2.2.3 Etat des lieux des ressources humaines
i) Des mécanismes de recrutement
D'après une étude1
commanditée par la FIMME en 2005, en général, durant la
période d'installation de la filiale, le groupe d'origine maintient une
présence forte au moyen d'expatriés, ensuite un management se met
en place avec des cadres marocains. Après 24 mois, seule la direction
générale demeure occupée par un ou plusieurs cadres
étrangers.
Les ingénieurs et les cadres sont essentiellement
issus des écoles d'ingénieurs marocaines, ayant parfois
complété leur formation par une spécialisation ou des
stages en Europe. Mais, le recrutement des ingénieurs ayant
simultanément un background scientifique et technique et une bonne
connaissance des exigences en matière de qualité relatives
à la norme EN 9100 est difficile. C'est également le cas pour les
techniciens et les opérateurs, même s'ils ont une assez bonne
formation de base.
Cependant, selon une étude2
diligentée par le CRI du Grand Casablanca, les industriels du secteur
recrutent principalement des ouvriers qualifiés et au mieux des
techniciens. La demande en ingénieurs est très limitée
avec un taux d'encadrement de 5% au plus, sauf dans les métiers de
l'ingénierie et de la conception qui peut atteindre 60%
d'ingénieurs pour 40% de techniciens3.
ii) Des difficultés constatées au niveau de la
Formation
Les entreprises du secteur n'ont pas recours à des
modules de l'OFPPT puisque les programmes ne sont pas adaptés
à leurs besoins4.La formation des techniciens et
1 DE CACHARD, Jean. Etude sectorielle de la
sous-traitance aéronautique au Maroc. Casablanca : IXEUS, 2005. 90
p. Rapport final FIMME-PAAP-03.
2 COULON, Dédier et al. Mission
Aéronautique. Casablanca : UPLINE SECURITIES-DECISION Etudes &
Conseil, 2007. 41 p. Rapport UPLINE SECURITIES DECISION-CRI Grand
Casablanca.
3 Par exemple Theuchos.
4 VALLEE, Samuel. La maintenance en pleine
Mutation. Dossier conjoncture de la CFCIM, 2005, no 865, p. 16- 19.
des opérateurs sur les métiers
spécifiques1 est alors réalisée par les
entreprises elles-mêmes2, parfois avec le support des
sociétés mères. La majorité des entreprises ont des
plans de formation et de mise à niveau de leurs opérateurs en
interne. Cependant, sur des processus complexes, le client est souvent
amené à assurer la formation du personnel de son sous-traitant,
soit lors de sessions organisées au Maroc par des intervenants
étrangers, soit par l'envoi de groupes d'opérateurs et
techniciens en Europe, sur les sites clients3.
Ainsi, la formation des compétences est un des
principaux obstacles que devront surmonter les PME-PMI opérant dans le
secteur. Les ressources humaines expérimentées font aussi
défaut, d'où le recours systématique aux expatriés
pour la catégorie des techniciens.
iii) Une adéquation offre/besoin souvent pointée du
doigt
Pour la disponibilité et la qualité de l'offre
par rapport aux différents métiers l'étude du CRI de
Casablanca4 a mis l'accent sur ce qui suit :
· pour la fabrication, la formation de base est
disponible 5 sauf pour la commande numérique, mais sans
culture aéronautique (normes, qualité, délai) avec des
lacunes au niveau de la langue. La formation interne est systématique
;
· pour l'ingénierie, il y a une existence d'une
formation de base mais sans compétences sur les logiciels de CAO et sans
culture métier avec de longues sessions de formation interne ;
· pour la maintenance, la formation est
généralement assurée par les constructeurs via la RAM
Academy mais, elle est en premier lieu destinée à la RAM et les
lauréats demandent des salaires élevés.
Afin de répondre au besoin en ressources humaines
qualifiées, une action prioritaire est menée au niveau de la
formation. La nouvelle formation dispensée à l'AIMAC6
au
1 Chaudronnerie fine, traitements de surface,
mécanique de précision, maintenance aéronautique.
