1.2. Un niveau de contribution
hétérogène des différentes variables constituant le
concept retenu du clustering, sur le profil et la performance du ST
La section. 2, du chapitre. II de la partie. I, a mis en
exergue le contexte dans lequel plusieurs STs oeuvrent actuellement. À
cause des stratégies insufflées par les DOs majeurs,
réduction et hiérarchisation autour des pivots de la
base de sous-traitance, une nouvelle dynamique des relations partenariales
structure la CVG de la construction aéronautique. Les STs tendent
à se structurer dans des clusters, des schémas organisationnels
qui, selon une revue de littérature, empruntent des trajectoires
inscrites dans un cycle de vie du cluster : partant des stades
embryonnaires et émergents jusqu'aux stades de maturité ou de
déclin, en passant par le stade de développement (Cf. Partie. I,
Chapitre. II, Section. 1, Paragraphe. 2).
1 Pour plus de détail concernant le
modèle de sous-traitance par type d'activités, voir Partie. II,
Chapitre. I, Section. 1.
2 Ce développement fera l'objet de la Partie.
II, Chapitre. III, Section. 1.
Egalement, à la lumière de ces nouvelles
dynamiques des relations inter-firmes qui prévalent désormais
dans le secteur, un ST performant est celui qui cherche à dégager
des synergies, à mutualiser les efforts et à acquérir de
nouvelles compétences en puisant dans les externalités positives
issues de l'espace clustérisé dans lequel il baigne. À cet
égard, nous avons postulé que la hausse du degré de
clustering du ST aurait un effet positif sur son profil.
Le développement conceptuel précédent
nous a permis de saisir le «degré de clustering« des firmes
par le biais d'une batterie de 9 indicateurs. Ces derniers sont liés
à la localisation géographique et à celle perçue
par la firme, à l'attrait de l'environnement territorial via 7 facteurs
(cette dernière dimension tente de saisir le degré avec lequel la
firme interagit (avec), fléchit ou tire profit de l'espace dans lequel
elle baigne). Le tableau ci-dessous récapitule la batterie d'indicateurs
utilisée pour saisir le degré de clustering.
Tableau 12. Les indicateurs du degré de
clustering
|
Indicateurs du degré de clustering
|
Degré de clustering
|
Localisation
|
Localisation géographique
|
Sens d'appartenance
|
Environnement territorial
|
Intensité de la R&D et transfert des connaissances
|
Moyens de financement
|
Ressources Humaines
|
Infrastructures de transport et de
Télécommunication
|
Coopération inter-entreprises
|
Spécialisation sectorielle
|
Gouvernance institutionnelle
|
(c) BEK
1.2.1 L'effet du degré du clustering sur le profil du
ST
Pour confirmer le lien entre le niveau de clustering et le
profil du ST, l'échantillon fut divisé en deux groupes selon le
point de césure (= 5)1 au niveau du degré de
clustering. L'échantillon a été évalué par
un T-test. À noter également qu'il n'existe aucune
différence de taille entre les deux groupes, renforçant ainsi la
valeur des résultats (voir Tableau 13).
1 Vu le degré modéré du
clustering de la filière marocaine, dû en partie à son
jeune âge, l'échantillon a été divisé en
deux, selon le point de césure 5, légèrement
supérieure à la médiane (4.67). L'échantillon ainsi
formé, est équitablement réparti entre les deux groupes
(n1=n2=6) ce qui renforce la pertinence des résultats.
Tableau 13. Différences entre les profils des
deux groupes formés sur la base du niveau de clustering
(1)
T-test Degré de clustering, césure =
5
|
clustering faible n1=6
|
Clustering élevé n2=6
|
Compétences technologiques
|
Investissement en R&D (%)
|
1,58
|
0,33
|
Veille technologique (2)
|
2,78
|
3,67
|
Compétences techniques des employés
(2)
|
3,50
|
4,00
|
Savoir-faire spécifique lié à certains
produits (2)
|
4,50
|
4,00
|
Compétences organisationnelles
|
Efforts marketing (2)
|
1,33
|
2,33
|
Réputation (2)
|
4,17
|
3,33
|
Degré d'internationalisation des ventes (%)
|
100,00
|
84,17
|
(c) BEK
(1) Seuls les résultats présentant des
différences significatives sont affichés au tableau.
