiques en faveur des Clusters (PPC)
timides.
· Difficulté de mise en oeuvre des mesures
incitatives.
· Faible tissu local de sous-traitance.
· Insuffisance des compétences qualifiées et
expérimentées.
· Carence dans la formation de la MO, surtout au niveau de
la culture aéronautique.
· Difficultés de recrutement de la MO.
· Insuffisances des services connexes et des
infrastructures d'accueil.
· Manque au niveau de l'infrastructure TIC et des
prestations de services.
· Complexité des procédures
administratives.
Faiblesses (1)
Menaces (2)
Pour plus de détail voir les résultats
quantitatifs de la recherche (Cf. Partie. II, Chapitre. II, Section.
1).
(2) Pour plus de détail voir la confrontation
(Cf. Partie. II, Chapitre. III, Section. 1, Paragraphe. 2) d'une revue
documentaire (Cf. Partie. I, Chapitre. I) avec les résultats qualitatifs
de la recherche (Cf. Partie. II, Chapitre. II, Section. 2).
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