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Dynamique des relations verticales et clustering : Quelle stratégie pour une sous-traitance aéronautique marocaine compétitive ?

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par Makram KHABBACHE, Zakaria BENHAR et Soufyane ETBER
Institut Supérieur de Commerce et d'Administration des Entreprises - Cycle Supérieur de Gestion ( Executive MBA ) 2007
  

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1.3.3 Internationalisation de la sous-traitance et mesures de compensation industrielle

La recherche d'une production à bas coût, ainsi que les pratiques commerciales dites de compensation industrielle sont autant de facteurs qui favorisent l'internationalisation de la production dans l'industrie aéronautique.

Parfois impulsée par les États, comme c'est le cas pour Airbus, ou sur initiative
propre des entreprises du secteur, l'internationalisation s'affirme de plus en plus chez

1 FRIGANT, Vincent et TALBOT, Damien. Convergence et diversité du passage à la production modulaire dans l'aéronautique et l'automobile en Europe. Communication présentée aux journées de travail du GERPISA, 2003.

2 Usine nouvelle. n°2783. 2001.

3 Néanmoins, l'avènement de nouveaux modes d'organisation dits Racines et Rameaux a marqué l'éclatement du modèle pyramidal qui a prévalu initialement dans le secteur aéronautique. Cf. Partie. I, Chapitre. II, Section. 2. Paragraphe. 3.

4 Les stades d'évolution des registres de relations DO/ST seront détaillés dans la Partie. I, Chapitre. II. Section. 1. Paragraphe. 3.

les industriels de l'aéronautique1. Certes, elle reste confrontée à certaines limites dont la principale est liée au désir des États de limiter le transfert de technologies sensibles, néanmoins, la pression accrue qui s'exerce sur les coûts à l'échelon mondial, notamment, avec l'apparition de certains nouveaux constructeurs milite en faveur d'une intensification des mouvements de délocalisation de la production vers des pays émergents.

En outre, ce mouvement d'internationalisation a été particulièrement accéléré par l'avènement de nouvelles pratiques commerciales dites de compensation industrielles ou Off-Set et auxquelles les nouveaux clients ont de plus en plus recours. En effet, dans un climat fort concurrentiel, les avionneurs sont amenés, pour pouvoir décrocher des marchés, à concéder de plus en plus de mesures de compensation en faveur des pays clients2. Pour le civil comme pour le militaire, la plupart des gouvernements veillent à ce que l'acquisition d'équipements étrangers soit accompagnée d'une endogénéisation3 graduelle des compétences dans des firmes nationales. C'est ainsi que les contrats de vente sont assortis de clauses qui stipulent qu'une partie de la production doit se faire sur le sol de l'État acheteur (ou de la compagnie aérienne acheteuse)4. Les pays émergents voient en ce mécanisme un moyen de soutenir l'emploi, de transfert et d'appropriation des technologies mises en oeuvre.

En plus d'être justifiée sur les plans économique et technologique, cette internationalisation est généralement justifiée politiquement pour faciliter l'accès aux nouveaux marchés.

Les grands constructeurs ont dû se plier à ces règles pour pénétrer certains marchés
à l'image de Boeing qui a confié la production de 35% du Boeing 787 au Japon5. Tel
est le cas également pour Airbus qui compte parmi ses fournisseurs des sociétés

1 Concernant le programme A380 par exemple, la part relative des équipements provenant de l'extérieur est proche de la moitié de la valeur du programme tout entier, alors que cette part ne dépasse pas le 1/4 pour le reste de la gamme.

2 PETIT, Thierry (Coord.). La filière industrielle aérospatiale en Ile-de-France, état des lieux et enjeux. IAURIF, 2005.

3 BOURGAULT, Mario. Analyse des rapports entre donneurs d'ordres et sous-traitants de l'industrie aérospatiale nord-américaine. Montréal : CIRANO, 1997. Série Scientifique. N° 97s-27.

4 HAAS, Joachim et OURTAU, Maurice. La sous-traitance : organisation industrielle et gestion de l'emploi et des qualifications. LIRHE, Université des sciences sociales de Toulouse. Rapports du Céreq. L'évolution de l'emploi et des qualifications dans la construction aéronautique et spatiale, 2006.

5 PETIT, Thierry (Coord.). La filière industrielle aérospatiale en Ile-de-France, état des lieux et enjeux. IAURIF, 2005.

américaines, ce qui lui facilite l'accès au marché local. Airbus a aussi confié à la Chine une partie du développement du programme A380 dans le but de se voir ouvrir ce marché à très fort potentiel. De même en 2003, la fabrication d'Eurocopter a été délocalisée en Chine dans le but de pénétrer ce marché1.