2 A titre d'exemple, la formation d'un technicien de
maintenance de moteurs d'avions issu de l'ISTA pour SMES dure 8 mois à
la «RAM Academy« suivi d'un stage d'application de 12 autres mois.
3 Une solution différente a été
employée par EADS Maroc Aviation qui a recruté des techniciens
spécialisés déjà formés au Maroc, puis les a
envoyé suivre une longue formation de six mois à Bordeaux.
4 COULON, Dédier et al. Mission
Aéronautique. Casablanca : UPLINE SECURITIES-DECISION Etudes &
Conseil, 2007. 41 p. Rapport UPLINE SECURITIES DECISION-CRI Grand
Casablanca.
5 OFPPT, facultés, écoles
privées.
6 Ce pôle de formation sera retenu comme
support pour la mise en place d'autres formations plus spécifiques
(soudage, tôlerie fine, traitement de surface, etc.) pour répondre
à ce besoin fondamental de la branche aéronautique et qui se
positionne en tant que rubrique déterminante dans le coût de
l'investissement initial et d'exploitation.
profit des techniciens et des ingénieurs
aéronautiques, ainsi que la création de l'IMA1,
devront combler le déficit. Les programmes de formation affinés
par l'OFPPT ou par l'ONDA, intégreront dans leurs cursus des options et
modules pédagogiques à même de répondre aux besoins
des professionnels.
En somme, la disponibilité de ressources humaines
qualifiées et ayant le sens de l'engagement et une culture
aéronautique est un souci majeur de la profession2.
iv) Une répartition hétérogène des
effectifs par activité et par région
D'après un rapport d'étude3
mené conjointement entre l'UIMM et le GIMAS réalisé en
2006, la synthèse des informations collectées a permis de
recenser 3300 personnes (emplois directes) réparties dans 14
filières métiers distinctes. La part relative de ces
métiers en termes d'effectif est donnée dans le Graphe 4 :
400
900
800
600
500
300
200
700
100
0
Source : UIMM-GIMAS (2006)4
Graphe 4. Répartition des effectifs 2006 dans les
différentes filières
Dans cette cartographie, 7 filières majoritaires se
dégagent et représentent à elles seules près de 75
% des effectifs actuels du secteur aéronautique Marocain à savoir
: câblage, Middle Management5, composite (Drapage et
assemblage composite), mécatronique, chaudronnerie, ajustage et
usinage.
1 BELOUAS, Aziza. Emergence : automobile et
aéronautique bougent, la vie économique, 2007, no 4400.
2 COULON, Dédier et al. Mission
Aéronautique. Casablanca : UPLINE SECURITIES-DECISION Etudes &
Conseil, 2007. 41 p. Rapport UPLINE SECURITIES DECISION-CRI Grand
Casablanca.
3 UIMM-GIMAS. Secteur de la construction
aéronautique au Maroc : étude de faisabilité d 'un centre
de formation aéronautique. Casablanca : UIMM, 2006. 71 p. Rapport
d'étude UIMM-GIMAS.
4 Op.cit.
5 Le Middle Management regroupe les fonctions
d'encadrement de production et les fonctions supports (Logistique,
Qualité, Méthodes).
Si la répartition des effectifs est inégale
dans les deux pôles industriels de Casablanca et de Tanger, il faut
cependant souligner que, dans les deux régions, la filière
Composite est présente à part égale en termes d'effectif
(voir le Tableau 1).
Tableau 1. Effectifs de la filière composite
dans les 2 régions en 2006
|
Tanger
|
Casablanca
|
Assembleur composite
|
83
|
31,00%
|
185
|
69,00%
|
Drapeur
|
145
|
74,40%
|
50
|
25,60%
|
Total Composite
|
228
|
49,20%
|
235
|
50,80%
|
|
Source : UIMM-GIMAS (2006)1.
|