1.2.1 Des opportunités en faveur de
l'émergence du secteur
i) Au niveau politique
Une stabilité politique qui crée un
environnement favorable à l'investissement
Au terme d'une transition démocratique amorcée
en 1997 par feu Sa Majesté le roi Hassan II, le Maroc connaît une
stabilité politique consolidée par un processus
démocratique. Les dernières élections législatives
de 2007, deuxième du genre sous le règne de Sa Majesté le
roi Mohamed VI, sont considérées par la communauté
internationale comme crédibles et transparentes. Le renforcement de
l'Etat de droit favorise un climat propice à l'investissement.
L'inauguration de Labinal Maroc par Sa Majesté le roi Mohamed VI en 2004
et la tenue de l'«Aeroexpo Maroc« sous son haut patronage, sont
autant de signaux forts vers le secteur.
1 Inspiré des travaux de Christophe FAVOREU.
FAVOREU, Christophe. Légitimité, rôles et nature des
politiques publiques en faveur des clusters. Groupe ESC Toulouse, 2007. 34
p.
2 Ce paragraphe est le fruit d'une confrontation de
l'investigation documentaire avec les résultats qualitatifs.
Une volonté affichée des pouvoirs publics pour
développer le secteur aéronautique Le plan
«Émergence« décline une nouvelle politique industrielle
ciblée et volontariste du MICMNE. Cette dernière repose sur la
nécessité pour l'économie marocaine, d'une part de se
focaliser sur les moteurs de croissance orientés export qui
représenteront 70% de la croissance industrielle d'ici 2015 et d'autre
part de moderniser le tissu existant pour le rendre plus compétitif. Le
secteur aéronautique a été retenu comme un des MMM dans le
cadre du programme «Emergence«.
Une volonté du gouvernement de développer le
transport aérien
Dans le cadre de la «vision 2010«, le Maroc a
signé en décembre 2005 l'accord de l'Open Sky avec l'UE.
Cette libéralisation a engendré une forte augmentation du trafic
aérien conjuguée à l'arrivée de nouvelles
compagnies aériennes nationales et internationales, d'où un fort
besoin en maintenance aéronautique dans les années à
venir. Cette activité dont le Maroc a su développer un
savoir-faire reconnu au niveau international, est un des piliers de la
composante aéronautique du plan «Emergence«.
Le GIMAS : un acteur fédérateur du secteur
aéronautique susceptible de jouer le rôle d'interlocuteur à
l'égard des pouvoirs publics
Les industriels ont été amenés à
tisser des liens, à créer des partenariats industriels, puis
à officialiser ces relations à travers la création du
GIMAS. L'objectif poursuivi étant la représentation du secteur
auprès des instances publiques, la participation à
l'élaboration d'une politique industrielle en collaboration avec les
pouvoirs publics et le soutien de toute initiative visant à
développer le secteur. Dans cette optique, le GIMAS et le gouvernement
travaillent en concertation pour la création de l'IMA. La
concrétisation de ce projet permettrait de répondre aux besoins
des industriels en ressources humaines qualifiées.
ii) Au niveau économique1
Une stabilité économique reconnue
Les réformes structurelles dans plusieurs domaines
axées sur la libéralisation de l'économie et
l'amélioration de la compétitivité des entreprises, ont
permis d'amener l'économie marocaine sur une trajectoire de
croissance plus soutenue. En effet, le
1 Voir Partie. I, Chapitre. I.
Royaume a considérablement progressé pour ce qui
est de la stabilisation de la situation macroéconomique avec des taux
d'inflation relativement faibles, une maîtrise de la balance des
paiements, doublée actuellement par une évolution favorable de la
balance courante du fait des rapatriements des fonds des travailleurs et des
recettes du tourisme et un accès au crédit largement
facilité. L'économie marocaine réalise en moyenne un taux
de croissance de 5% porté de plus en plus par les activités non
agricoles. La préservation des grands équilibres
macroéconomiques dans un cadre libéral et la stabilité
monétaire créent un environnement idoine pour l'investisseur.