1.3.4 Généralisation des principes organisationnels de l'ingénierie concourante Les programmes2 actuellement développés par Airbus sont marqués par la généralisation des principes organisationnels de l'ingénierie concourante, déjà appliqués dans l'automobile (Toyota, Renault, PSA...) et dans l'aéronautique (Boeing pour le 777)3.

Ces principes, largement inspirés du modèle japonais de l'industrie automobile, sont repris explicitement par Aérospatiale dès les années 19904. Ils impliquent, dès la phase de conception, une approche systématique appliquée au développement de nouveaux produits, prenant en considération l'ensemble du cycle de vie du produit : de la conception jusqu'au recyclage des composants et matériaux, en passant par sa production, sa commercialisation, son utilisation en conditions opérationnelles et sa maintenance5. Le concepteur prend ainsi le soin d'intégrer, dès la phase de conception, les contraintes de fabrication des produits (amélioration de la «manufacturabilité« des produits) et les contraintes d'après-vente et d'entretien en conditions opérationnelles (amélioration de la «maintenabilité« des produits)6. Concrètement, l'ingénierie concourante rassemble des équipes pluri-fonctionnelles qui travaillent en parallèle sur le développement du produit. Elle permet de réduire

1 Source rapport annuel 2004 d'EADS.

2 Airbus mène depuis plusieurs années, un projet européen (ENHANCE) associant une cinquantaine de sociétés partenaires dans un programme de développement des principes d'ingénierie simultanée concourante. Ce projet a pour mission le développement d'une plateforme informatique qui servira à la fois à une nouvelle norme européenne du secteur et en même temps à la réduction d'un certain nombre de coûts et de délais associés à la RDT : ainsi pour les A340-500 et 600, les objectifs étaient une réduction de 30 % pour la durée du cycle de développement et de 20 % pour les coûts de ce cycle (par comparaison avec le développement de l'A340).

3 HAAS, Joachim et OURTAU, Maurice. La sous-traitance : organisation industrielle et gestion de l'emploi et des qualifications. LIRHE, Université des sciences sociales de Toulouse. Rapports du Céreq. L'évolution de l'emploi et des qualifications dans la construction aéronautique et spatiale, 2006.

3 PETIT, Thierry (Coord.). La filière industrielle aérospatiale en Ile-de-France, état des lieux et enjeux. IAURIF, 2005.

4 Chez Aérospatiale, cette approche dite ACE "Airbus Concurrent Engineering" a commencé en 1995 dans le but de raccourcir le cycle du développement de 30% et de réduire les coûts de la production pendant le cycle de vie de l'avion. Il a été suivi en 1999 par le programme «Enhanced Aeronautical Concurrent Engineering« pour définir des nouvelles méthodes de travail dans le secteur afin d'améliorer sa compétitivité à travers le développement de standards méthodologiques applicable le long de la chaîne d'approvisionnement.

5 IGALENS, J et VICENS, C. Changes in the aeronautics sector: the case of Airbus in the Midi Pyrénées, 2006

6 BRUEL, Olivier et FAVALETTO, Bruno. Achat et logistique d'approvisionnement. In : Management Stratégique et Compétitivité. INGHAM, Marc (Ed.): 1995, p236.

considérablement le temps de conception par rapport à une approche séquentielle des tâches1. Cela a conduit à l'association dans le processus de la conception de tous les acteurs ayant compétence pour intervenir aux différents moments et sur les différents aspects du cycle de vie et à faire de sorte qu'ils travaillent aussi simultanément que possible2.

Désormais, les constructeurs ont abandonné l'ancienne organisation séquentielle, pour développement de nouveaux produits, au profit d'un mode de développement «concourant«. Ce dernier comporte des dimensions aussi diversifiées que la convergence, la simultanéité et la mobilisation qui animent les différents acteurs en phase de développement3.

Ce nouveau mode d'organisation permet de capitaliser sur les connaissances cumulées le long de la chaîne de valeur et de les injecter en amont afin d'anticiper les difficultés en aval. Faire bien dès le départ permet de finir plus vite et à moindre coût.

Même si la phase de conception représentent en moyenne 5% du coût total d'un produit, elle en détermine toutefois environ 75% du coût total. C'est donc durant cette phase qu'il est possible de réduire le coût total du produit et que les coûts d'étude des solutions alternatives et des modifications sont les plus faibles.

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