(2) Pour des précisions sur les mesures utilisées,
voir la Partie. II, Chapitre. I, Section. 2.
Le tableau précédent confirme l'effet du
clustering sur le profil. Néanmoins, le sens de la relation est
difficile à établir, en effet un degré de clustering
faible semble favorable à l'acquisition et/ou au développement de
certaines compétences technologiques et organisationnelles. Ainsi, ceci
invite les STs de ce groupe à investir davantage dans la R&D et
à acquérir et/ou développer des savoir-faire
spécifiques. De même les STs qui clustérisent moins
adressent davantage les marchés étrangers et ont une meilleure
réputation. D'autre part, les STs inscrits dans des espaces
clustérisés sont plus enclins à faire une veille
technologique et ont de meilleures compétences techniques et font plus
d'effort marketing. Ces résultats intrigants à première
vue, requièrent une analyse approfondie. Ainsi, les firmes constitutives
du 1er groupe sont des firmes non inscrites dans des logiques de
clustering eu égard à leur localisation, sens d'appartenance et
perception de l'attrait de l'environnement territorial dans lequel elles
baignent. Il semble qu'elles sont plus amenées - afin de maintenir un
niveau de compétitivité satisfaisant - à investir dans la
R&D pour compenser la faiblesse des externalités positives de
l'environnement territorial. De même, de par leur isolement et pour
survivre face à une compétitivité exacerbée, ces
STs sont contraints de développer des savoir-faire
spécifiques assez importants, au moment où les STs du second
groupe, connectés à des espaces clustérisés, voient
leur compétitivité dans la complémentarité des
processus mis en oeuvre par les divers STs acteurs du cluster. Cette
complémentarité des processus entre des entreprises liées,
rappelons-le, est l'un des leviers par lequel les pivots (ou
leurs filiales) des modèles «Rameaux«
bâtissent leurs réseaux de sous-traitance. Enfin, la
déconnexion des STs du 1er groupe de leur environnement local
clustérisé (ou dans une moindre mesure, la déconnexion
d'une forte concentration industrielle spécialisée dans le
secteur) les incitent à adresser les marchés extérieurs.
La sélection par les DOs nécessite entre autres une bonne
réputation, d'où l'intérêt majeur à se
forger une bonne renommée.
En revanche, le second groupe des STs dits
«connectés«, dispose d'une meilleure veille technologique
; ceci s'explique aisément par les interactions qui prennent formes
dans de tels espaces et qui induisent un échange d'information sur les
nouvelles technologies disponibles. De même les externalités
positives disponibles dans le cluster et plus particulièrement la
disponibilité de compétences techniques
qualifiées permet au ST une mise en concurrence des ressources humaines
pour attirer les meilleurs profils. Plus encore, l'adéquation des
besoins des industriels et les formations disposées dans un
environnement territorial attractif est un élément
auto-renforçant les compétences techniques des
employés. Dans de tel espace, les coopérations sont
facilitées. Elles peuvent concerner une large panoplie
d'activités, et il n'est pas rare que les acteurs du cluster mutualisent
les efforts marketing pour une meilleure action commerciale
(labellisation du cluster, missions de prospection, actions commerciales).
En somme, l'hypothèse H4 : «L'amélioration
du degré de clustering aurait un impact positif sur le profil du
ST« semble mitigée, ce qui renvoie à des phases de
clustering des agglomérations industrielles à forte concentration
d'activités aéronautiques situées entre les phases
d'«embryonnaire« à
«croissance«.
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