La reprise de la croissance du secteur aéronautique au
niveau mondial
Sur le plan international, le développement du
transport aérien des passagers croit régulièrement
à un rythme proche de 5% par an, alors que la progression du fret est de
l'ordre de 6%. Les perspectives de développement du secteur sont donc
importantes puis qu'il est prévu de produire, dans les 20 ans à
venir, 25 000 avions et 47 600 moteurs d'avions afin de doubler la flotte
mondiale. Le secteur est constitué par des milliers d'industries
sous-traitantes qui accompagnent les deux grands constructeurs que sont Airbus
et Boeing. Cherchant à réduire leurs coûts de production,
les entreprises de la construction aéronautique, initialement
implantées dans les pays européens et aux Etats Unis ont
commencé récemment à délocaliser leurs sites de
production. Les nouvelles tendances à l'internationalisation et la
reconfiguration de la chaîne de valeur profitent au secteur
aéronautique marocain. Le nombre d'implantations ne cesse d'augmenter.
Une quarantaine d'entreprises est déjà installée et une
dizaine en cours. Parmi elles de grandes références mondiales
(EADS, SAFRAN, MINCO...) générant un grand effet
d'entraînement.
La filière aéronautique en Europe subit une
forte pression sur les coûts illustrée par la crise
d'AIRBUS
Pour résoudre les problèmes de production de
l'A380, la direction d'Airbus a dévoilé un nouveau plan de
restructuration étalé sur cinq ans, baptisé «Power
8«. Ce dispositif a pour but de compenser l'ensemble des pertes
cumulées par le programme du «Super Jumbo« lié aux
dépassement des coûts, au glissement des livraisons et aux
compensations financières destinées aux compagnies clientes, mais
surtout, pour améliorer la compétitivité de l'avionneur
européen face à son
concurrent direct BOEING. Avec un dollar continûment
faible et face à des coûts de production majoritairement en euros,
les marges perçues sur la vente d'appareils facturés en dollars
se réduisent et pénalisent les futurs investissements
nécessaires au développement de la future famille de
long-courriers A350XWB, ainsi que pour le successeur de l'A320. Dans une
optique de production hors zone Euro, pourrait accélérer le
processus d'installations de nouvelles unités et d'extensions des
implantations marocaines adressant AIRBUS.
Implantations de nouvelles unités industrielles au
Maroc et développement des unités installées
Le salon du Bourget, qui s'est déroulé à
Paris du 18 au 24 juin 2007, a connu pas moins de cinq conventions
signées, soit pour de nouvelles implantations ou pour l'extension des
unités déjà installées. En effet, ce salon a
été l'occasion de signer des conventions avec des
opérateurs aéronautiques français (Segula Technologie,
Auvergne Aéronautique, le Groupe ARM) dans le cadre de l'externalisation
d'une partie de leur production vers l'Aéropôle. La TFZ a
réussi à décrocher deux gros investissements liés
à des contrats d'extension, signés avec les entreprises Souriau
et Dion.
iii) Au niveau socioculturel
Une stabilité sociale consolidée
Au cours de la dernière décennie, le Maroc s'est
engagé dans un ambitieux programme de réformes structurelles dans
plusieurs domaines. De ce fait, il a accompli des avancées
significatives en matière de démocratisation de la vie publique,
d'éducation, de santé et de renforcement des infrastructures de
base. La politique économique a permis au Maroc d'améliorer les
conditions de vie et de lutter contre les disparités sociales et
régionales. Dans cette perspective, l'INDH (Initiative Nationale pour le
Développement Humain), lancée en mai 2005 par Sa Majesté
le roi Mohamed VI, vise à réduire les disparités sociales
et géographiques, à développer les sources de revenu et
d'emploi et à aider les populations vulnérables au moyen d'un
processus participatif et transparent.
L'existence de bassins d'emploi importants
caractérisés par un faible coût de la MO et une bonne
productivité
Par la forte concentration des écoles
d'ingénieurs, des universités et des centres techniques de
formation, les régions de Casablanca et de Rabat représentent des
bassins d'emploi intéressants de par leur qualité et leur
diversité. Des structures de formations spécialisées dans
le domaine aéronautique se sont implantées pour satisfaire les
besoins des industriels notamment l'Académie Internationale Mohammed VI
de l'Aviation Civile, ou bien sont en projet notamment l'IMA. Ces bassins sont
caractérisés par la disponibilité d'une MO à faible
coût, ayant une formation technique de base et une bonne
productivité.
