1.3.7 Martingales et Semimartingales
La notion fondamentale dans l'analyse des processus markoviens
est celle de martingale. Les martingales forment aussi la base de la
théorie moderne d'intégration stochastique. Elles jouent un
rôle important dans l'analyse des chaines markoviennes et des processus
markoviens.
Définition 1.3.19. (Martingale) Un
processus (Xt)t E T adapté est appelé surmartingale si
E[Xt] < oo pour tout t E T et E[Xt | 3s] <
Xs,p.s. pour tout 0 < s < t,s, t E T. X est une
sous-martingale si -X est une surmartingale. On dit que X est une martingale si
elle est à la fois une surmartingale et une sous - martingale.
Un exemple important de martingale est le mouvement brownien.
Théorème 1.3.10. (Convergence des
martingales)
(1) Soit X = (Xt)t>0 est une surmartingale
cád-lág bornée dans £1 ( en particulier si elle est
positive). Alors Xt converge p.s. quand t -+ +oo.
(2) Soit X = (Xt)t>0 est une martingale
cád-lág dans £1 (en particulier si elle est
positive). Alors Xt est uniformément intégrable si et seulement
si Xt converge p.s. et dans £1 quand t -+ +oo vers une variable
aléatoire X+oo. Dans ce cas,X+oo ferme X à droite, i.e. Xt =
E[X+oo | 3t] pour tout t > 0.
Théorème 1.3.11.
(Théorème d'arrêt des martingales) Soit M
=(Mt)tET une martingale càd-làg et u, r deux temps
d'arrêt bornés à valeurs dans T tel que u < r.
Alors
E[Mô | 3ó] =
Mó,p.s.
Corollaire 1.3.11.1. Soit X = (Xt)tET un
processus càd-làg adapté.
(1) X est une martingale si et seulement si pour tout
temps d'arrêt r borné à valeurs dans T, on a
Xô E £1 et
(2) Si X est une martingale et r est un temps
d'arrêt alors le processus arrêt Xô est une
martingale.
Théorème 1.3.12.
[150](Inégalité de Doob) Soit X = (Xt)tET une
sous-martingale positive ou une martingale càd-làg. Alors pour
tout temps d'arrêt
r à valeur dans T,on a :
~
P sup
|{z}
0=t=ô
|
~= E | Xô |
| Xt | = ë ë ,?ë >
0
|
~
E sup
|{z}
0=t=ô
|
~ Xt | =(pp )p
E[ | Xô
|pi,?A> 0 - 1
|
Définition 1.3.20. (Martingale
locale) Soit X un processus càd-làg adapté. On dit que X
est une martingale locale s'il existe une suite de temps d'arrêt
(rn)n=1 telle que lim
|{z}
n?+8
|
rn = +8 p.s. et le processus
arrête Xôn est une
|
martingale pour tout n.
Proposition 1.3.12.1. Soit M =
(Mt)t?T une martingale locale. Supposons
~que E sup |{z}
0=t=ô
|
~| Ms | < +8, ?t
? T. Alors M est une martingale.
|
Proposition 1.3.12.2. Soit M une
martingale locale positive telle que M0 ? £1.
Alors M est une surmartingale.
Proposition 1.3.12.3. Soit M =
(Mt)t?T une martingale locale continue M0 = 0. Alors si M est
à variation finie,M est une indistinguable de 0.
Théorème 1.3.13. (Variation
quadratique)
(1) Soient M = (Mt)t?T et N = (Nt)t?T
deux martingales locales dont l'une des deux est localement bornée (par
exemple continue). Alors il existe un unique processus prévisible
à variation finie, noté hM, Ni, nul en 0, tel
que MN - hM, Ni soit une martingale locale.Cette martingale
locale est continue si M et N le sont. De plus, pour tout t ? T,si 0 =
tn0 = tn1 = ...
= tnkn = t est subdivision de [0, t] de pas
tendant vers 0, on a :
hM, Nit = lim
n?+8
|
Xkn i=k
|
(Mtni -
Mtni-1)(Ntni - Ntni-1),
|
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au sens de la convergence en probabilité. Le
processus hM, Ni est appelé Crochet (Oblique) de M et
N On dira de plus que M et N sont orthogonales si hM, Nh= 0
ce qui signifie que le produit MN est une martingale locale.
(2) Lorsque M = N, le processus hM, Ni,
noté parfois hMi et appelé la variation
quadratique de M ou le processus croissant de M, est croissant. De plus, on a
la relation de polarisation
hM, Ni =
12(hM + N, M + Ni - hM,
Mi - hN, Ni).
L'inégalité suivante est utile pour
définir l'intégrale stochastique.
Proposition 1.3.13.1.
(Inégalité de Kunita - Watanabe) Soient M et N deux
martingales locales continues et á, 3 deux processus mesurables sur
T×I muni de la tribu produit /3(T) ? F. Alors,
on a pour tout t ? T :
f t ( f t )
0hásih/3sid
| hM, Nis = 0 á2
sdhM, Nis ment.
|
2 ( f t
1 )
0 /32 sdhM,
Nis
|
1
2
|
, presque sûre-
|
L'inégalité fondamentale suivante pour les
martingales (locales) sera très utile lorsqu'on s'intéressera aux
martingales locales définies par des intégrales stochastiques
pour lesquelles on arrive souvent en pratique à calculer la variation
quadratique.
Théorème 1.3.14.
[150](Inégalité de Burkholder - Davis - Gundy) Pour
tout p > 0, il existe des constantes positives cp et Cp
telles que pour toute martingale locale continue M = (Mt)tET et
tout temps d'arrêt r à valeurs dans T,on
a
[ ]
p
cpE hMi ô 2
=E[sup
|{z}
0<t<ô
[ ]
p
| Mt |]p = CpE hMi
ô 2
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Proposition 1.3.14.1. (Martingale de
carré intégrable) Soit M = (Mt)t?T une martingale locale
continue. Alors M est une martingale de carré intégrable si et
seulement si E[hMit] < +8 pour tout t ?
T. Dans ce cas,
M2 - hMi est une martingale continue et
si M0 = 0, on a :
E[hMiT].
E[M2 t ] = E[hMit],
?t ? T. De plus, M est bornée dans
£2 si et seulement si
E[hMit] < +8 et dans ce cas : E[M2
T] =
L'espace H2 c muni du produit scalaire (M,
N)H2 c = E[hMiT] est un
espace de Hilbert.
Le théorème suivant est connu sous le nom de
théorème de décomposition de Doob-Meyer des
surmartingales.
Théorème 1.3.15.
(Décomposition de Doob - Meyer) Soit X une surmar-tingale
càd - làg. Alors X admet une décomposition unique
de la forme
X = X0 + M - A (1.2)
où M est une martingale locale
càd-làg nulle en 0 et A est un processus prévisible
croissant et nul en 0. Si X est positif, alors A est intégrable,i.e.
E[AT] < +8, où AT = limt~T
At p.s.
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Définition 1.3.21. Une semimartingale
est un processus càd - làg adapté X admettant une
décomposition de la forme
X = X0 + M - A (1.3)
où M est une martingale locale càd - làg
nulle en 0 et A est un processus prévisible croissant et nul en 0. Si X
est positif, alors A est intégrable,i.e.
Théorème 1.3.16.
(Théorème de Girsanov)[Pham [150],p.22] Soit Q
« p et Z son processus de densité martingale. On suppose que Z est
continu. Soit M une martingale locale continue. Alors le processus
Z 1
MQ = M - Z d(M, Z(
est une Q-martingalelocalecontinue De plus, si N est une
martingale locale continue, on a
(MQ, ZQ(= (M, Z(
Si on a de plus Q ti P, i.e.,Z est strictement positif
presque sûrement, alors il existe une unique martingale locale continue L
nulle en t = 0, telle que :
1
Zt = exp(Lt - 2(L, L)t) =: Et(L), t E 7r, p.s. et
L est donné par
t1
Lt = f Z3 dZ3, t E r, p.s.
La Q - martingale locale MQ s'écrit alors
aussi
MQ = M - (M,L(.
Dans le cas d'un mouvement brownien, on a le résultat
important suivant.
Théorème 1.3.17. (Cameron -
Martin)[150] Soit W un mouvement brownien. Soit Q ti P de processus de
densité martingale
dQ
dP |Ft = Et(L),
où L est une martingale locale continue. Alors le
processus
WQ = W - (W,L(.
est un Q - mouvement brownien.
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Il est important d'avoir des conditions assurant que
(L) soit une martingale.
Proposition 1.3.17.1. (Condition de
Novikov)[150] Soit L une martingale locale continue avec L0 = 0 telle
que
E[exp(1 2hW,Lh
T )] < +8.
Alors L est une martingale uniformément
intégrable avec E[exp(L T
2
|
)] < +8
|
et (L). est une martingale
uniformément intégrable.
Définition 1.3.22. (Le pont brownien)
Soit {X(t) : t 0} un mouvement brownien
standard. Le processus {Y (t) : 0 6 t 6
1brownien.}, où Y (t) :=
X(t)tX(t) est appelé pont
brownien.
Presque toute trajectoire de ce pont est une courbe continue sur
[0, 1] passant par les points (0, 0) et (1, 0)
Propriété 1.3.1. Les fonctions
d'espérance et des variances - covariances du pont brownien sont
données par:
(a) E[Y (t)] = 0 0 6 t 6 1
;
(b) cov(Y (s),Y
(t)) = s(1 - t)(0 6 s 6 t 6 1)
Proposition 1.3.17.2. Soient
{X(t) : t 0} un mouvement brownien
standard et 0 < t1 < ... < tn
< 1 une suite de nombres. Alors la loi de
(X(t1),...., X(tn)),
conditionnelle à {X(1) = 0} suit la loi normale
N(0, F')
En particulier, pour 0 < s < 1, la loi de
X(s) conditionnelle à {X(1) = 0} \/est la loi
normale N(0, s(1 - s).
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