Une proximité géographique et culturelle
à travers une francophonie partagée
La francophonie est un atout majeur pour le secteur.
Associée à la proximité géographique de l'Europe,
elle constitue le principal critère d'installation de nouvelles
unités et une source de compétitivité. Les atouts
liés à la maîtrise des coûts étant valables
dans la plupart des pays low cost (en particulier pour les nouveaux
pays de l'Union Européenne), dès lors la culture francophone au
Maroc constitue le critère majeur qui explique l'engouement des
sociétés françaises pour le Maroc .
iv) Au niveau technique
Le développement des infrastructures
dédiées
Le Maroc a développé des infrastructures
d'accueil pour drainer les IDE, tels que les parcs industriels, les
techno-parcs et les zones franches d'exportation et de logistique, les zones
d'activités économiques et les pépinières
d'entreprises. L'Aéropôle et la TFZ sont les principales zones
d'implantations du secteur aéronautique. Elles présentent de
multiples avantages, entre autre une proximité géographique de
l'Europe, des équipements de qualité et une bonne
connectivité grâce à un réseau performant de
transport (routier, aérien et ferroviaire), conjugués parfois
à une spécialisation sectorielle, comme c'est le cas pour
l'Aéropôle.
Une bonne infrastructure de
télécommunications
L'existence de prestataires de services informatiques
(solutions informatiques, EDI, GMAO, CAO, ERP), la disponibilité
d'Internet haut débit (plate-forme pour le e- business, e-PME), la
qualité des équipements de communication
(téléphone,
informatique, connexions Internet, etc.), sont autant de
facteurs qui encouragent les investisseurs aéronautiques à
s'installer au Maroc et améliorent la compétitivité de la
filière.
v) Au niveau légal
Les accords de libre échange (ALE) avec les Etats-Unis
et L'UE permettent une ouverture vers de nouveaux marchés export
Le Maroc a signé le 26 février 1995 un accord
d'association avec l'Union Européenne. Ce dernier accord établira
progressivement le libre échange des produits industriels à
l'horizon 2012. S'agissant de la libéralisation du commerce des
services, l'accord contient des dispositions relatives à la
liberté d'établissement et à la libéralisation des
services, à la libre circulation des capitaux et aux règles de
concurrence. Un accord de libre-échange a également
été conclu avec les Etats- Unis en 2004 permettant l'accès
immédiat en franchise de droit pour 95% des biens industriels et de
consommation du Maroc sur une base de réciprocité. L'accord
conclu avec les États-Unis devrait jouer un rôle moteur pour
attirer les IDE et faire du Maroc une plate-forme d'exportation à
destination de l'Europe et des Etats-Unis, en tirant profit de sa situation
géographique. Les autorités ont par ailleurs, poursuivi la
libéralisation des échanges à l'échelon
régional en signant un accord commercial avec la Turquie et l'Accord
d'Agadir avec la Tunisie, la Jordanie et l'Égypte. Ces différents
accords devront favoriser le développement du secteur
aéronautique marocain orienté à l'exportation.
Un cadre réglementaire attractif
En attendant prochainement le dévoilement officiel par
le MICMNE de l'offre Maroc pour l'aéronautique dans le cadre du plan
«Émergence«, le secteur profite au même titre que les
autres secteurs industriels d'un package comprenant des mesures incitatives
à l'investissement à savoir : Fonds Hassan II, Article 7.1 de la
loi de finances 98/99, Fonds de la promotion de l'investissement, avantages aux
exportateurs et incitations fiscales et foncières. La souplesse de la
réglementation, la flexibilité du travail dans le cadre d'un
dialogue social (nouveau code du travail1) et
1 Loi n°65.99 Promulguée par le dahir
n°1.03.194 du 11 septembre 2003 (Publiée au BO n° 5210 du
6 mai 2004).
un cadre juridique sécurisant (code de
commerce1, modernisation des tribunaux de commerce et protection des
brevets), sont autant de facteurs qui renforcent la performance des entreprises
opérant dans le secteur.
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